En ce temps de surendettement où le grand public découvre la dette souveraine placée sur les fameux marchés financiers alors qu’autrefois c’était le bas de laine des rentiers qui se plaçait en Bons du Trésor pour la financer, je trouve que le langage dans l’univers du vin est un grand emprunteur. L’analogie qui est un rapport de ressemblance partielle et non essentielle entre deux choses, est la règle. Nous nageons donc dans l’approximation, la métaphore, l’association, la similitude… Bien sûr ça laisse la porte ouverte à la poésie, à la fantaisie, aux figures libres et souvent au n’importe quoi.
Ainsi certains se réfèrent au profil d’un vin. Qu’est-ce donc : son profil aromatique, gustatif, organoleptique, sensoriel ? Je ne sais mais l’analogie ici se réfèrerait soit au profilage de type criminel ou à celui que les militaires se servaient au temps des centres de sélection pour le service militaire. Sinon, le langage ne pourrait être que celui d’une fiche analytique fraichement sortie d’un laboratoire d’œnologie. Alors rien que pour voir j’ai « renseigné » sur Google : profil d’un vin. Et voilà ce que j’ai trouvé en seconde position. C’est titré : le profil d’un vin et c’est sur le site d’un vigneron. Je vous le livre.
« ll est des terroirs comme des instruments de musique. Suivant l’interprète, la partition, la salle de concert,… le résultat obtenu, le son qui en sortira, sera différent. Une question de style que l’on retrouve également dans le vin. Ainsi, si le terroir est le même, nos deux vins rouges, les cuvées A et B, proposent chacun une façon différente d’appréhender l’AOC C...
Le travail sur les parcelles de la cuvée A, de par sa précision, constitue une volonté d’avancer vers l’excellence, vers la recherche d’une quintessence aromatique. La vendange en vert, le passage sur table de tri, la longue macération sont des exemples de méthodes employées pour tirer le meilleur de nos vignes. Cette cuvée se marie parfaitement avec des plats élaborés, des viandes en sauce ou un morceau de gibier.
La cuvée B se rapprocherait d’une mélodie accrocheuse qui garde en elle la même ligne de conduite, le même air de famille, la même « façon de jouer ». Une macération volontairement plus courte permet d’obtenir un vin alliant fruit et fraicheur. Il permet de découvrir notre terroir avec gourmandise. Pourquoi ne pas l’associer avec une belle entrecôte ?
Ces deux cuvées du L… permettent ainsi au dégustateur d’apprécier des essences et des arômes propres à notre terroir. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à les déguster… »
Pas très convaincant tout ça, sauf que la seule référence précise, incontestable, est la main du vigneron. Alors comme je suis un esprit facétieux je vous propose de substituer à la notion floue de profil du vin celui de profil du vigneron.
Démonstration ci-dessous à partir d’une étiquette :
- J’ai masqué le nom du vigneron qui apparaît au bas de l’étiquette.
- Prix du flacon 8,84€ au Franprix
- Si ça vous chante vous pouvez bien sûr mettre un prénom et un nom sur ce profil de vigneron connu en Beaujolais.
- Un indice pour les profiler viniques : j’ai chroniqué sur lui…
- Pour la dégustation j’attends de me retrouver avec des spécialistes du profil d’un vin.