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25 août 2006 5 25 /08 /août /2006 09:14

L'un de mes premiers patrons, dont l'acronyme PML pesait son poids de provocation dans la viticulture, lorsqu'il voulait déstabiliser ses interlocuteurs lâchait " moi vous savez je suis un être simple..." alors que j'ai rarement croisé dans ma vie un homme aussi complexe, subtil, d'une sensibilité à fleur de peau, attachant mais insupportable. Les  " je vais vous parler franchement ou pour être honnête..." me laissent toujours dubitatif.

Alors, quand par les gazettes j'apprends que le 28 octobre ce serait la journée nationale des vins de France destinée à draguer les " jeunes urbains désinvestis " dixit, en montrant que le vin c'est simple, même que c'est vinplissime, je sors mon révolver à bouchon et j'arrose tout ce qui bouge. D'abord une de plus : sur google y'en a des tonnes, je la vois bien coincée entre la journée nationale des surdoués en difficulté et la journée nationale des raquettes de neige. Cémieu ke rien m'objecterez-vous... Yès, mais pourquoi un jour pour un produit que l'on voudrait voir apprécié chaque jour dans des habits de tous les jours... C'est comme la journée nationale de la courtoisie au volant moi le cycliste j'aimerais bien que la courtoisie soit quotidienne.

J'entends mes "amis" organisateurs de la dite journée soupirer : jamais content ce gus... Pas vrai et de ce pas je vais mettre un cierge à la chapelle de la médaille miraculeuse rue du Bac près de la Grande Epicerie du Bon Marché pour que nos chères têtes blondes ki n'ont rien à kiffer du jaja soient touchées par la grâce et qu'elles hèlent le garçon : " un Si mon père savait... de Bernard Magrez, un 2003, c'est un Côtes du Roussillon, du rouge sienbur..."

Vous voyez que c'est simple, vinplissime en quelque sorte. Ben non, les vins de France ne sont pas tous simplissime. Y'en a ki sont endimanchés, d'autres en costards sur mesure, des aristos, des ennoblis, des kon de la paille dans leurs sabots, des ringards, des pinards, des ki aiment les ptis zoiso, des ki sont en jeans, tongs et débardeur... Alors moi je veux bien que dans un " on n'est tous dans la mouise - ce qui est faux d'ailleurs - les vins d'en haut fassent chambre commune avec le tiers-état, mais ce n'est pas de la pédagogie qu'il faut faire mais du ménage pour mettre en avant les vins qui donneront du plaisir à nos simplets.

Enfin, au nom de l'efficacité du premier et du dernier franc dépensé je pose la question : pourquoi en France ? La croissance de la consommation est ailleurs, au Royaume-Uni par exemple, la législation y est plus souple et un campagne France sonnerait l'heure de la reconquête des ménagères de Birmingham... Horreur, malheur, je dis des gros mots, là-bas c'est chacun pour soi car ya beaucoup à gagner, alors qu'en France où ya ka se partager les restes c'est pour faire plaisir aux producteurs kon fait ça.

Je suis sans nul doute mauvaise langue mais puisque la mobilisation de la filière est souhaitée : où est la grande distribution dans le dispositif ? Y aura-t-il des portes ouvertes chez les grands metteurs en marché des vins simplissimes ? Bon vous me direz que ces questions je n'ai qu'à les poser à ceux d'entre eux qui sont membres de Sans Interdit. Je n'y manquerai pas chers lecteurs. Allez, moi qui ne suis même pas un PQ, de quoi je me mêle hein, les sous collectés faut bien les dépenser...

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commentaires

D
puisque S.Coureau a eu la gentillesse d'attacher de l'importance à mes modestes propos et qu'il m'interpelle je vais lui répondre. Mais comme je suis une femme aurais-je droit au mème intérêt ? Le milieu du vin a été nous le savons pendant longtemps "chasse gardée" des hommes, ce qui n'a pas empécher les femmes de faire de la pré-taille, du pliage et autres besognes.Mais revenons à nos...raisins. En terme de marketing pour vendre un produit en étant crédible il faut déjà le connaître. C'est la raison pour laquelle je pense qu'il est important de commencer par le commencement : faire de la pédagogie auprès des français pour les réconcilier avec la culture viticole qui fut un fleuron de "l'image de la France "à l'étranger. Ensuite - ou en mème temps - pensons à l'export. La production mondiale augmente, la consommation peu se développer dans certains pays alors qu'elle diminue dans les pays habituellement consommateurs. Mais nous savons tous que "vouloir" exporter n'est pas forcément "pouvoir". Les contraintes douanières, formalités, étiquettes etc... sont bien décourageantes quand on a pas une taille d'entreprise suffisante pour en supporter les surcoûts. Et puis, je vous rejoins sur la façon dont les français se "vendent" à l'étranger. Mis à part les grands noms, les blockbusters, qui frappent fort en terme de marketing (et de budget correspondant) trop de viticulteurs français oublient que la belle époque de la France première patrie du vin est terminée.Quant à ce que que évoquez en 1400 j'avoue mon incompétence en matière de connaissances historiques, mais je sais aussi que "on ne refait pas l'histoire" et que ce qui importe c'est devant.
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S
Tient c'est marrant, faudrait que dominique m'explique à quoi il pense lorsqu'il dit que les propriétaires qui marchent autour de lui se préocupent de l'export ?<br /> Vu "l'immense et percutente présence française sur les salons internationaux" je doute que ce soit une préocupation de premier plan pour nos braves viticulteurs ...<br /> Allons soyons sérieux dominique, balayer devant sa porte c'est revenir en angleterre, vous voulez qu'on fasse un peu d'histoire ? qu'on parle de Talbot et de son épopée qui a finit un beau jour de 1463 à Castillon ?pour Bordeaux le débouché premier et historique c'est l'Angleterre et pas la France !
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D
Contrairement au commentaire n°1 je ne suis pas tout à fait en phase avec les propos de J.Berthomeau. Il est plus facile de critiquer que de "faire" et justement la question à se poser ce n'est pas l'existence ou non d'une énième "journée nationale de..." mais de ce que l'on va en faire.Si cela devient au fil des ans quelque chose comme "la semaine du goût" qui permet de faire découvrir des vraies saveurs, redonnent un goût de jeune aux fourneaus d'antan et rendent abordables le temps d'une semaine les grandes tables d'aujourd'hui...Alors ce sera une bonne chose.Certes songer à l'export c'est bien et je constate autour de moi que tous les viticulteurs qui marchent correctement s'en préoccupent. Mais commençons déjà par balayer devant notre porte : quels sont les jeunes (et moins jeunes) qui savent ce qu'est un cépage (question test dans pas mal de restos, résultat décevant assuré de la plupart des serveurs !) ? quels sont ceux qui savent faire la différence entre "déguster" et "boire" (on éviterait les rapports chabalier et autre diabolisation) ? et entre attaque et finale (les vins étrangers seraient souvent perdants au petit jeu) ? que fait-on pour rendre le vin festif ? etc...etc....Alors "oui" et encore "oui" à une journée nationale qui fasse sortir le mot "vin" d'une connotation honteuse liée à alcool, alcoolisme, maladie, accidents, mort.    
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A
Ah ! Ca faisait longtemps que nous n'avions pas été gratifiés d'une prose aussi juste : pertinence, cohérence, clarté, concision.<br /> Mettre les pieds dans le verre ? C'est vinplissime avec Papy Bertho !
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