"Trop d'appellations mon cher René Renou ! " clame le choeur du tout marketing, simplifions, trions, jetons aux orties toute cette épicerie fine pour lui substituer des marques fortes...
Comme Salieri avec Mozart, nos nouveaux convertis au Dieu market sont en retard d'une guerre, la diversité est une richesse dans notre monde mondialisé, ce qu'il faut simplifier c'est l'accès, et là, bien sûr, nos "grandes ombrelles" : Bordeaux, Bourgogne, Côtes-du-Rhône, Beaujolais et autres appellations régionales ont d'énormes efforts à faire pour que le monde des appellations, dont elles sont la base, puisse intéresser les nouveaux arrivants, leur laisser le choix d'un parcours initiatique, leur parler dans la langue d'aujourd'hui, sans se prendre la tête, sans tartiner de la culture comme de la confiture, en cessant de mettre trop de paille dans les sabots, en acceptant de nouveaux codes, en créant de nouveaux liens, en cessant de panthéoniser le vin...
Nos chères têtes blondes ne sont absolument pas rebutées par la complexité : elles bloggent, téléchargent sur internet, font des mini-films sur leurs téléphones portables, se meuvent dans des jeux électroniques où leurs chers parents n'y comprendraient goutte. Ils inventent. Ils cherchent. Repoussent les lignes. Mais il ne faut pas leur faire prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages : ils sont affreusement réalistes ces pagaganini de la puce électronique...
Alors proposons leur de découvrir le vin dans tous ses états, simplement, sans avoir fait Bac+5, l'école de dégustation par correspondance, et ceux qui voudront aller au-delà, se glisser dans la merveilleuse complexité de nos appellations, donnons leur des liens, laissons les respirer, rigoler, casser les codes de notre sacro-sainte boisson, apprécier, être des prescripteurs auprès de leurs amis, sortir le vin de son ghetto d'amateurs éclairés...