Aujourd'hui nous fêtons les Saints Innocents, l'occasion pour moi de rectifier une erreur historique commise dans ma chronique de Noël : ce n'est pas Ponce-Pilate qui avait décrété le recensement mais Hérode, celui même qui ordonna le massacre des enfants de moins de 2 ans, provocant la fuite de la sainte famille en Egypte. Rassurez-vous, je ne me suis pas reconverti en chroniqueur des Evangiles, simplement, soucieux de paix, de concorde, d'harmonie, imitant en cela Bruno Kessler, si concensuel lors de " Service Public " je ne reviendrai pas sur l'émission d'hier. D'ailleurs, l'ami Pascal Frissant, qui parle avec tant de lyrisme du vin, un produit qui fait sens, a même convenu que BK des GCDF faisait bien son métier. Jouez hautbois, résonnez musettes... En fait, si j'ai bien compris, les naufrageurs de notre divin nectar, désignés à la vindicte vigneronne, n'étant que d'anonymes et insaisissables " personnes morales " : l'Europe, les Ministères de l'Agriculture et de la Santé et, bien sûr, la Grande Distribution, je suis rassuré : notre beau et grand navire " vignobles de France " ne risque pas de sombrer dans un océan de vinasse formaté, marketé et boisé zavecdékopo... Ouf !
La crise continue, comme dirait Agreste, et je devrais rester sérieux face aux graves difficultés de notre viticulture. J'en conviens. Mais, convenez, vous aussi, que j'ai des circonstances atténuantes si je me laisse aller à raconter des petites histoires insignifiantes. Celle du jour : " moi sur la photo près du Ministre " est de ce tonneau. De quoi s'agit-il ? Pas de moi, bien sûr ! Mais, des grands chefs recevant le Ministre en déplacement, visitant une cave coop ou un vigneron indépendant. Dieu que ça fait de belles photos ! Contempler leur air ravi, leur contentement béat, ce côté je me pousse du col au plus près de celui qui me reçoit dans son grand bureau de Paris, est un grand moment de plaisir. Dans ma vie antérieure, j'ai pu de visu observer les savantes manoeuvres de certains pour se trouver, à tout moment, dans le cadre des photographes ou de la caméra. Des pro que j'vous dit... Je les imagine feuilletant leur press-book devant leurs mandants émerveillés par autant d'entregent.
Pour finir sur ce sujet je vais vous conter une histoire vraie sur ce thème. L'homme était brave. Il montait à Paris souvent mais jamais ne voyait le Ministre comme ses collègues de son département mieux loti que lui. Le brave homme s'en désespérait. Un jour, au téléphone l'un des grands présidents de son département me dit sur un ton limite couroucé " Tartemol a vu le Ministre... " Même pas une question, une affirmation, le sus-dit tolèrait mal cet empiètement sur son territoire. Etant le gardien de l'agenda de mon Ministre, je réponds : " Non, Louis n'a pas vu Tartemol..." A l'autre bout du fil le soupir est empli d'aise. Intrigué je demande quand même " quand dit-il l'avoir vu ? " La réponse fuse " Mercredi dernier, le matin..." Une fois la conversation terminée je jette un oeil sur le calendrier qui m'indique que ce mercredi-là était le 11 novembre. L'énigme était élucidée. Au matin de ce 11 novembre, avant de partir au Conseil des Ministres, Louis avait déposé une gerbe devant la stèle des fonctionnaires du Ministère morts au champ d'honneur en 14-18. Ensuite il avait serré des mains. Notre homme en était. Il n'avait pas menti : il avait vu le Ministre...