C’est l’été, le teint hâlé link, les pieds en éventail, le sourire aux lèvres, pour faire plaisir à mes jolies copines je fais mon coming out : oui j’avoue sans honte mon addiction totale au café ; oui, chaque jour que Dieu fait la petite cerise torréfiée me donne du plaisir ; oui sitôt sorti de la ouate du sommeil seul son entêtant parfum me fait monter au ciel ; oui sans sa volupté ma journée serait une morne plaine ; oui je l’aime !
Mais attention aux faux-amis, le Coffea Arabica, nom donné par Linné à la première espèce connue de Caféier, n’est pas originaire de l’Arabie. Pas plus qu’aucune autre espèce Coffea utilisée de nos jours n’a été trouvé à l’état sauvage en Asie. Toutes ont pour patrie l’Afrique Tropicale.
Une sultane prenant le café que lui présente une négresse de Carle Van Loo
De Candolle dans l’Origine des plantes cultivées indique que le Coffea Arabica aurait été utilisé de temps immémorial en Abyssinie, selon Shehabeddin Ben, auteur d’un manuscrit arabe du XVe siècle. Elle aurait été introduite dans l’Yémen par les conquérants éthiopiens. Cependant nous ignorons si les Abyssins, dans la haute antiquité, récoltaient dans les forêts ou sur des plantes déjà soumises à la culture, le café qu’ils employaient.
En revanche ce que nous savons c’est qu’ils faisaient une décoction du fruit entier, pulpe et graines bouillies ensemble, ou de la pulpe seule. Notre mode de consommation de la boisson préparée avec des graines torréfiées et pulvérisées est d’origine récente.
« D’après une légende arabe, Cheik-Omar, de l’Yémen, réfugié dans les montagnes pour se soustraire à la persécution, en raison de ses idées religieuses, y aurait découvert l’utilisation du café sous forme de décoction de la pulpe du fruit et de la graine.
Selon une autre légende, syrienne celle-là, le prieur d’un monastère ayant été avisé par un berger d’un état de surexcitation particulier des bêtes de son troupeau, en reconnut pour cause la consommation qu’elles faisaient des fruits d’un arbrisseau, dont il fit prendre ensuite des décoctions à des moines pour les maintenir éveillés pendant les offices de nuit. »
Donc le caféier était inconnu en Arabie et dans les pays voisins de l’Abyssinie, pour preuve les Croisés l’ignorèrent et « le célèbre médecin arabe Ebn Beithar, qui parcourut le nord de l’Afrique et la Syrie, n’en parla pas au début du XIIIe siècle. »
Les Arabes furent les premiers à découvrir le café et avec l’Abyssinie les seuls à pratiquer la culture du Caféier dit « d’Arabie ». Ils en introduisirent la culture à la fin du XVIIe, à Moka, où se centralisa le commerce. Ce sont eux seuls qui approvisionnèrent le marché en graines jusqu’à la fin du XVIIe siècle.
L’arbuste existe encore à l’état sauvage sur les montagnes d’Abyssinie entre 1000 et 2000 mètres d’altitude.
La chaîne de propagation passe par la Perse, l’Égypte, la Syrie… le café pénétra en Europe qu’en 1640 par l’Italie avant de gagner la France via Marseille qui garda pendant longtemps, jusqu’en 1710, le monopole du commerce des fèves. C’est la compagnie de navigation de Saint-Malo qui le rompit en allant s’approvisionner à Moka.
La compagnie des Indes orientales flairant la bonne affaire se livra dès lors au trafic du café en fondant un comptoir à Moka et en essayant de monopoliser le commerce en restreignant la culture à l’Ile de France et à Bourbon.
« Louis XIV dégusta une tasse de café en 1664 ». Son exemple fut suivie mais c’est « vers 1669 qu’un Arménien nommé Pascal établit d’abord à la foire saint6germain, puis quai de l’école, près du Pont-Neuf, à Paris. » qui ouvrit le premier établissement désigné sous le nom de « café », pour la vente de cette boisson ».
Voilà pour l’heure, j’en suis à ma deuxième tasse de café, alors il vous faudra patienter pour savoir comment le Caféier s’est répandu à travers le monde…
à suivre grâce à la formidable source qu'est le livre de Désiré Bois Vigne, café, cacao et d'autres plantes à boire...