C'est dans l'air du temps, si je puis dire, un air qui se réchauffe chaque jour, les préoccupations environnementales, si longtemps raillées par les réalistes, poussent les opérateurs à innover. En cela, ils répondent ou anticipent les demandes des consommateurs et des distributeurs. La maison Boisset après avoir lancé avec succès sa marque "French Rabbit" en Tetra Prisma récidive, de concert avec le monople ontarien LCBO, en conditionnant une nouvelle marque "Yellow Jersey" en bouteille PET. Ce conditionnement léger est facile à transporter, récupérable, recyclable et réutilisable. Bien sûr, il s'agit de vins de cépages à consommation rapide. Comme le souligne Jean-Charles Boisset " Avec "yellow jersey" nous avons un seul objectif : proposer des vins de la plus haute qualité, dans un conditionnement pratiquen respectueux de l'environnement, que le consommateur aura du plaisir à déguster".
J'entends déjà les cris d'orfraie des puristes du nectar menés de concert par les 2 P - Pitte&Perrico - : horreur, malheur, abomination de la désolation, décadence de la France du vin, perte des valeurs ancestrales et remettez-moi deux doigts de Romanée-Conti, cher ami, pour que je cesse de bramer. Pour être franc je m'en tamponne la coquillette comme de ma première chemisette car, dans le même temps, j'apprends qu'un rapport rédigé dans le cadre du programme de gestion des ressources et des déchets (WRAP) préconise l'importation de vins en vrac au Royaume-Uni. Le transport de vins en vrac peut permettre de réduire de 30 à 40% les émissions de carbone. De plus, des bouteilles plus légères peuvent également générer des réductions allant jusqu'à 30%. Bien sûr Constellation annonce son intention de créer une unité de conditionnement sous douane d'une capacité de 120 millions de bouteilles à Bristol et qui serait opérationnelle en 2009. Et les distributeurs, Tesco en tête, étudient des scénarii alliant les 2 méthodes. Et nous que faisons-nous ? Nous roupillons pépère dans nos bassins de productions.
Notre Ministre d'Etat chargé du développement durable est maire de Bordeaux. Belle opportunité pour que notre beau secteur le sensibilise à la nécessité qu'il y a de s'impliquer dans une approche volontariste et innovante. Quand "The Times" appelle à consommer français plutôt que néo-zélandais (Aukland 18331 km - Bordeaux 724 km) je trouverais dommageable de rester les bras croisés. A "Sans Interdit", lors de notre réunion du 20 - pas mal non - à Vinexpo, le sujet est à l'ordre du jour et nous avons l'intention de mobiliser notre intelligence économique pour tirer le secteur de son attentisme. Voilà un beau chantier, que ceux d'entre vous qui sont intéressés n'hésitent pas à nous le faire savoir. Nous jouerons le rôle de catalyseur et notre expérience de l'animation d'une réflexion stratégique tournée vers l'action nous permettra de dégager des propositions de solutions. Dans mon foutu rapport de 2001, page 23, j'avais placé l'environnement en pôle position des 4 priorités stratégiques du secteur vin français "devenir leader en matière de pratiques respectueuses de l'environnement". Mais comme le disait à cette époque un technocrate gestionnaire de CVO qui enseigne dans un IEP : ce n'est qu'un haut-fonctionnaire parisien qui n'a jamais vendu de vin ! Tout faux bien sûr, mais les présidents passent et les directeurs restent. Ainsi va la France, chers lecteurs. Réveillez-vous !
A mes lecteurs bordelais : merci de transmettre à Alain Juppé cette chronique en y joignant éventuellement celle du 10 avril : "Chaud devant".