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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 00:00

Il est des jours où je mettrais des cierges – et Dieu sait si j’en ai vu brûler des cierges au temps où je balançais mon encensoir tel un essuie-glace pris de folie – pour que Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, revinsse sur terre pour étriller les Trissotin du vin qui, bien plus pédants que celui des Femmes Savantes, rabaissent le vin au rang des valeurs de placement d’un portefeuille boursier tout en le parant de mots boursouflés. Le Trissotin de Molière, le bien nommé triple sot, rappelons-le, était d’abord un piètre poète dévidant des préciosités ridicules. Ses vers regorgeaient d’adverbes de manière. Son goût conventionnel cherchait uniquement à flatter sur un sujet futile. Tout son art consistait à jeter de la poudre aux yeux, à éblouir les benêts et les snobs d’une pédante érudition.

 

Pour le prix d’un GCC, même à la baisse, je demande à celui qui, en je ne sais quelle magnifique intuition, a eu la bonne idée de « créer » Noé, de donner leur « bon de sortie », qu’ils soient en enfer ou au paradis, à Desproges et Coluche pour qu’ils viennent en renfort étriller à coups de moqueries bien senties nos Trissotin du vin. L’esprit de sérieux qui leur sied pour ne pas effaroucher les « bourgeois », petits, grands, bohèmes, de notre doulce France, les « nouveaux riches » des contrées barbares, les traders gonflés à coup de bonus sur produits toxiques, les nomenklaturistes gavés de fric au fumet incertain, réduit le vin à une valeur haussière ou baissière, le rabaisse au rang d’un tas de gros chiffres. Comme à mon ordinaire je pousse le bouchon au plus loin des prédateurs de vin. Que celui-ci, lorsqu’il est bien né, issu d’une vieille lignée ou une jeune pousse prometteuse, bien élevé ou provocateur, ait une valeur en soi est dans la nature des choses mais, pour autant, faire comme si le compte était toujours bon en euros, et nous prendre pour des zozos relève du théâtre de boulevard où le cocuage triomphe toujours.


Molière fut aussi un grand contempteur des Diafoirus de son époque. Que nous nous levions en masse pour faire barrage à leurs rejetons modernes qui ne savent que manier la peur et la trique j’en suis, bien évidemment d’accord, puisque sur cet espace de liberté je fus l’un des premiers à appeler à la résistance. Cependant, se complaire dans l’air du temps, consacrer des pages et des pages sur de savantes études, en appeler à des psychothérapeutes ou autres spécialistes des comportements, participe à l’effet mouton de Panurge chère à nos grands médias. Tous en même temps sur le sujet à la mode, thrombose, overdose, jusqu’au nouveau sujet qui attire le gogo coco. Plus intéressant, sur ces sujets de société, serait que les grands médias les traitassent au fil de l’actualité, sans les cantonner dans le ghetto des numéros spéciaux lus que par les déjà convaincus, en leur donnant la même surface rédactionnelle que les articles sanitairement correct. Ce serait du vrai journalisme et non du pur marketing dragueur de publicité.


Certains vont dire que je ne suis jamais content – je suis grassement payé pour ça – mais croyez-vous vraiment que le vin puisse retrouver une place de choix dans le cœur des Français si sa présentation ne se complaît que dans des considérations savantes et chiantes. Nos amis de l’estranger amoureux de la France, américains, tel Robert V Camuto dans son dernier livre « Un américain dans les vignes », ou nos proches voisins, italiens ou anglais, nous vannent gaillardement sur notre propension à geindre et à nous tirer des balles dans le pied. Le vin c’est un peu de douceur dans ce monde de brutes. Arrêtons de faire la gueule ! De gloser. Sourions nous sommes filmés !


Franchement, dans les pages dites « people » lorsque vous contemplez les photos des raouts de promotion, avec quelques « célébrités » tarifées, c’est d’un triste. Moi je n’ai rien contre les réceptions très prout-prout ma chère au château, costume Pingouin et autres joyeusetés, j’en ai un nombre incalculables au compteur, ni contre les intronisations avec bannières et robes incorporées, glou et glou, serment sur les mannes de l’appellation, là aussi je suis bardé de médailles et de diplômes, mais s’en tenir là ça sent l’empesage et la naphtaline... Dans ce genre de pinces-fesses les occasions de se bidonner et de décoconner sont aussi rares que les cheveux l’étaient sur le célèbre crâne du défunt Yul Brunner. Bien évidemment, si ça plaît à un certain public d’amateurs je ne vois aucune raison de les priver de ces réjouissances mais ne serait-il pas judicieux d’expérimenter auprès des nouveaux arrivants de nouvelles formes de fêtes – j’ai évité teuf pour ne pas défriser le Professeur –, des avec un soupçon de convivialité, sans tralala, sympa, en jeans et baskets...


Pour autant, faire la fête ne rime pas avec se bourrer la gueule. Les banquets avinés où une partie des convives pique du nez avant le dessert ne sont pas ma tasse de thé. Rester gai, garder jusqu’à la dernière ligne droite sa verve, et aussi sa capacité pour une autre mi-temps dans le mitan d’un lit où la rivière est profonde, laisse beaucoup de marge au bon vivant. Attention, comme vous le savez, je ne prône pas la modération mais une forme d’équilibre sur un fil où, libéré de ses habituelles entraves, chacun se laisse aller à prendre la vie du bon côté. Bien plus que la tarte à la crème : « accord mets-vins » ce qu’il nous faut promouvoir se sont les accordailles entre la fête et le vin. Dans un monde où chacun se replie sur sa tribu la table reste l’un des lieux privilégiés pour se retrouver.


Alors, pour une fois, passons à l’acte !


Bougeons-nous le cul !

 

Je m’adresse aux grands zinzins pompeurs de CVO : quand comprendront-ils qu’il leur faut faire cause commune pour mener auprès des « urbains » comme des ruraux des démarches conviviales dépourvues d’esprit de lucre. Le genre grand Pique-nique en ville où chacun amènerait son panier et où nos vignerons de toutes obédiences, régions, chapelles, porteraient quelques petites boutanches, profitant de l’occasion pour tailler des bavettes avec papa, maman, la bonne et moi.


Je radote !


Ça n’intéresse ni les « communicateurs », ni les vendeurs de campagnes nulle à chier, car ça ne fait pas tomber beaucoup de ronds dans les escarcelles.


Que de bonnes paroles ai-je entendu lors du lancement de l’Amicale du Bien Vivre dites des Bons Vivants, des promesses de soutien, paroles, paroles mais à l’arrivée queue de chique et eau de boudin...


Mais je suis têtu comme un âne corse alors dans ma toute petite crèmerie, sans moyen, pour que l’Amicale commence son petit bonhomme de chemin je lance à la cantonade, en tant que secrétaire-perpétuel autoproclamé de l’ABV : le jour du Vin. Qu’est-ce cette nouvelle engeance ?


Je m’explique : pour prendre le relais du vin de tous les jours qui pique du nez et plutôt que de céder à la mode des Journées de...tout et de rien, nous, les Bons Vivants, allons parsemer l’année de jour du Vin. Autant que nous le voudrons, là où nous le voudrons, comme nous le voudrons, simplement pour marquer le calendrier de flacons de toutes les couleurs.


Comment faire ?


Simple : proposez un jour, une heure, un lieu, là où vous habitez, vous me le transmettez, je diffuse sur mon blog et le réseau ABV et... nous verrons bien si ça mord... Dans l’hypothèse heureuse, où le jour du vin racinerait, je pourrais, dans la mesure de mes disponibilités et de mes moyens me joindre aux agapes des Bons Vivants...


Pour ma part, à Paris, avec mon petit groupe de jeunes « dégustateurs » nous pratiquons l’exercice... Nous pourrons élargir à d’autres Bons Vivants...


Qu’en pensez-vous ?


Bons Vivants réveillez-vous !


Passez à l’acte !


Après les vendanges levons nos verres !


Ainsi, Petits Poucet du Vin tout au long de l’année jetons les petits cailloux du jour du Vin dans les grolles des Ogres prohibitionnistes et, petit à petit, joyeusement, nous les ferons verser dans le fossé...


J'ai donc ouvert pour accueillir nos jour du Vin  une adresse blog www.lejourduvin.over-blog.com nous verrons comment la gérer collectivement pour animer notre Amicale qui roupille...


Amicalement vôtre...

 

à bientôt sur mes lignes...

 

  

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commentaires

B
Excellente initiative, Monsieur Jacques.Personellment, il y a belle lurette que je pratique régulièrement la journée (soirée, en fait) du vin avec un groupe d'amis.Quelques compte-rendus ici: http://lapassionduvin.com/phorum/read.php?40,356456,383300#msg-383300Si vos pas vous mènent dans l'Allier, ce sera cave ouverte pour vous!..
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O
Cher Monsieur, Cher ami, Cher camarade,Bravo pour ce bel élan, et cette fougue!Je me lève avec joie à vos côtés pour rendre au vin et à ses amateurs simplicté et serennité. Pour lutter contre ce qui en font un monde trop sacralisé , inaccessible et dénué de sens. Rendons au vin son caractère joyeux,  de fête , simple.Comptez- sur moi! Je suis avec vous pour créer ses rencontres!Rentrons en contact!Oegenie www.oegenie.comPS: je fait suivre votre article sur mon twitter @oegenie
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B
Bonjour Mr Berthomeau,Quel plaisir de lire votre chronique ce matin! Ah ce n'est pas tous les jours que quelqu'un parle de notre cher monde du vin de la sorte. Etant issue d'une famille de viticulteur dans le Muscadet depuis quatre générations, je dois dire que je n'ai pas l'habitude que par chez moi l'on s'exprime ainsi!Je voulais vous remercier pour votre fougue et votre énergie ! Souvent je me demande où vous arrivez à puiser toutes ces informations.Viticolement vôtre,Florie Bedouet
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