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13 septembre 2006 3 13 /09 /septembre /2006 07:47

Le vin ça fait vendre du papier glacé : zavé jamais vu de spécial bières ou de spécial eaux minérales et pourtant nous sommes les champions du monde de la consommation d'eau en bouteille. Bref, ce matin je ne vais pas vous causer de l'eau du robinet mais des problèmes de robinet simples comme l'arithmétique de l'école primaire. Et pourtant, j'ai le sentiment que plus personne ne sait faire des additions et des multiplications, reste plus que la soustraction : l'osmose inverse qui met en transe les puristes :-)

Tout le monde glose sur la saga des petits robinets : ça donne des vignerons qui montent, des révoltés, des mutants, ça donne de belles photos d'hommes et de femmes qui font bien leur métier, ça donne des coups de coeur, des coups de foudre et que sais-je encore ? Qu'on me comprenne bien, je suis pas contre, je trouve même ça intéressant, mais au bout du compte je fais l'addition. Et là, chers vous tous et les autres, tous ces petits robinets dispensateurs de nectars ça fait de belles bouteilles mais pas beaucoup d'hectolitres. Le gros du peloton (je ne pense pas à Perrico) qu'est-ce qu'on en fait? Lui laisser croire, comme certains, pas tous cher Jacques, que cette démarche vigneronne proche des boulangers artisans qui font du bon pain, est la seule voie à emprunter pour s'adapter à la nouvelle donne, c'est vendre de l'illusion. D'ailleurs, sous l'image d'Epinal, moi qui suis dans le cambouis de la réalité, qui vois et entends, elle n'est pas toujours rose cette réalité, certains petits robinets ont bien du mal à trouver preneur car le marché n'est pas extensible.

Entre cette démarche, que je respecte et défends, et celle qui tend à assurer un débouché commercial durable au plus grand nombre, il n'y a pas un océan de vinasse ou de vin industriel formaté, une telle vision relève du fantasme. A ceux qui, à tout bout de champ ou de vigne, demandent le respect du travail vigneron, je dis qu'on doit exiger d'eux le même respect des gens de peu qui sont comme eux dans leurs vignes et y font bravement leur boulot. Il n'y a pas de sot métier, il n'y a que des sots. Notre problème central de vieux et grand - au sens de la taille de notre vignoble et de sa réputation - pays généraliste du vin est de savoir ou de vouloir gérer nos grands réservoirs de vin : encore un problème de robinets, des gros, et de vases communicants : les replis.

La solution, la seule à la hauteur des volumes, est entre les mains de ceux qui sont en capacité de concevoir et de vendre les vins issus des raisins produits sous le grandes ombrelles régionales. Piloter nos grands bassins par l'aval c'est réguler l'ensemble du système, c'est anticiper, enterrer les distillations de destruction, éviter que la mauvaise monnaie chasse la bonne. Bien plus que les belles réformes juridiques dont nous raffolons, nous les héritiers du droit romain écrit, la gestion des grands volumes est la clé du renouveau. La codification viendra par surcroît. Appliquons déjà les fondamentaux et cessons de seriner que notre système d'AOC est trop complexe, il l'est certes, mais il est surtout figé, calcifié, niveleur, protecteur de médiocrité, bavard et hypocrite. Par essence c'était un système de responsabilité où chacun était partie prenante de l'élaboration et du respect des règles communes. Qui s'en souvient ? L'AOC n'a pas besoin de chapelles, de Savonarolles ou ayatollahs autoproclamés, de bureaucrates enkystés, mais de respiration, d'invention, de liberté... De nos jours Dom Pérignon n'aurait plus droit de cité.

Ce qui me chagrine et me navre dans la situation actuelle c'est que, comme pour tout problème de robinets, la solution est d'une effarante simplicité. Mais qui sait encore compter ? C'est politiquement incorrect de compter, il est plus gratifiant de se conter des histoires entre soi, toujours les mêmes. Nous sommes un grand pays d'architectes mais en ce moment nous avons besoin de maçons...

 

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commentaires

T
Bien entendu il s'agit de Joseph CAPUS,
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T
Parce que créer des OA va résoudre le problème de l'agrément, a qui je le rappelle aujourd'hui on veut faire jouer un rôle pour lequel il n'était pas conçu.Et faire du personnel de  L'INAO des controleurs des controleurs alors qu'ils étaient le bras armés du "parlement viticole".Le système voulu par LOUIS CAPUS, est complètement dévoyé, sous l'indifférence générale...........
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P
à S Coureau : retournez au blog de Jacques "les étrennes virtuelles"  26 décembre 2005....ma proposition  de bonne bouteille...D'où, entre autres, mes commentaires...Une réponse : sortir du mensonge tout aoc, sortir de conceptions totalement erronées sur le goût (cf sur le site de Sève le colloque de Banyuls sur la dégustation)..A débattre, mais aussi à mettre en oeuvre, il faut effectivement des bons maçons.
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S
Petite histoire pour Monsieur Berthomeau,<br /> Il y a quelque temps j'achète du vin chez un propriétaire qui m'entreprend moi son Négociant sur le problème de l'agrément. Il m'explique qu'il avait une magnifique cuve de 100 HL, la veille de l'agrément ayant besoin de cette cuve pour un assemblage il transfert son vin dans une cuve de 60 HL et une de 40 HL. On le prélève et oh stuppeur, la cuve de 40HL est agréée et celle de 60HL refusée au label !<br /> Qu'en pensez vous qu'il me dit ? Que puis-je lui répondre ?  <br />  
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P
Moi j’ai toujours trouvé ça compliqué, les problèmes de robinets : d'accord pour calculer les volumes en fonction du récipient. Mais c'est comme à ma cave, il y a besoin d'étiquettes claires sur les robinets : c'est l'eau du service d'eau, ou l'eau du puits ? Le principal problème à mes yeux est toujours que la profession refuse une segmentation claire et continue de vouloir tromper le consommateur, en collant l'étiquette aoc sur n'importe quoi. Acceptons des règles du jeu qui permettent aux vins d'aoc et aux vins d'igp d'être respectables, donc respectés...Le robinet aoc doit moins débiter, mais ne confondons pas tout : il peut être alimenté par des gros domaines comme par des petits artisans "qui montent", la question n'est  pas la taille, mais la fixation des règles et leur respect.Désolé Jean,  mais jusqu'à présent c'est plutôt le système syndical, avec la CNAOC au sommet, qui verrouille tout. Et globalement la dégustation d'agrément est un désastre d'hypocrisie, qui continue d'envoyer aussi des bons vignerons à la ruine. LE SYSTEME D'AGREMENT ACTUEL EST A SUPPRIMER. Plutôt que de défendre l'indéfendable, essayons d'être constructifs pour autre chose. Pour l'application correcte des réformes voulues par René Renou, et votées par l'INAO le 2 juin, par exemple, qui vont dans les tuyaux de tes robinets, Jacques
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