Cap sur le Morvan pour ces jours de Pâques, non que je veuille aller au contact de l'esprit cher à l'ancien maire de Château-Chinon " je crois aux forces de l'esprit, je ne vous quitte pas..." avait-il confié à la fin de sa vie. (un blog d'un ex-mitterrandolâtre forcené, es-connaisseur en ambiguité florentine :
http://francoismitterrand2007.hautetfort.com/, le fait revenir parmi nous pour commenter la campagne; de la belle ouvrage) mais pour marcher sous le soleil tout neuf. Bref, nous logeons au lieu-dit, les Brizards, commune de Quarré-les-Tombes, dans un petit hôtel près du lac de Saint-Agnan. Nous sommes au nord du parc naturel du Morvan dont la maison, à St Brisson, est un bel ensemble où j'ai le souvenir d'être venu, un samedi en juin 2002, après les présidentielles, à l'invitation d'un club de jeunes loups, dont j'ai oublié le nom, où j'avais cotôyé Védrine, Montebourg, Bové, Gorce et autres stars. Libération nous avait consacré un papier où, à ma grande surprise, ma courte intervention sur la mondialisation était reprise. La grande fracture qui allait s'ouvrir entre le oui et le non était déjà perceptible. De là, le lac des Settons, une heure sur un petit bateau à pédales. Toute l'histoire du flottage du bois de chauffe à buches perdues sur la Cure et l'Yonne qui alimenta Paris pendant des siècles.
Ce que j'aime dans ces plongées dans les profondeurs de la France c'est recueillir des mots disparus : les galvachers, ces transporteurs au long court (je ferai un blog sur eux un de ces jours); le plessage pour les haies vives piéchées, tressées, pour empêcher les bêtes de passer. Elles bordent encore les chemins vicinaux, rases, comme un muret végétal. C'est aussi l'occasion de découvrir des pans oubliés de notre histoire : comme celui de " l'industrie des nourrices " qui au XIX ème siècle a drainé dans les deux sens des " petits-Paris ", procurant à la région et aux familles un supplément de ressources pour acheter des terres et améliorer l'habitat (là encore, à l'occasion, je consacrerai une chronique sur un temps pas si lointain où la vie des gens de peu était dure). Belle journée donc, le soir venu il ne restait plus qu'à se restaurer. Ce fut l'auberge de l'âtre www.auberge-de-latre.com . Patron jovial, accueil chaleureux, tout pour terminer une belle journée.
Comme toujours au restaurant, le choix du vin est une affaire de mec. On me tend la carte. Belle carte régionale mais aussi France entière, c'est à noter. Après les hésitations d'usage je jette mon dévolu sur un Irancy de l'EARL caves Bienvenu, 40,80 euros le flacon. Comme toujours en ce genre d'occasion on me fait comprendre que j'ai fait le bon choix : le client est toujours flatté d'être pris pour un connaisseur. En l'occurence, ignorant tout de l'Irancy, même si un certain Henri l'a en son temps beaucoup soutenu, mon choix fut motivé, horreur absolue, par le fait qu'à la SVF, l'une de nos marques de vin de table, héritière du Préfontaines, se dénommait le Bienvenu, et que le chef de produit s'appelait Olivier Artru. Bref, un choix à la Berthomeau qui se révéla judicieux. Le nectar était de bonne extraction. Le dîner fut excellent. Au moment de la douloureuse, juste avant d'envoyer à mon ami François, nouveau duc de Bourgogne un sms pour lui signaler ma présence sur ses terres, la patronne du lieu, sourire aux lèvres me proposait de partir avec le fond de la bouteille d'Irancy. En dépit de ma surprise je répondis oui. Initiative heureuse, élégante, qui se devait d'être saluée : bravo l'aubergiste !
J'adore l'étiquette... Très étiquette du temps de mon père... Un détail tout de même le logo femme enceinte est noyé tout en bas à droite dans les nervures , au-dessous du degré, pas mal ce fondu...