Dans le mitan du lit, avec ma chérie d’amour, nous avons vécu la Coupe du Monde sur grand écran, sans chemise, sans pantalon, en picorant et en buvant des canons, loin des fureurs des barons d’une UMP qui semble atteinte du syndrome « équipe de France 2010 ». En effet tous les ténors du parti semblent n’avoir qu’une seule idée en tête : trouver la « taupe » à l’origine des fuites dans la presse sur les notes de téléphone de Rachida Dati, les billets d’avion de la femme de Jean-François Copé ou encore certains salaires controversés au siège. Et pendant ce temps-là le très policé académicien Jean-Marie Rouart interviewait pour le compte de Paris-Match notre homme d’affaires à succursales multiples sur ses rapports avec la littérature et l’Histoire, un grand moment de cuistrerie ! link « J’ai toujours été curieux des liens que les grands responsables politiques entretenaient avec la littérature, qui occupe une place un peu démesurée dans ma vie. Non pas pour mesurer leur niveau de culture, ce qui, entre nous, m’importe peu – on n’est plus en classe –, mais plutôt parce qu’à travers les livres qu’ils lisaient ils me livraient une vérité souvent plus large que leurs discours politiques. C’est ainsi que François Mitterrand, en février 1978, à un mois des élections législatives, avait souhaité s’entretenir avec moi. Là aussi c’était pour parler de littérature. Nous passâmes une délicieuse journée, à Château-Chinon et dans la campagne couverte de neige, en discussions sur les mérites respectifs du style de Drieu la Rochelle, de Chardonne et de Paul Morand. Publié dans « Le Quotidien de Paris » sous un titre un peu emphatique, « Un homme libre aux portes de la légende », puis dans mon livre « Mes fauves », cet entretien se poursuivit à plusieurs reprises au restaurant Dodin-Bouffant avant son élection. Puis à l’Elysée où une discussion sur André Malraux sonna le glas de notre idylle. »
Enchaînement étrange ce vendredi matin, Yann Andréa, le dernier compagnon de Marguerite Duras vient de s'éteindre. « Confident, éditeur de ses dernières œuvres, veilleur et protecteur de ses dernières années, il était cette figure masculine frêle qui gardait la demeure de Duras. Après sa mort, il devint son exécuteur testamentaire et un écrivain discret. Cette relation singulière d'une femme vieillissante avec ce jeune homosexuel est éclairée par cette lettre hystérique où Duras oscille plus que jamais entre l'amour et la douleur. »
23 décembre 1980
Yann, C'est donc fini. Je t'aime encore. Je vais tout faire pour t'oublier. J'espère y parvenir. Je t'ai aimé follement. J'ai cru que tu m'aimais. Je l'ai cru. Le seul facteur positif, j'espère, me fera me détacher tout à fait de toi c'est celui-là, ce fait que j'ai construit l'histoire d'amour toute seule. Je crois que tu m'aimes toi aussi mais pas d'amour, je crois que tu ne peux pas contenir l'amour, il sort de toi, il s'écoule de toi comme d'un contenant percé. Ceux qui n'ont pas vécu avec toi ne peuvent pas le savoir. J'ai aperçu quelque chose de ça lors de la première scène à Deauville. - Je me suis dit : mais avec qui je suis ? Et puis tu as pleuré et ça a été colmaté. Mais je n'ai pas oublié cet effroi. Je voudrais que tu saches ceci ; ce n'est pas parce que tu dragues et que tu en passes par le cérémonial pitoyable des pédés que je te quitte.
Tout serait possible, tout si tu étais capable d'aimer. Je dis bien : capable d'aimer comme on dirait capable de marcher. Le fait que tu ne parles jamais, ce qui m'a tellement frappée, vient de ça aussi, de ce manque à dire, d'avoir à dire. Peut-être est-ce un retard seulement, je l'espère. Tu n'es même pas méchant. Je suis beaucoup plus méchante que toi. Mais j'ai en moi, dans le même temps, l'amour, cette disposition particulière irremplaçable de l'amour. Tu ne l'as pas. Tu es déserté de ça. Je vais essayer de te trouver un travail à Paris ou ailleurs, un travail qui te convient. Je veux bien te louer une chambre à Caen où tu as tes vrais amis, [...] ceux qui te connaissent depuis toujours, qui ne peuvent plus vivre ce leurre de l'été 80 à Trouville vécu par moi. Je ne te laisserai pas tomber. Je t'aiderai. Mais je veux me tenir à l'abri de cette aridité qui sort de toi et qui est carcérale, intolérable, épouvantable. Je ne sais pas de quoi elle procède, je ne peux pas la décrire, sauf en ceci : qu'elle est un creux, en manque, en vide à côté de quoi ma méchanceté par exemple, est une prairie, un printemps. Vivre avec toi, à côté de toi, non, c'est impossible.
Tu m'as écrit pendant des années justement parce que j'échappais à cette indécence d'exister. Je t'aime Yann. C'est terrible. Mais je préfère encore être à t'aimer qu'à ne pas t'aimer. Je voudrais que tu saches ce que c'est. Quel été, quelle illusion, que c'était merveilleux, ça ne pouvait pas continuer, ce n'était pas possible, seules les erreurs peuvent prendre cette plénitude. Je ne sais pas quoi faire de la vie qui me reste à vivre, très peu d'années. Le crime c'était ça : de me faire croire qu'on pouvait encore m'aimer. En retour de ce crime il n'y a rien. S'il arrive que j'aie le courage de me tuer je te le ferai savoir. Le seul empêchement est encore mon enfant.
Je t'aime
Marguerite.
Le dernier mot restant bien évidemment à notre ex-président «L’amour et l’art sont les deux seuls domaines où il n’y a pas de progrès.» Y’ a des jours où je me dis que le petit Nicolas devrait prendre exemple sur Jean-Louis Borloo : se reconvertir en président de club de football, le PSG lui tend les bras…