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22 août 2007 3 22 /08 /août /2007 00:02

 

Nous rentrons de Balagne via la route de Carghèse, passé Sagone dans la descente vers le pont de la Liamone : un bouchon. Serais-ce une opération de promotion pour les vins corses dont l'affiche proclame : " que nous allons aimer les bouchons..." ? Je plaisante, bien sûr. Un accident, alors ? Possible, eu égard à la propension locale à doubler en tout lieu sans visibilité. Bizarre, ici c'est une ligne droite. Nous attendons sous le cagnard et puis, après quelques minutes de sur-place, nous progressons au pas. Tout au bas de la descente, deux 4x4, type pick-up texan, forment un barrage filtrant. Un jeune homme souriant, genre étudiant en vacances, s'avance vers nous et nous expose, gentiment et avec conviction, les raisons de cette action pacifique : l'expulsion d'une famille de paysans de ses terres et de sa maison par un spéculateur. Nous l'écoutons. Opinons, surtout ma compagne très portée sur la défense de la veuve et de l'orphelin. Réceptionnons un petit tract en français et l'un des gros bras appuyé à l'un des pick-up nous fait signe de passer dans la chicane. Je ne peux m'empêcher de me souvenir du temps où je les retrouvais, face à moi, à la Préfecture, le palais Lantivy, pour me faire traiter de représentant de l'Etat colonial. Cent mètres plus loin, trois jeunes gendarmes attendent, les bras ballants,sur le bas côté. Si ça vous dit, lisez ou relisez donc l'Affaire Corse de Pétillon chez Albin Michel. Un vrai régal, un best-seller en Corse, dont je me permets de vous offrir quelques images. Ci-dessous, le tract du Comitatu Locale Resistanza.

     

 

 

 

 Pas simple la Corse, et la Corse agricole plus encore, mais j'ai déjà donné et comme l'ormeta a du bon, y compris pour l'affreux représentant du pouvoir colonial que j'étais, je garde mes souvenirs corses pour l'après boire...

 

                                 Rovani : la lutte continue
   On enlève la terre aux paysans au nom de la spéculation, du profit

La famille SENI est sur le point d'être expulsée de ses terres et de sa maison.

Pierre Sauveur SENI 84 ans a succédé à son père sur l'exploitation familiale de 190 ha que Jean Michel, son fils de 42 ans, a repris depuis une vingtaine d'année. Il cultive 500 oliviers et produit, les bonnes années, jusqu'à 15 tonnes d'olives qui sont pressées de façon traditionnelle dans le moulin familial. 60 châtaigniers et 40 vaches diversifient la production et permettent de survivre lors des années sans fruit. Le moulin traditionnel permet également aux paysans alentours de presser plus de 50 tonnes d'olives. Toute une vie de labeur qui a permis de mettre en place un forage de 40 mètres, d'installer l'électricité et la construction du moulin.

Suite à une grave mésentente familiale suivie d'un procès qui a duré trente ans, le verdict est tombé : l'ensemble des terres ainsi que la maison sont vendus d'un bloc aux enchères. La famille SENI n'a pu enchérir au-dessus de 220 000 euros. Un investisseur a proposé 350 000 et a remporté la vente..

Nous ne comprenons pas comment les organismes d'état en charge de l'agriculture ont pu être à ce point défaillants : un agriculteur ne peut être ainsi chassé de la terre qu'il exploite.
Nous ne comprenons pas pourquoi le Maire de la commune de Coggia n'est pas intervenu plus fermement en la faveur de ses administrés.
Nous ne comprenons pas pourquoi l'héritage de Pierre Sauveur SENI(1/4 du domaine) est rendu caduque. Comment le fait d'avoir fait vivre les 3/4 restant a pu le spolier de ses droits ?

Il peut arriver que la justice tranche d'une façon absurde. Mais comment peut-elle laisser expulser Pierre Sauveur aujourd'hui 84 ans, né dans cette maison, et sa femme Ariane, ainsi que Jean-Michel, leur fils, père de deux enfants et travaillant ces terres depuis 22 ans?

La récente acquisition d'une surface de 20 ha voisine des SENI par un spécialiste du bétonnage de notre littoral est-elle étrangère à tous ces déboires ? Peut on accepter de laisser nos terres agricoles avalées par des constructions de résidences secondaires comme on en voit trop sur Sagone ?

Malheureusement, légalement, tout est joué. M.Scatena, enseignant de gymnastique en poste à Mayotte, possesseur d'une maison sur la commune de Coggia, est le nouveau propriétaire. Connaissant la famille SENI depuis de nombreuses années, il rêve pour sa retraite d'un beau lotissement à forte rentabilité. Pourquoi pas ? Il semble simplement avoir oublié que des paysans vivent sur ces terres depuis plusieurs siècles. La terre doit appartenir à ceux qui la travaillent.

Pour lutter contre cette terrible injustice, il nous reste cependant deux voies non violentes à explorer :
- L'acceptation par M.Scatena d'un bail permettant à Pierre Sauveur de vivre dignement chez lui et d'un bail agricole permettant à Jean-Michel de travailler ces terres.
- La constitution d'une association de droit foncier. Son objet est d'aider financièrement la famille SENI à racheter à M.Scatena tout ou partie de la propriété. Les SENI disposent d'une possibilité maximum de financement de 220 000 euros. Mettre en vente par morceaux de 1 m2 le restant des terres permettant à chacun de contribuer au maintien de l'agriculture paysanne corse.

Si nous perdons ce combat, c'est une brèche qui s'ouvre. C'est la porte ouverte à tous les abus immobiliers sur des terres agricoles déjà fortement menacées. Faisons de ce combat un symbole, un exemple.

Si vous voulez soutenir ce combat, si vous voulez rencontrer cette famille, elle vous invite chaque dimanche midi à une merendella. 

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