Si les aiguilleurs du ciel ne sont plus en grève j’arriverai mercredi 4 en fin de matinée à Montpellier en Bombardier Canadair Régional Jet de la Compagnie Brit Air colonisée par Air France. Les hautes autorités du vignoble régional n’ont prévu ni tapis rouge, ni collier de fleurs, pour fêter mon grand retour sur le théâtre des opérations. Discrétion donc car le Taulier est ici invité par l’Association Vino Latino qui, comme son nom ne l’indique pas forcément, regroupe « des œnologues et agronomes, sérieux et professionnels » (c’est Vitisphère qui le dit) sur un sujet qu’il adore « Quelle hiérarchisation pour quels vins ? ». Une bonne douzaine d’intervenants dont Philippe Faure-Brac, Michel Chapoutier, Marc Dubernet, Roman Guibert… et c’est bibi qui ouvrira la deuxième partie intitulée : Témoignages de professionnels vers 5 heures de l’après-midi.
Sur le programme, derrière mon patronyme et mon prénom, les organisateurs ont indiqué entre parenthèses : blogueur et rédacteur du rapport. Ma partition, genre figure imposée : Un plan B pour les vins du Languedoc-Roussillon ? me plonge, je l’avoue, dans un abime de perplexité. Sans ironie aucune je me suis dit : « c’est donc qu’il existait un plan A mais je ne l’ai pas trouvé dans le rapport B… » Bon je sais bien qu’avec quelques individus, 6 très précisément, des gens qu’avaient plutôt tendance à faire du vin et à le vendre plutôt que d’être des professionnels de la Profession, nous avons signé un court document, dit note stratégique, baptisé « Cap 2010 le défi des vins français ». De cette note ma mémoire n’a retenu qu’une exhorte : « Agir plutôt que réagir » et la citation d’Henri BERGSON «J’ai toujours voulu que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. » J’ai beaucoup d’admiration pour Bergson qui refusa d’accepter une mesure d’exception en sa faveur lors de l’application des lois raciales de Vichy aux professeurs juifs. Il démissionna de sa chaire au Collège de France et, malade, soutenu par deux amis, alla se faire inscrire comme Juif au commissariat de police.
Pour éclairer ma faible lanterne je me suis de nouveau référé à l’édito de Vitisphère, qu’est tout de même bien plus calé que moi sur le biotope des Languedociens. Qu’écrivait-il à propos de la hiérarchisation : « Regards croisés sur la problématique des vins méditerranéens. « La réflexion des participants ira inévitablement au-delà de la Méditerranée parce qu'elle pose la question de l'organisation, de l'avenir de nos sociétés. Faut-il classer au risque d'exclure? Faut-il hiérarchiser au risque de figer ? » Ouille, ouille, Jacquouille me suis-je dit dans ma petite Ford intérieure : si en plus il me faut délivrer des réflexions personnelles en me référant à l’avenir de nos sociétés ça va être une autre chanson. Que faire ? comme l’écrivait ce « bon » Vladimir Ilitch Oulianov Влади́мир Ильи́ч Улья́но plus connu sous le nom de Lénine Ле́нин. Me laisser aller à ma pente naturelle de danseur mondain et m’en tirer par un show très tango, tango, ou revêtir de nouveau ma tunique de bure de petit rapporteur pour prêcher dans le désert. À l’heure où j’écris je n’ai pas encore tranché. Tout dépendra du résultat des sondages : si les courbes se croisent : j’y va au combat !