Ce matin en me levant je me suis dit mon vieux il serait peut-être temps de te mettre au clavier pour écrire une petite bafouille au Père Noël. Quand j’écris qu’il serait temps je veux dire par là que je ne l’ai jamais fait en 65 ans. La raison de cette abstention est simple comme ma Vendée crottée : le Père Noël n’y était pas une ordure mais il n’avait pas le droit de cité. S’y référer eut été un péché. Ce vieux joufflu, barbu, ridicule avec son habit rouge, sa hotte et son traineau tiré par des rennes, c’était une invention des gens des villes et la ville c’était un lieu de perdition.
Nous en Vendée, vu qu’on baignait dans l’eau bénite, on en tenait pour le Petit Jésus, fils de Dieu en passant par Marie et Joseph. Logique car le 25 décembre était le jour de sa naissance dans une crèche. Le curé nous disait en chaire qu’il venait sur terre pour nous sauver et j’ai toujours eu du mal à comprendre pourquoi tous les ans il nous apportait des jouets à nous les enfants alors qu’il aurait mieux fait de s’occuper des grands qui passaient leur temps à s’engueuler ou à s’étriper dans tous les bouts de la Terre.
Ceci écrit j’étais bien content de ce qu’officiellement il déposait dans mes souliers, des paquets qui venaient des Grands Magasins Decré. Je le trouvais bien organisé ce Petit Jésus pour un bébé à demi-nu.
J’ai bien aimé être un enfant car mes parents m’ont laissé vivre ma vie d’enfant.
Je ne sais si j’ai gardé mon cœur d’enfant mais en ce matin pluvieux, qui ne ressemble en rien à une vraie veille de Noël, bien glacée qui appelle une belle flambée dans la cheminée, j’ai envie de croire au Père Noël en lui envoyant une petite supplique pour qu’il m’apporte une petite lueur d’espoir face à la mainmise des nouvelles forces de police : celles de nos vies.
Tout le monde se dit soucieux de nos vies, nous sommes officiellement entourés, j’écrirais même cernés de règles et d’interdits en tout genre. Dans peu de temps je suis persuadé qu’à la naissance chaque gniard se verra doté d’un permis à points pour le préserver de sa propre liberté.
J’exagère à peine.
Pour preuve l’annonce de la fin des feux de cheminée dès 2015 en Ile-de-France
L’info n’est pas neuve elle date du début 2013 mais elle m’avait échappé.
Le Parisien écrivait le 20 janvier 2013
« Vous aimez les longues veillées d'hiver autour d'un feu de cheminée? Profitez-en, ça ne va pas durer! Un arrêté préfectoral pourrait en interdire l'usage dès 2015 en Ile-de-France. Une partie des 125000 foyers ouverts de la région situés dans les zones urbaines pourraient être définitivement condamnés, sauf à les transformer en inserts et autres poêles à bois. Face au tollé provoqué par cette future mesure, les communes rurales de grande couronne ont obtenu d'en être exemptées.
Un problème majeur à Athènes et Pékin Pourquoi une mesure aussi radicale? Simplement parce que notre bonne vieille cheminée classique, en apparence si écolo, émet, selon Airparif, l'organisme francilien chargé de la surveillance de l'air, pratiquement autant de particules fines dans l'atmosphère que… le pot d'échappement des voitures !
Selon Martial Saddier, député UMP de Haute-Savoie et président du Conseil national de l'air, cette décision est inéluctable si l'on veut assainir l'air que l'on respire : « A l'échelle d'une année, rien qu'en Ile-de-France, les cheminées à foyer ouvert sont responsables de 28% des émissions de particules et ce taux monte à 50% en plein hiver. » Le problème touche également les campagnes. « Dans nos vallées de Savoie, reprend l'élu, la moitié des émissions de particules fines sont liées toute l'année aux rejets des cheminées et aux feux de débroussaillement. »
Que les particules fines constituent un réel fléau je suis tout prêt de l’admettre car je suis le premier à en souffrir elles provoquent chez moi des crises d’asthme. Mais, au-delà des statistiques (Selon une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) parue en 2012, ces minuscules grains (inférieurs à 10 microns) en suspension dans l'air (toutes origines confondues) sont en effet responsables de 42000 décès chaque année en France! » je ne vois pas au nom de quoi on ouvrirait la chasse aux foyers ouverts en laissant les moteurs diesel nous asperger tout au long de l’année.
Imaginez-vous une police des cheminées passant à l'heure du laitier!
Arrêtez-les, ils sont devenus fous ! C’est l’éternelle histoire de la paille et de la poutre.
Donc, cher Père Noël, toi pour qui la cheminée est indispensable à l’accomplissement de ta tâche, je te demande de m’aider à convaincre mes concitoyens que la bûche de Noël est le dernier rempart contre le totalitarisme des hygiénistes.
Et pendant ce temps-là dans sa boutique éphémère des 24-39 boulevard Pasteur (Paris 15e), à la sortie du métro Pasteur (lignes 6 et 12) alimentée par des gros camions diesel PIERRE HERMÉ débite ses bûches de Noël.
La petit « Baba Noël », pour 6 personnes, ne coûte que la modique somme de 80€ « Mais, si tu n’as pas acheté une bûche de Pierre Hermé pour tes 50 ans c’est que t’as vraiment raté ta vie… »
Je suis vraiment très vénère cher vieux père Noël, et je dois t’avouer que tout ça fini vraiment par me faire chier. Je sais que maman ne serait pas du tout contente de m’entendre proférer des gros mots, mais il va bien falloir qu’un jour nous les citoyens nous puissions montrer, à ceux qui veulent faire notre bonheur à notre place, de quel bois nous nous chauffons.
Allez, fait attention à tes rennes qui doivent produire du méthane et ce n’est pas bon pour l’effet de serre. Tu ferais mieux de distribuer tes jouets à Paris en Auto-Lib…
Lire à propos du Père Noël une chronique de 2011 « Le Père Noël supplicié : brûlé devant des enfants des patronages sur le parvis de la cathédrale de Dijon, le député-maire s’est abstenu de prendre parti. » link