Je n’y suis pas allé cette année vu le traitement de bétail entassé que les organisateurs avaient réservé l’an dernier à la piétaille. La vente ne m’a pas manqué, c’est toujours un peu lassant et surtout depuis le grand show de Lucchini ses successeurs sont riquiqui et tombent dans une surenchère qui n’est pas à la hauteur d’une vente de charité. Ça sent le biseness à plein nez.
Moi ce que j’aimais le jour de la vente c’était la conférence de presse salle des pôvres. On s’y gelait gentiment les glaouis mais on se réchauffait en écoutant Louis-Fabrice Latour officier au pupitre, virtuose, négociant jusqu’au bout de ses analyses, un vrai bourguignon, dévidant des chiffres, des hausses, des baisses, des pays, des pourcentages, des millésimes, formant des vœux, des souhaits, cravate style Valls de guingois, du grand art quoi ! Moi qui ne prends jamais de notes j’étais comme à l’opéra et je me sentais capable de restituer la partition de tête comme on dit.
Mais le boss du négoce bourguignon a passé la main à un jeunot, certes plein de promesses, mais un peu trop manager à l’américaine à mon goût. Je n’ai donc aucun regret. Je suis resté au chaud à écrire mes petites chroniques.
Louis-Fabrice loin du pupitre me semble bien songeur sur cette photo.
D’un œil distrait je surveillais les infos sur la vente depuis le compte Twitter de François Desperriers le gentil stakhanoviste bourguignon de l’information, lorsqu’une de mes gorges profondes balançait sur mon mail une bombe : Claude Chevallier, le boss du BIVB montait sur ses grands chevaux, accusait Christie’s d’orchestrer la flambée des prix…
Du lourd quoi !
Et pendant ce temps-là Albéric Bichot faisait le beau auprès d’Adriana après s’être offert le tonneau de charité pour 220 000 euros !
« Cela ressemble à une déclaration de guerre. Moins de 48 heures avant la 154e Ventes des Vins des Hospices de Beaune, Claude Chevalier, le Président du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne, interrogé par Creusot-infos et Le Parisien / Aujourd’hui en France, a décidé de mettre le feu : «Je sais que je ne vais pas me faire que des amis, mais ce n'est pas grave, j'assume...»
Depuis quelques années, les prix des pièces mises aux enchères, ont flambé de façon irraisonnée. Une flambée des prix constatée depuis l’ouverture sur le monde que la maison Christie’s a offert, il est vrai, à la vente des vins des Hospices.
Les négociants et les professionnels du vin bourguignon ont perdu la main. De 2009 à 2013 le prix moyen d’une pièce a plus que doublé, en passant de 6189 euros à 12.868 euros l’année dernière. +100% en quatre ans, cela ne peut pas se justifier de façon rationnelle et certainement pas au nom de la qualité.
Alors, jusqu’à quand les prix vont-ils continuer de flamber ? C’est la question que se posent les membres de l’interprofession et les négociants un peu dépités par des années d’augmentation.
«Trop c’est trop» s’alarme Claude Chevalier le président du BIVB (bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne). «Dimanche on attend de la stabilité au niveau des cours, si on ne veut pas affoler les marchés», déclare-t-il tout d’abord, interrogé par nos soins. Un discours en forme de refrain car répété tous les ans. »
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Le torchon brûle ! « On n’est donc pas loin du divorce entre l’interprofession et la maison Christie’s »
«Il faudra sans doute arriver à deux ventes. Une privée ouverte au monde entier et à toutes les enchères même les plus folles. Et une vente publique dans le respect des traditions» déclare Claude Chevallier.
Pour un non-initié il peut paraître étrange que l’équivalent de 200 000 bouteilles pèse lourdement sur la fixation des prix de 200 millions de cols. La vente fut très longtemps un signal pour le marché, est-ce toujours le cas ? Certes l’on peut comprendre le souci de « l’interprofession de vouloir envoyer un signe fort de stabilité, en tout cas de fin des hausses. Les déréférencements sont trop nombreux pour que le frein à la hausse des prix soit impératif. » note un fin analyste du marché.
Quant à l’aspect caritatif du produit des ventes la seule bonne question à se poser, hors le tonneau de charité dont le produit de la vente va à des associations, c’est : est-ce que l’hôpital de Beaune en tire le meilleur profit pour ses patients ?
Si les Bourguignons ont besoin d’un médiateur le boss du BIVB, et son ange-gardien du négoce Louis-Fabrice Latour, savent où me trouver. Ils me lisent au quotidien. J’ai connu pire situation par le passé. J’attends le coup de fil !
Crédit photos :
© Aurélien Ibanez, Bourgogne Live Production, Creusot-infos et infos-Dijon