Pour les petits nouveaux :le Taulier, c’est bibi, le patron de Vin&Cie, ici, et le Crémier c’est le Taulier, donc toujours bibi, revêtu de ses habits de Perette au pot au lait qui vous confiait ces derniers temps ses angoisses pour ceux qui traient des vaches au fin fond de nos campagnes. Bref, une double vie, le jour dans les prés, la nuit au clavier, avec bien sûr des intermèdes pour aller voir défiler « les compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. » Une vie bien remplie donc.
Revenons à nos moutons, veaux, vaches, cochons, couvées pour rappeler les noms d’oiseaux dont les zélateurs encenseurs du grand Bob nous ont affublé, le sieur Vincent Pousson et moi-même, ainsi que Jim Budd avons déclenché ce qui allait devenir le Jumillagate link Nous n’étions que des petits blogueurs de merde venant poser leurs sales paluches sur les beaux habits de deux grands dégustateurs du grand Bob : Pancho Campo et Jay Miller sévissant en Espagne. L’e-mail que nous diffusions n’était qu’une illusion d’optique, nous pataugions dans le virtuel sauf que c’était plutôt dans le qualificatif qu’on nous accolait que nous salissions nos belles mains. Pourtant nous portions des gants et nous avons relevé le gant. Bien faire et laisser dire.
Résultat : une semaine après notre première révélation qui me valait du papier bleu, puis toute une série d’investigations de Jim Budd et la pugnacité légendaire du sieur Pousson, Jay Miller prenait piteusement la petite porte link Bien évidemment arrivèrent après la bataille les journalistes de la vingt-cinquième heure, grattant plutôt en anglais, qui en rajoutaient des couches pour se rattraper. Dur à avaler pour eux que ce fut deux frenchies qui aient fait le sale boulot. Ben oui les donneurs de leçon il faut savoir être beau joueur. Nous qui ne sommes pas des appointés nous nous sommes contentés de mettre à jour la vérité. Même pas pour la gloire rien que pour le sentiment du devoir accompli.
Épilogue : « J'ai une part de responsabilité dans ce qu'il s'est passé avec Pancho Campo et Jay Miller en Espagne. Nous n'avons pas encore vu le rapport d'enquête définitif de nos avocats mais, au bout du compte, je pense que je n'ai pas encadré Jay Miller comme j'aurais dû le faire. J'aurais dû davantage suivre ses dossiers et lui poser plus de questions sur ce qu'il faisait. Rien de ce qui a été fait n’était illégal, mais certaines choses qui ont été faites étaient juste… Je suppose que la perception est proche de la réalité. J'aurais dû examiner minutieusement la façon dont il agissait, bien plus que je ne l'ai fait. »
Signé Robert Parker
Sur ce doux satisfecit du Taulier je passe la parole au crémier.
Je suis enfin arrivé au bout de ma pelote, même si sur le chantier il va me falloir remettre encore mon ouvrage, mes 130 éleveurs sont placés, des gros camions viendront ramasser leur lait. Qu’ai-je fait pour qu’il en soit ainsi ? Pour dire le vrai pas grand-chose, si ce n’est tenter de comprendre, d’écouter, de ne jamais me laisser aller à l’humeur, gérer le temps. Cependant, si ce dossier est bouclé, sans être totalement refermé, c’est que j’ai croisé chemin faisant des personnes qui m’ont accordé leur confiance. Je ne vais pas les citer ici, afin de ne pas les compromettre, mais sans eux je n’aurais pu pendant 9 mois mener cette mission à bien. La morale qui conclut la fable de La Fontaine Le Lion et le Rat : patience et longueur de temps valent mieux que force ni que rage fut mon seul viatique.
Que voulez-vous, tout au long de ma vie professionnelle très atypique j’ai toujours cru en ma bonne étoile, sans pour autant me croire pourvu de grands talents. Ce qui m’a toujours passionné c’est la pâte humaine, elle est parfois lourde, bien difficile à faire lever, mais dans nos sociétés, où tous les liens s’effilochent, quoi de plus important que ce travail de remaillage. Avoir au petit matin, au bout de son téléphone, un éleveur de l’Aveyron, du Tarn ou du Lot&Garonne, qui vient s’enquérir de là où en est le dossier et que vous n’avez que des bonnes paroles à lui délivrer, faute de pouvoir lui dire que son sort dépend de chiffres : bilan laitier d’entreprise, zone de collecte, capacité de transformation… ou de stratégies nationales de grands groupes… exige d’être attentif, de trouver les mots qu’il faut pour ne pas faire trop espérer sans désespérer.
Dans ce dossier où une grande entreprise espagnole Leche-Pascual était venue il y a plus de 20 ans débaucher des producteurs dans le Grand-Sud-Ouest, mettant en difficultés certains responsables d’usines, il y avait bien sûr beaucoup de vieilles rancœurs, des comptes non soldés. J’écrivais récemment à l’ensemble des parties en présence « Comme toujours dans l’histoire des hommes le passé est mis en avant pour justifier de la part de certains un quelconque engagement (…) Tout en reconnaissant à chacun sa part de responsabilité, et sans avancer un quelconque jugement ma mission consistait bien à faire en sorte que ce soient les éléments d’avenir qui puissent prévaloir sur ceux du passé. » Déminer, écouter, comprendre sans forcément céder à la facilité du binaire, tenter de bien faire et laisser dire. Certains vont peut-être m’accuser de sombrer dans l’autosatisfaction mais je me contenterai de leur répondre que j’ai seulement le sentiment du devoir accompli et ça me suffit.
Pour la fin un petit clin d’œil à ceux qui m’ont aidé : « ce matin sur ma tartine j’ai étendu du beurre Elle&Vire, j’ai ajouté du lait Candia à mon café et j’ai mangé un yaourt Danone… Comprenne qui pourra mais je ne fais pas un Caprice des Dieux de si bon matin. Enfin, à tous ceux qui tapent sur le dos des fonctionnaires je réponds : « pour moi, en Aquitaine et Midi-Pyrénées ils ont répondus : présents ! Ils se sont mobilisés ! Merci à eux. Et rien que pour de rire je dis on se lève tous pour Danette ! Plus sérieusement, moi qui suis né à la politique avec Pierre Mendès-France, je lève aussi mon verre de lait Candia. Le blog du Taulier accueillant le crémier est indemne de toute publicité.