Je suis de parti pris : OUI ! Je l’assume…
Je suis groupie : NON ! Ce n’est pas le genre de la maison.
Je suis simplement fier et heureux d’avoir travaillé aux côtés d’un homme politique, homme d’État, serviteur du bien public, qui a de 81 ans Michel Rocard : un vieux monsieur plein d’allant, mais ménage-toi un peu Michel, moi et quelques autres nous tenons à te garder le plus longtemps possible.
Oui tu es un vieil homme politique, c’est même toi qui date tes débuts : « Le 12 mai 1945, j’ai décidé que je ferais de la politique. À l’époque, je n’avais pas 15 ans et la Seconde Guerre mondiale venait juste de se terminer. »
Je fais le compte : 66 ans de vie politique, c’est un beau bail !
Le pourquoi de cet engagement précoce ?
Michel est « éclaireur unioniste », scout protestant, et chaque dimanche en compagnie d’une vingtaine de ses camarades il se rendait « dans les splendides forêts proches de Paris pour apprendre à connaître la nature et pratiquer divers jeux collectifs. » Mais « Un jour, au cours du printemps 1945, notre chef de troupe nous apprit que la prochaine activité ne serait pas une balade en forêt, mais l’accueil de « déportés », des hommes et des femmes revenus de l’horreur. La guerre finissant, on commençait, en effet, à mesurer la nature et l’ampleur des abominations commises. »
Un choc terrible
« Plusieurs matins de suite devant quelques grands immeubles parisiens (moi, c’était l’hôtel Lutétia), on devait d’abord attendre le retour des déportés affaiblis, presque incapables de marcher ; puis, il fallait les emmener à l’enregistrement, à la douche, au rasage des barbes ; enfin, nous étions chargés de les accompagner jusqu’aux lieux de leur logements provisoires
Une fois les cars arrivés, nous les jeunes avons découvert avec effarement des hommes été des femmes hagards portant encore des tenues à rayures, l’uniforme des camps. Ils donnaient une impression de totale désolation. Chez certains, dont les yeux vitreux se perdaient nulle part, on ne percevait plus de regard. Beaucoup éprouvait beaucoup de difficultés à parler, à se faire comprendre. Je me souviens qu’il fallait les aider en les tenant par le bras d’un appui très ferme, et jamais je n’ai oublié ces terribles images. »
Tout ça pour dire que Michel Rocard vient d’écrire un petit livre à l’attention des jeunes : La politique ça vous regarde chez gallimard jeunesse giboulées 10€. Si ça vous dit de l’offrir à une jeune pousse à la veille d’une nouvelle échéance, je vous le recommande.
Michel à deux profondes certitudes :
- Il n’y a de politique efficace que compétente. La gestion des affaires publiques est très difficile. Les décisions à prendre sont complexes, variées, fréquemment entremêlées d’intérêts contradictoires. Et, si la politique relève sans doute de la vocation, elle ne saurait se pratiquer sans l’usage de nombreux savoirs, qu’il faut acquérir comme on apprend un métier.
- L’exercice du métier politique suppose de constamment faire des choix qui, en règle générale, ont une forte dimension morale y compris pour des questions relevant de la vie quotidienne. Bien entendu, l’information détaillée et la réflexion permettent de décider en fonction de différents critères. Mais la morale devrait toujours rester le socle déterminant de l’action.
Faute de respecter ces deux principes – la compétence et un code éthique –, la politique devient aveugle et peut vite dériver vers des chemins dangereux.
Aujourd’hui, nous ne vivons plus chez nous daans une situation dramatique similaire à celle d’une guerre avec son lot de souffrances criantes. Mais nous traversons une période de crise indéniable, en particulier financière, qui laisse planer beaucoup de peur et d’incertitudes. Du coup, même s’il existe des mouvements de protestation (par exemple, chez les jeunes, celui des « indignés »), l’envie de faire de la politique et de s’y engager pleinement diminue. Ou alors, trop de gens la conçoivent comme un moyen de promotion, voire comme une possibilité de se procurer de l’argent facile. Ce n’est pas admissible. »
Meilleure santé à toi Michel, fais ça pour ceux qui te sont chers, un peu aussi pour moi et pour tous ceux qui pensent que ta voix porte une parole d’homme de bonne volonté...