Saviez-vous que celui qui a conçu chez Apple le look de l'ipod et, avant cela, de l'iMac et de l'iBook, est un anglais de 39 ans, Jonathan Ive ? C'est un type discret, doué, qui recherche des influences inhabituelles pour ses réalisations. Avant d'être chez Apple, dans un bureau de design londonien, Tangerine, pour concevoir un nouveau mobilier de salle de bain, il achète des livres de biologie marine, qu'il étudie pour trouver des influences dans la nature. Pour moi c'est un dessinateur d'horizon. " Il sait mieux que quiconque ce que nous allons avoir entre les mains d'ici cinq ans " dit de lui un de ses confrères. Alors, ce matin, pour enfoncer le clou dans mon petit espace de liberté, je vous offre des extraits d'un texte de Christine Cayrol sur Picasso et l'innovation (L'intelligence sensible Village mondial, pour les assidus j'ai déjà publié un texte d'elle : la culture, Saint-Emilion ou Coca-Cola ?)
Rester soi-même tout en ne restant pas le même
" On peut seulement travailler contre. même contre soi. C'est très important. La plupart des peintres se fabriquent un petit moule à gateaux, et après, ils font des gâteaux... Toujours les mêmes gâteaux..." Pablo Picasso
"(...) le pire ennemi d'un être, d'un couple, d'une équipe, d'une entreprise, c'est l'inévitable répétition. Or cette peur qui est en même temps une force se donne sur un mode exacerbé et presque pathologique chez Picasso. L'enjeu Picasso c'est celui-là même de tout organisme vivant, et il s'applique particulièrement aux entreprises. Celles qui ont réussi à se forger une identité forte, à mobiliser des compétences incontestables, à faire vivre une mémoire soucieuse de conserver la force de la marque, de la maison, du produit, se trouvent confrontées à la nécessité de se renouveler et de répondre aux sollicitations du monde extérieur. Autrement dit, comment rester soi-même tout en ne restant pas le même ? L'inquiétude du peintre ici stigmatise ce qui devrait être l'interrogation de toute organisation, de toute vie...
(...) Picasso n'a cessé de casser les moules dont il disposait et c'est ce geste systématique de transgression qui permet de le définir.
Pour innover il faut sans doute commencer par sentir de quels moules, codes, dogmes nous sommes plus ou moins consciemment prisonniers, et utiliser nos compétences pour fuir la pensée dominante : alors même que l'on manie parfaitement la technique impressioniste et pointilliste en vogue, se décider à peindre en bleu. Qui sommes-nous, où sont nos douleurs, nos joies, nos lieux de vulnérabilité et d'émotion ? La création appartient aux êtres qui ne peuvent se dispenser de puiser en eux-mêmes les sources de l'innovation."
à suivre...
ci-dessous tableaux de la période bleue 1895-1903 après la mort de Cagermas