Je profite de l'occasion de la fête nationale pour vous faire un petit papier sur Jacques Tardi, l'un de nos véritables auteurs de BD, au trait si caractéristique, et de son héroïne emblématique : Adèle Blanc-Sec née en 1976. Son Adèle "entre Bécassine et Barbarella" évolue dans le Paris des années 1910, c'est une célibataire, fantasque, indépendante, une femme "moderne" complètement à l'Ouest. Elle affronte l'arrogance cynique des gens de pouvoir, la brutalité bornée des flics, la lâcheté, la mégalomanie, la jalousie, et bien sûr, la bêtise de ceux qu'elle a la malchance de croiser sur son chemin. Le tout donne 8 albums depuis Adèle et la bête. Après neuf années de suspense, Tardi, renoue avec son personnage avec ce huitième tome : Le Labyrinthe infernal publié dans Télérama (premier épisode dans le numéro 2998 du 30 au 6 juillet). Moi, ce que j'aime chez Tardi ce sont ses brûmes, celles des polars de Léo Mallet, la rue Watt sous les voies de chemin de fer, aux confins du XIII eme, rue du dessous des berges, près de la ligne de ceinture, oubliée, pleine d'herbes folles et de personnages interlopes. On peut tout imaginer, se laisser entraîner dans un Paris charnel, plein de fureur, d'amours et d'aventures improbables. La littérature, et les BD de Tardi, sont de la littérature au même titre que les auteurs dit classiques, ouvrent les portes de l'imaginaire aux enfants, aux jeunes, permettant à l'esprit de laisser libre-court à son inventivité, à sa créativité et, dieu sait que notre beau pays doit, s'il veut trouver sa place dans ce monde, dit mondialisé, parier sur la valeur ajoutée de ses jeunes pousses.
Mais si ce matin, juste avant le défilé sur les Champs Elysée, je chronique sur Adèle Blanc-Sec, c'est aussi que son patronyme devrait pour nous, les amoureux du vin, sonner comme un signe de ralliement. Je nous trouve si convenus, si empesés, si je ramène ma science, si peu joyeux et conviviaux pour placer le vin dans la fête tout simplement. Retrouver, sans passéisme, ni retour en arrière, le côté simple et joyeux des petits bals du samedi soir, des guinguettes au bord de l'eau et de la java la main bien placée aux confins des jupes fendues des filles. Il faut que tout change pour que rien ne change comme le disait le comte de Lampedusa dans le Guépard. Et nous, dans les fêtes d'aujourd'hui, dans le désir de nos concitoyens de retrouver un peu de voisinage, de chaleur, de conversation, ne pourrions-nous pas sortir de nos discours convenus, formatés, avec aromes et goûts de fruits rouges incorporés, pour mettre le vin à sa vraie place, celle que nul ne pourra contester, même les pisses-froids, les hygiénistes et autres prescripteurs d'interdits, au coeur du retour du lien social. Bonne fête nationale, dansez-bien, buvez-bien et que le feu d'artifice mette des lucioles dans les yeux des filles...