Dans le film Modovino, Michel Rolland, s'est rendu célèbre auprès du grand public avec son " oxygénez, oxygénez..." Il me semble donc normal que le Berthomeau en pot, pur produit du terreau techno, OPM (1), cultivé en bureau, lui aussi, de temps à autre, a besoin d'oxygéner son outil de travail, d'offrir à sa petite tête, dont il pense qu'elle pense, un grand bol d'air.
Grâce soit rendue aux lecteurs de ce blog qui me sortent. Pour moi, ce dernier lundi, ce n'était que du bonheur que de débarquer du TGV à Valence et de me retrouver, sous un franc soleil de novembre, dans le vignoble de l'Hermitage. Inspirer, respirer, en prendre pour les jours de rien, reverdir. Invité d'Amaury Cornut-Chauvin, le président de la cave de Tain L'Hermitage, j'ai pu me shooter, sans modération, à la beauté du lieu. Ici le terroir n'a pas besoin de mots, il est. La main de l'homme l'a modelé, inscrit dans le paysage, sculture d'automne entre terre et ciel, le vignoble de l'AOC Hermitage est l'exemple vivant de ce qui fonde l'origine, signe ses vins bien plus que les textes règlementaires. C'est le fruit d'une histoire, qu'ont écrit, et qu'écrivent encore, les hommes et les femmes de ce territoire. Du cep à la bouteille portée au-delà des mers, c'est la plus authentique des signatures, celle d'une belle entreprise humaine qui mêle tous les métiers.
L'oxygène, ce lundi, je l'ai aussi trouvé, le soir venu, à la tribune de l'AG de la coopérative, en écoutant Julie Campos, la directrice de l'entreprise. Propos précis et clairs, sans faux-fuyants, la confirmation d'une orientation stratégique qui, en dépit des difficultés de l'heure, préserve le cap choisi par une entreprise de taille moyenne ancrée dans son territoire, rejette la fuite en avant et conforte les acquis d'une politique commerciale tournée vers les marchés. Notre secteur a besoin de dirigeants, d'entreprenants, hommes et femmes de conviction qui, au lieu de s'adonner au déclinisme, au petit jeu des appareils professionnels, de subir le poids des immobilismes, ne masquent pas les difficultés aux viticulteurs, prennent le risque de déplaire, agissent et se donnent les moyens de nous remettre sur les chemins de la reconquête.
Merci à ce beau tamdem, président-directeur de m'avoir aéré la tête, de m'avoir conforté dans ma conviction que nous avons les ressources pour garder notre rang de grand pays du vin si nous acceptons d'affronter le grand large avec détermination, en assumant les choix que nous impose la grande mutation du marché mondial. Aujourd'hui mardi, ce fut une autre histoire, dans la grande serre du Parlement Européen, à Bruxelles, colloquant,j'ai manqué d'air et c'est avec plaisir que j'ai regagné le soir venu mon bon vieux macadam Parisien pour reprendre mon grand vélo avec, dans un coin de ma petite tête de zozo, plein de morceaux de beau...
(1) Organisme Politiquement Modifié