Je serai bref.
Additionner les « difficultés » que connaissent des grands pays ou de grandes régions viticoles : New-Zélande, Australie, Italie, Espagne, Bordeaux, Languedoc-Roussillon pour « mesurer l’ampleur et l’aggravation de la crise qui touche quasiment tous les pays producteurs de vin » relève d’un calcul de gribouille.
Pourquoi ?
Tout bêtement parce que la viticulture mondiale n’est pas en crise mais connaît une violente et prévisible période d’ajustement dans la mutation engagée depuis l’irruption de nouveaux producteurs sur le marché mondial ou du moins sur les marchés de certains pays, telle la Grande-Bretagne, où ils ont su faire émerger de nouveaux consommateurs.
Nous assistons à un carambolage, à une tectonique des plaques entre les pays qui ont joué l’expansion à tout va, et qui doivent freiner « à mort » pour tenir compte à la fois des limites de leur modèle et de la dépression mondiale et ceux qui ont cru, tel l’Espagne, pouvoir profiter de l’aspiration et qui doivent revoir leur stratégie, ou comme la France, dont les 2 grands vignobles phares ont joué une concurrence mortifère, un immobilisme stupide, et qui subissent la double peine : ils n’ont pas profité de la phase de conquête et ils doivent comme les autres s’ajuster.
La situation n’a rien d’étrange face à des perspectives de reprise du marché mondial, surtout pour la France où nous prenons de plein fouet l’inadaptation d’une part de notre ressource vin aux demandes des marchés émergeants comme de notre marché domestique. Nous avons refusé obstinément de nous voir comme le plus grand pays producteur généraliste de vin. Nous avons continué de rêver au modèle AOC pour tous. Nous avons fait comme si les vins dits « technologiques » n’étaient pas dignes de notre glorieux passé alors que le vignoble pour les faire est sous nos pieds. Nous nous sommes obstinés à croire que la cohabitation de ces 2 modèles, leur gestion par complémentarité nous mettrait en position de faiblesse. Nous touchons les « dividendes », si je puis m’exprimer ainsi, de nos non-choix.
Le déni de réalité ne change pas la réalité.
Que faire ?
Méditer sur le discours de Philippe Vergnes président du Syndicat des Vignerons du Midi, qui à l’invitation de Georges Frèche, président de la Région, a présenté lors de la dernière session du Conseil Régional « la situation dramatique des vignerons régionaux. »
Mais encore ?
Écouter les docteurs de la 11ième heure, adeptes du pâté d'alouette : 99% d'analyse du passé et un chouïa de vagues propositions, ils sont très nombreux et très pertinents.
Pour ma part je m’en tiendrai là.
Ce n’est pas du Ponce-Pilatisme mais le strict constat du fait que je suis hors-jeu.
Le 27 décembre 2006 j’avais commis une chronique : « Chirurgie de champ de bataille » http://www.berthomeau.com/article-5030131.html le diagnostic reste le même avec un double facteur aggravant : 3 années sont passées et l’économie mondiale n’est pas au mieux de sa forme.
Mon métier – oui j’en ai un – n’a jamais consisté à dire ce que certains veulent s’entendre dire ni à me faire plaisir en m’appuyant sur mes choix personnels.
Enfin, je le rappelle, je n’étais pas seul. « Agir plutôt que réagir » si mon employeur me le demandait remettre sur le métier l’ouvrage ne me fait pas peur... Voir la réponse à la 3ième Question de 3 Questions à Jacques Berthomeau du 4 décembre 2008 par Catherine Bernard http://www.berthomeau.com/article-25264173.html
NB. Les citations entre parenthèses sont extraites du dernier Vitisphère