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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 16:13

Chers vous quatre,


Suite à mes élucubrations de ce jour je m’attendais à une volée de bois vert, peut-être viendra-t-elle d’un quelconque redresseur de tort à la française du genre de ceux qui écrivent au Ministre pour avoir une médaille, mais peu me chaut car l’épice de cet espace de liberté c’est de pouvoir causer de tout et de rien, et surtout de nos petites faiblesses, sans trop se prendre le chou.

 

Si je prends la plume en plein après-midi, alors qu’à Paris le ciel se souvient soudain que nous sommes au mois d’août et que je viens de prendre une petite suée sur mon vélo en revenant d’une réunion au Ministère sur la crise du lait – je vous expliquerai dans une prochaine chronique – c’est que je souhaite répondre à chaud à Jean-Baptiste et à Michel Smith.

 

Pour Jean-Baptiste, l’Arpège de Passard n’est pas en face du 78 rue de Varenne mais sur le même trottoir au 84, à l’angle de la rue de Bourgogne. J’ai écrit une chronique «Je veux qu’on parle de la carotte comme du Chardonnay…» Alain Passard de l’Arpège http://www.berthomeau.com/article-26027688.html sur notre histoire commune car, même si nous étions voisins, et que je pouvais me rendre pédestrement chez lui, je n’y tenais pas table ouverte.

 

Pour Michel Smith, la réponse est : oui bien sûr, le dossier fruits et légumes est passé entre mes mains :

-         de 1983 à 86 en tant que Conseiller Technique fruits&légumes, vin où nous avons négocié l’élargissement du « Marché Commun » à l’Espagne et au Portugal ;

-         de 1990 à 92 en tant que Directeur du cabinet.

 

J’ai donc géré des crises car, pour les fruits surtout, les légumes avec les serres sont moins sensibles aux aléas climatiques, la maîtrise de la météo n’est pas encore du ressort ni des politiques ni des professionnels, les consommateurs sont d’’étranges petites bêtes et la Grande Distribution sans états d’âme.

 

La rapidité de l’intervention sur le marché est primordiale : avec 100 à l’instant T il est possible d’éviter une crise ou d’en atténuer ses effets, alors qu’avec 100 000 à l’instant T+1 on jette de l’argent par les fenêtres sans la queue d’un résultat sur le marché. Pendant de nombreuses années nous avons su gérer les crises, en étant parfois border line avec la réglementation européenne – avec nos instruments spécifiques sans gaspillage de fonds publics (tout était cofinancé avec de l’argent des professionnels eux-mêmes) mais le credo de la concurrence pure et dure de la Commission Européenne a mis notre système en porte-à-faux d’où la partie de bras de fer actuelle sur « les aides indues ». Cette même Commission n’a pas le même allant sur les distorsions de concurrences liées aux systèmes de protection sociale. Même si les filets de sécurité provoquaient des effets pervers, des effets d’aubaine, la dérégulation totale des marchés de produits frais va coûter plus cher à la collectivité en termes financiers et sociaux. Nous pourrons en reparler autour d’un verre un de ces jours.

 

Dernière chose, cher Michel Smith, dans le Roussillon cher à ton cœur, où les producteurs de fruits et légumes sont aujourd’hui en première ligne, il faut que tu saches que les viticulteurs ayant bénéficié du Plan Rivesaltes vont se retrouver dans la même situation que leurs collègues. Je n’y suis pour rien le Plan Rivesaltes étant antérieur a ma venue en tant que médiateur dans ton beau département.

 

Bien à vous 4 et merci pour votre fidélité.

 

Amitiés.

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commentaires

J
Me voilà rassuré !!!<br /> Je sens bien dans vos différents commentaires que la préoccupation première est l'accés du monde agricole à plus de sérénité. Une majorité de paysans est au bord du gouffre, il ne semble pas en être de même de toutes ces personnes appartenant à ces trop nombreuses commissions. Une fois encore la preuve est faite : il faut arreter de distribuer les aides et les subventions, cela fera autant de commissions, de sous commissions et de sous-sous-commissions remplies de gens plus ou moins capables et responsables à nourrir grassement en moins (je ne fais pas attention aux raccourcis). Les vrais agriculteurs désirent vivre de ce qu'ils produisent. Ce sont uniquement ceux qui visent les poste clés, présidences ou autres "pompes à reluire parasitaires" agricoles, syndicales ,régionales et autres qui veulent maintenir ce système de pression odieux envers les producteurs. La dette dont on n'ose parler sera beaucoup plus difficile à supporter par les enfants des agriculteurs subventionnés que par la progéniture des membres des commissions nombreuses et variées ayant participés à l'évaporation de toutes ces subventions. Certes les distorsions sociales sont énormes avec le sud de l'Espagne et tant d'autres pays mais cela ne semble pas émouvoir outre-mesure les différents responsables politiques de notre belle (mais fausse ) Communauté Européenne, chacun faisant sa petite cuisine. La grogne monte véritablement dans le monde agricole, il serait peut-être judicieux de rappeler aux membres de toutes ces commissions qu'au delà des luttes internes il y a des hommes qui souffrent et qui crevent... Les risques de dérapages sont tels aujourd'hui qu'ils n'y aurait pas de différences faites dans les hiérarchies de responsabilités si l'impensable devait se produire. Les bons cotés de la polyculture c'est qu'elle occupe suffisamment ces "braves paysans" pour qu'ils puissent survivre, pendant que l'élite pense et s'enrichit pour eux et que ces braves traders gagnent net en un mois ce qu'ils ne gagneront jamais dans toute leur vie. Ne pourrait-on pas créer une commission pour se pencher sur cette véritable distorsion ???
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N
Bravo pour cette mission sur le lait, mais on ne va pas trop en discuter sur ce blog!!!En tout cas, c'est un peu normal que la Commission n'ait pas trop de vision là-dessus: les situations sont trop différentes entre les pays (un peu comme dans le domaine social, en fait). Mais il vaut mieux qu'elle n'en ait pas d'ailleurs: cela nous permettra de trouver des solutions originales et adaptées, au nom de la subsidiarité.Encore bravo, et surtout, bon courage!
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N
Cher Jacques,Merci d'évoquer un trajet possible pour mes guêtres. Cela me rappelle le bon temps du service militaire et du charme de ces pièces d'habillement (surtout quand elles devaient être blanches).Mais bon, s'agissant du sud de l'Espagne, je crois que le problème n'est pas tant dans la distorsion des systèmes sociaux que dans l'application des principes face à la réalité de l'afflux des clandestins.Il en va un peu de même pour les quotas laitiers italiens ou des plantations italiennes (ou espagnoles d'ailleurs).En fait, si l'on parle souvent de bureaucratie bruxelloise, vous savez bien qu'elle n'existe pas vraiment et qu'en réalité l'application du droit communautaire dépend entièrement des administrations nationales, avec de grandes différences culturelles.Dans ce registre on pourrait aussi relever la tolérance très spéciale dont bénéficient en France les actions syndicales agricoles, même dans les cas qui ne correspondent que de très loin aux prévisions des organisations communes de marché et qui n'améliorent pas l'image environnementale de nos chers paysans (Au fait, quelle est la taxe carbone prévue par M.R. pour les pneus brûlés dans les manifs? Il y aura peut-être une réduc car au moins ils n'enlaidiront plus les paysages sur les silos d'ensilage).Mais bon, il paraît que la Cour de justice est saisie, comme il convient dans un système fondé sur l'Etat de droit. Donc nous aurons une analyse rationnelle et sereine. 
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J
<br /> Cher Norbert,<br /> <br /> J'ai présidé pendant 5 ans la SIDO organisme payeur des aides oléo-protéagineuses colza alimentaire et industriel, tournesol, lin, chanvre, huile d'olive... sans avoir subi d'apurement<br /> communautaire pour mauvaise application des textes. J'ai donc une pratique cooncrète de l'administration communautaire et des auditeurs privés payés à prix d'or pour vous coincer. Je puis vous<br /> assurer que c'est Courtelinesque et qu'ils adorent les contrôles papiers. Bref, je n'ai jamais versé dans l'anti-Bruxelles mais elle existe bien cette bureaucratie envahissante et assez peu<br /> efficace. Elle est aussi sensible au poids des lobbys et je n'écrirai jamais quoi que ce soit sur les agréments de certains directeurs de la DG6 et du FEOGA et leurs interventions pour leurs amis<br /> producteurs coincés par nos soins et de "bonne foi". J'ai été un politique et je l'assume : je suis le premier à avoir porté plainte pour des exactions de producteurs bretons contre des camionneurs<br /> britanniques et nous sommes allés jusqu'au bout de la procédure. Etre un Ministre de l'Agri de gauche n'est pas une sinécure car on ne bénéficie pas de la modération du grand syndicat et mener des<br /> réformes n'est pas facile.<br /> La Commission est un organe politique et non une administration.<br /> En ce moment je travaille pour le Ministre sur la crise laitière c'est très instructif de l'absence totale de vision des services de la Commission c'est atterrant.<br /> <br /> <br /> <br />
N
La Commission ne s'occupe pas des distorsions de concurrence liées aux systèmes de protection sociale, mais cela ne peut pas faire une excuse dans cette affaire: elle n'a aucune compétence pour cela car il n'y a pas de politique sociale commune... On peut le déplorer, mais de toute façon, maintenant l'objectif paraît totalement irréaliste (sauf à vouloir niveler par le bas). Comme le disait un ministre récemment, ou à peu près: l'Europe s'occupe de choses dont on lui demande de s'occuper.
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J
<br /> Cher Norbert,<br /> Je ne cherche pas d'excuse, j'assume des manières d'agir antérieures à l'affaire qui agite les médias. Celles-ci étaient parfaitement connues des services de la Commission qui se gardaieent bien<br /> d'agir trop heureux que nous assumions à sa place la résolution des crises. J'insiste sur le fait que ce sont les services de la Commission qui<br /> agissent et contrairement à ce que vous pensez Norbert ce n'est pas forcément au nom de la règle communautaire mais en fonction de leur idéologie.<br /> Jean Glavany a fort bien réagi hier au soir sur la 2. Que les pouvoirs publics aient poussé le bouchon trop loin je n'en disconviens pas mais l'amalgame, le chiffrage et les intérêts de retard sont<br /> des méthodes d'intimidation classiques. Enfin puisque vous me semblez être un grand expert communautaire dites-moi<br /> pourquoi les services de la Commission n'ont jamais fait appliquer les quotas laitiers en Italie et ont tolérés les plantations illicites de vigne ?<br /> Compétence communautaire dites-vous, non tout bêtement moyen de pression sur les Etats pour qu'ils soutiennent la Commission pour constituer les fameuses majorités qualifiées. Les Ministres<br /> italiens savent très bien "monayer" leurs turpitudes. Quand aux distorsions sociales allez donc promener vos guêtres dans le sud de l'Espagne et allez ensuite discuter avec les producteurs... Bon<br /> courage<br /> <br /> <br />
M
Merci, Jacques. J'étais simplement curieux sachant, bien sûr, que tu aurais certainement quelque chose à nous dire sur ce sujet brûlant qui vient miraculeusement d'être réglé (provisoirement, à mon avis) ou enterré par le Ministre de l'Agriculture visiblement tancé par le premier ministre ou même le président. C'est comme le Rivesaltes dont tu causes : à force de mettre la poussière sous le tapis, un jour cela refera surface. Le bon vieux VDN de nos mémés et de nos pépés se vend de moins en mois, tu le sais, mais je connais des vignerons qui y croient encore et qui nous concoctent des petites merveilles qu'ils revendent à bon prix et au compte gouttes. Certes, ce n'est pas assez pour vivre maintenant que le négoce s'est éteint, mais entre l'huile d'olive, le bon petit vin à boire frais, le super rosé, le grand vin du dimanche en DOP (rien à voir avec l'ancien berlingot que l'on ouvrait sous la douche) ou l'IGT, le jus de fruit, les confitures d'abricots ou de pêches, les amandes séchées et que sais-je encore, nos braves paysans ont encore une chance de s'en sortir. Avec ou sans aides ou subvenbtions.
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