Comme vous le savez sans doute je ne suis pas un adepte du métro mais avec la météo pourrie de cet été où les ondées j’ai dû souvent me résoudre à m’engouffrer sous terre. Départ à Saint-Jacques ligne 6, la plus aérienne, sauf dans la partie qui me mène jusqu’à Pasteur où je change pour la 12 dites ligne des péquenots puisqu’elle conduit à la Porte de Versailles qui donne sur le Salon de l’Agriculture. Je m’arrête à Volontaires pour gagner à pied mon splendide bureau du Conseil Général de l’Agriculture et des Espaces Ruraux. La répartition de ceux-ci, les bureaux, ayant été fait en fonction du degré de proximité des individus avec le pouvoir en place, je croupis au premier étage loin de mes chefs qui eux occupent le troisième. À propos de chef je viens d’en toucher un nouveau le 25 juillet, l’ancien partant à la retraite, et c’est un compagnon de route, lui aussi parqué au premier, Bertrand HERVIEU qui a été Président de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) de 1999 à 2003. Avant, entre autre il avait été Conseiller du Ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Jean GLAVANY (1998-1999) ainsi que Conseiller Technique du Ministre de l’Agriculture et de la Pêche Louis LE PENSEC (1997-1998).
Bien évidemment la vie de votre Taulier ne va pas pour autant s’en voir modifié, il va continuer de s’occuper de ses veaux, vaches, cochons, couvée, sans trop se préoccuper de la crémière ou de la fermière, bien que… Mais loin de l’encens du pouvoir, assis sur un strapontin, mon esprit d’escalier vaguait et énumérait sur le plan placé dans la rame le nom des stations : du beau monde Pasteur, D’Estienne d’Orves, Lamarck, du bucolique ND des Champs, de héroïque Solferino, de l’officiel Assemblée Nationale, des classiques Concorde et Madeleine, du canaille Pigalle et puis des noms sous lesquels il me fallait chercher une histoire :
- au sud Corentin Celton, né en 1901 à Ploaré, est un syndicaliste et résistant communiste, fusillé par les nazis à Suresnes, le 29 décembre 1943.( la station se dénommait Petits Ménages et fut baptisé ainsi le 15 octobre 1945)
- au nord Jules Joffrin, né à Troyes, en Champagne, le 16 mars 1846 et mort le 17 septembre 1890, est un homme politique français. En 1889, il se présente face au général Boulanger, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Ce dernier obtient deux mille voix de plus, mais son élection est invalidée. Jules Joffrin, est enfin admis à la Chambre après maintes palabres et une discussion enflammée, il continue à être la cible privilégiée des nationalistes.
- Marx Dormoy est un homme politique français, né le 1er août 1888 à Montluçon (Allier) Socialiste SFIO il consacre principalement ses activités à la lutte contre la Cagoule, laquelle est démantelée à la fin de novembre 1937. Il défend une ligne d'opposition intransigeante face aux régimes fascistes et se prononce contre les accords de Munich. Le 5 avril 1938, lors d'une séance particulièrement houleuse qui se finit en bagarre, et alors que les cris « A bas les Juifs! » se font entendre à l'Assemblée nationale, il rétorque à un député breton antisémite : « Bande de salauds. Et d’abord un Juif vaut bien un Breton !» En juillet 1940, il fait partie des 80 parlementaires refusant de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le 20 septembre 1940, il est suspendu de ses fonctions de maire de Montluçon, puis emprisonné cinq jours plus tard. Il est incarcéré à Pellevoisin, puis à Vals-les-Bains avant d'être mis en résidence surveillée à Montélimar. Assassiné dans la nuit du 25 au 26 juillet 1941 par une bombe à retardement placée sous son lit par d'anciens cagoulards. Inhumé discrètement, il aura le droit à des funérailles solennelles à Montluçon le 9 décembre 1945. Il est cité à l'ordre de la Nation en 1946 et médaillé de la Résistance française avec rosette en 1947.
Ainsi donc, samedi dernier, le soleil étant au rendez-vous je me suis dit je vais pousser jusqu’à Marx Dormoy. J’ai gagné à vélo la station rue du Bac pour m’embarquer dans le tube de la ligne 12. Pas beaucoup de monde mais comme y’a des travaux au bout de la ligne nous nous arrêtons à Jules Joffrin. La RATP nous offre le restant du voyage dans un bus à soufflets qui a les couleurs de l’Afrique. En surface c’est fluide et je débarque à Max Dormoy pour mon reportage en terra incognita. Mes antennes se déploient, ne pas déranger, au loin il y a la Porte de la Chapelle où je n’irai pas me recueillir et pourtant. À l’embouchure de la rue de Torcy j’aperçois sur le rivage : un tonneau. Ça fleure bon le nectar. Je m’engouffre. La boutique se détache de son voisinage par son côté soigné, minimaliste. Le 38 Gourmet j’entre.
Le lieu est très agréable et a un côté café-épicerie, sagement rangé certes mais qui rompt avec la monotonie habituelle des cavistes. Tout au fond un coin de restauration, fermé en août, et un bar. La jeune tenancière me propose de goûter – à l’aveugle – un vin dont elle vient de déboucher une bouteille. J’accepte tout comme un couple de jeunes. Le breuvage est glacé mais garde un beau nez. Je le réchauffe tout en commençant mon inventaire des nectars exposés. Belle collection de vignerons connus du Taulier, grande diversité avec une pointe de favoritisme pour la naturalité. Qu’importe, si les clients sont contents. Je déguste, plus précisément je savoure le nectar : du fruit, de la structure, du début à la fin il se tient bien. Bien en phase avec la météo du jour : désaltérant certes mais pas comme une lettre à la poste, ce vin laisse à la bouche une belle empreinte. C’est Braucol des Plageoles. La demoiselle explique au jeune couple, le cépage, Gaillac, la singularité de ce vin. C’est bien dit. Votre Taulier se remet au boulot : il lui faut choisir !
Sur quelles bases, quels critères : les miens bien sûr qui valent que ce que vaut la façon de faire de votre Taulier : un étrange mélange de sentiments, de souvenirs, du présent qui rejoins la passé…
Volcanique Côtes du Forez rouge 2011 AB O. Verdier J. Logel Marcilly-le-Chatel 42130 8,20€ la raison se trouve ICI modeste contribution au soutien des producteurs de lait de la Fourme de Montbrison (Forez-Fourme)link
Gros Plant du Pays Nantais sur Lie 2010 Domaine de la Bretonnière Bertrand Cormerais Maisdon s/Sèvre 44 690 5,40€ pour la défense d’un vin modeste de mon pays qui vaut, lorsqu’il est élaboré par de bons vignerons, beaucoup mieux que la réputation que lui ont accolé les faiseurs des dites réputation.
IGP Pays de l’Hérault Carignan 2010 Talons Aiguilles L’Ancienne Cordonnerie 10,95€ Yann Le Bouler 34 760 Boujan/Libron pour le fun « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie » et comme j’ai l’esprit d’escalier, je relie ces talons aiguilles à Nathalie CAUMETTES du domaine de l’Ancienne Epicerie, présidente du cru Faugères, et l’une des deux femmes du Comité National de l’INAO. Dans l’Hérault, l’ancien fait du neuf et c’est heureux.
Voilà, mon choix était fait. J’y ajoutai un autre flacon 13€ (il vous faudra attendre une prochaine chronique pour en découvrir l’identité) et une tranche de Friton de porc moulé Laborie. www.maison-laborie.com/ Ensuite pour transporter non butin j’ai acheté au bazar du coin un petit cabas coloré pour 1,50€ puis j’ai repris la navette africaine puis le métro puis mon vélo. Et pendant ce temps-là les autos tournaient sur le périphérique… ainsi va la vie d’un Taulier qui par les fortes chaleurs, comme Tintin au Pays de l’Or Noir, est sujet aux mirages… black is black…
Pour ceux que ça pourrait intéresser un bref rappel de l’historique de la ligne 12 :
La construction de la ligne 12 est proposée à la Ville de Paris par l'ingénieur Berlier. Ce dernier propose de réaliser une ligne tubulaire à grande profondeur à l'image du tube de Londres, à double voie dans deux tunnels parallèles constitués d'une succession d'arceaux métalliques. Cette méthode permet un tracé le plus rectiligne possible, afin de s'affranchir des contraintes de tracé de la voirie et de passer sous les immeubles1. Le Conseil municipal de Paris est tenté par cette expérience. Il accorde le 28 décembre la concession d'une ligne Montmartre - Montparnasse à MM. Berlier et Janicot, la concession prévoit que la construction de la ligne sera à la charge exclusive de la compagnie. Mais dès les premiers sondages, la nature inconsistante du sous-sol parisien, saturé d'eau sous la nappe phréatique, compromet le projet, vu l'impossibilité d'y assembler les tubes métalliques initialement prévus. Établir la ligne à une profondeur encore plus importante devenait excessivement coûteux et rendait la construction des accès bien plus difficile. La ligne est donc finalement établie sous la chaussée, à l'image des lignes de la CMP. Le cahier des charges définitif est ainsi celui du réseau métropolitain existant1. La ligne doit en conséquence se soumettre aux contraintes de la voirie urbaine : elle possède de ce fait un profil particulièrement difficile, avec de nombreuses rampes de 40 ‰ et une multitude de courbes.
28 décembre 1901 : concession d'une ligne Montmartre - Montparnasse à MM. Berlier et Janicot par la Ville de Paris
5 novembre 1910 : inauguration du tronçon Porte de Versailles - Notre-Dame-de-Lorette de la ligne A de la Compagnie Nord-Sud
8 avril 1911 : prolongement au nord à Pigalle
30 octobre 1912 : prolongement au nord à Jules Joffrin
23 août 1916 : prolongement au nord jusqu'à Porte de la Chapelle
1er janvier 1930 : absorption de la Compagnie du Nord-Sud par la CMP
24 mars 1934 : prolongement jusqu'à Mairie d'Issy
30 août 2000 : un déraillement, résultant d'un excès de vitesse, entraîne le renversement d'une voiture à la station Notre-Dame-de-Lorette et occasionne 24 blessés