Dans la touffeur qui vient de s’abattre soudain sur Paris : + 15° en une journée une expression trottait dans ma tête : « Bien se tenir à table » à propos de la petite bulle de la blogosphère, dite culinaire, à propos des ennuis judicaires d’une chroniqueuse amateur taillant un petit costard à une pizzéria du Féret, Il Giardino link
D’un côté des restaurateurs se plaignant, parfois à juste raison, de l’incivilité, de l’agressivité, du manque de savoir-vivre de beaucoup de clients.
De l’autres, les dits-clients qui, avec les nouveaux moyens de la Toile : réseaux sociaux, blogs ou sites type Tripadvisor peuvent casser du restaurant dans le plus pur anonymat ou une relative impunité.
La réplique de la patronne d’Il Giardino, très en phase avec la juridisation de notre société, a débouché sur un verdict en référé (comme s’il y avait une quelconque urgence à statuer) d’une sévérité incompréhensible.
Effet boomerang immédiat, déchaînement de commentaires négatifs sur Tripadvisor par des gens qui n’ont jamais mis les pieds dans ce restaurant.
Et puis intervint la parution du fameux décret « fait à la maison » où la restauration française dites traditionnelle s’est illustrée en allant quémander auprès des pouvoirs un décret de protection dit « fait à la maison ».link
Illustration d’une double démission, celle des restaurateurs incapables d’assurer leur clientèle de la réalité de leur prestation et celle de leurs clients qui très souvent revendiquent tout et son contraire : le pas cher pour un repas qui ne peut-être que low-cost.
Bref, bien se tenir à table est une façon pour moi d’exprimer de 2 manières le savoir-vivre : la politesse et le bien-vivre.
Comme l’ami Charlier je vais au restaurant pour le plaisir et je ne débarque pas n’importe où n’importe comment, je choisis.
Un point constant sur cet espace de liberté, aussi bien pour les vins que pour la table lorsque je n’aime pas je n’en parle pas. À quoi bon, ce ne serait que mon point de vue, je ne suis pas un critique, un expert, mais un simple chroniqueur.
Quand j’aime alors je vous le dis.
Dans le même temps le magasine le POINT de cette semaine titrait : Les Mal Élevés.
Je l’ai acheté et je vous livre quelques réponses de Michel Onfray :
- Le triomphe du chacun-pour-soi serait-il le dernier avatar du libéralisme sauvage ?
« La fin de tout ce qui faisait communauté (la religion avec le judéo-christianisme et la politique avec les idéaux marxistes) a laissé place au nihilisme d’une époque dans laquelle dans laquelle, en effet, l’argent fait la loi. Le libéralisme, en tant qu’il suppose les pleins pouvoirs du marché, a substitué des « valeurs » aux valeurs anciennes : l’idéal se trouve moins dans le prêtre ou dans le militant que dans l’égotiste, qui se permet tout »
- L’homme n’a jamais réussi qu’en coopérant ; la loi du chacun-pour-soi signe-t-elle la fin de l’humanité ?
« Il y a les sauvages, les barbares, les égoïstes, les brutes qui sont seuls au monde et chosifient tous ceux qu’ils approchent. Puis il y a les hédonistes, les altruistes, les généreux, les prodigues qui veulent transformer en fête toute relation avec autrui. Les premiers sont plus nombreux que les seconds, bien sûr. Et la brutalité l’emporte toujours quand elle est en compétition avec la gentillesse – Qui est à mes yeux vertu cardinale et première. »
La chaussée parisienne que j'arpente sur ma flèche d'argent en est la plus convaincante des démonstrations du triomphe de la brutalité...