- Les critiques gastronomiques sont-ils vendus ?
Disons qu'il y en a de moins honnêtes que d'autres. Ceux qui ne paient pas les additions et ceux qui ne les demandent même pas (rires). Tous les journalistes culinaires le savent. Quand ils s'annoncent sous leur véritable identité dans un restaurant, ils sont sûrs d'être traités comme des VIP. Avec trois cuistots autour de leur assiette. Et les meilleurs produits dedans. Forcément, cela fausse le jugement.
- Dans votre livre, vous mettez également en cause la fiabilité des guides. Pourtant certains d'entre eux comme le Lebey indiquent le jour de leur venue dans le restaurant critiqué. N'est-ce pas un gage d'honnêteté?
- J'ai comparé les dates indiquées avec un calendrier. Certains jours, ils sont allés dix fois au restaurant. Mais le plus drôle, c'est que le jour qu'ils indiquent tombe parfois un dimanche, quand le restaurant est fermé... S'ils payaient et visitaient tous les restaurants dont ils parlent, cela leur reviendrait à 40 000 euros de notes de frais. Beaucoup trop cher pour des ventes assez limitées.
- Vous n'êtes pas tendre avec la jeune génération, non plus ?
Autant la vieille garde est ronde, hédoniste, jouisseuse, autant les jeunes journalistes sont souvent maigrelets, tristes comme un jour sans pain, déjà blasés. Savez-vous que certaines critiques femmes se font vomir après un repas trop copieux ? Pour renouveler la critique et l'approche de la gastronomie, la génération a lancé le Fooding contre les institutions comme le Michelin ou le Gault-Millau. Très bien. Mais en multipliant les grandes manifestations un peu partout, ce mouvement a eu besoin de moyens, donc de sponsors. Souvent des grands groupes alimentaires. Résultat : ils ont été vite pris dans les rets d'un système qu'ils dénoncent par ailleurs.
Extraits d'un livre de Thierry Wolton publié chez Grasset "Bon Appétit, messieurs!". Celui-ci a été pendant quinze ans, alias Léon Fourneau, le critique gastro de "Elle". Il met les pieds dans le plat sans pour autant se décerner le titre de chevalier blanc de la profession.
Pour en rajouter une couche, je cite François Simon, critique du Figaro, unanimement reconnu comme respectant la déontologie de la critique, " La critique gastronomique est devenue une littérature courtisane, courtoise et lâche. Avec un niveau déontologie assez bas..." Vous allez me dire que je radote ou que je fais une fixation sur les critiques. Absolument pas, le critique et la critique sont indispensables au débat, mais c'est un art difficile qui exige de s'élever au-dessus des contingences matérielles et de ne pas se faire prendre les doigts dans la confiture. Alors, je me marre quand je vois certaines signatures au bas de Manifeste de défense de la pureté de notre divin nectar. Comment voulez-vous qu'un gugusse qui passe son temps à faire le "beau" à la TV puisse ensuite nous faire accroire que sa venue dans les restaurants passe inaperçue ? Rires ! Pour ce qui est de sa venue chez les vignerons c'est du même tonneau. Monsieur à droit aux égards dus à son rang, il ne boit que dans son verre à la con le Bibendum arrogant.