L'un de mes premiers patrons, dont l'acronyme PML pesait son poids de provocation dans la viticulture, lorsqu'il voulait déstabiliser ses interlocuteurs lâchait " moi vous savez je suis un être simple..." alors que j'ai rarement croisé dans ma vie un homme aussi complexe, subtil, d'une sensibilité à fleur de peau, attachant mais insupportable. Les " je vais vous parler franchement ou pour être honnête..." me laissent toujours dubitatif.
Alors, quand par les gazettes j'apprends que le 28 octobre ce serait la journée nationale des vins de France destinée à draguer les " jeunes urbains désinvestis " dixit, en montrant que le vin c'est simple, même que c'est vinplissime, je sors mon révolver à bouchon et j'arrose tout ce qui bouge. D'abord une de plus : sur google y'en a des tonnes, je la vois bien coincée entre la journée nationale des surdoués en difficulté et la journée nationale des raquettes de neige. Cémieu ke rien m'objecterez-vous... Yès, mais pourquoi un jour pour un produit que l'on voudrait voir apprécié chaque jour dans des habits de tous les jours... C'est comme la journée nationale de la courtoisie au volant moi le cycliste j'aimerais bien que la courtoisie soit quotidienne.
J'entends mes "amis" organisateurs de la dite journée soupirer : jamais content ce gus... Pas vrai et de ce pas je vais mettre un cierge à la chapelle de la médaille miraculeuse rue du Bac près de la Grande Epicerie du Bon Marché pour que nos chères têtes blondes ki n'ont rien à kiffer du jaja soient touchées par la grâce et qu'elles hèlent le garçon : " un Si mon père savait... de Bernard Magrez, un 2003, c'est un Côtes du Roussillon, du rouge sienbur..."
Vous voyez que c'est simple, vinplissime en quelque sorte. Ben non, les vins de France ne sont pas tous simplissime. Y'en a ki sont endimanchés, d'autres en costards sur mesure, des aristos, des ennoblis, des kon de la paille dans leurs sabots, des ringards, des pinards, des ki aiment les ptis zoiso, des ki sont en jeans, tongs et débardeur... Alors moi je veux bien que dans un " on n'est tous dans la mouise - ce qui est faux d'ailleurs - les vins d'en haut fassent chambre commune avec le tiers-état, mais ce n'est pas de la pédagogie qu'il faut faire mais du ménage pour mettre en avant les vins qui donneront du plaisir à nos simplets.
Enfin, au nom de l'efficacité du premier et du dernier franc dépensé je pose la question : pourquoi en France ? La croissance de la consommation est ailleurs, au Royaume-Uni par exemple, la législation y est plus souple et un campagne France sonnerait l'heure de la reconquête des ménagères de Birmingham... Horreur, malheur, je dis des gros mots, là-bas c'est chacun pour soi car ya beaucoup à gagner, alors qu'en France où ya ka se partager les restes c'est pour faire plaisir aux producteurs kon fait ça.
Je suis sans nul doute mauvaise langue mais puisque la mobilisation de la filière est souhaitée : où est la grande distribution dans le dispositif ? Y aura-t-il des portes ouvertes chez les grands metteurs en marché des vins simplissimes ? Bon vous me direz que ces questions je n'ai qu'à les poser à ceux d'entre eux qui sont membres de Sans Interdit. Je n'y manquerai pas chers lecteurs. Allez, moi qui ne suis même pas un PQ, de quoi je me mêle hein, les sous collectés faut bien les dépenser...