Chers vous quatre,
Suite à mes élucubrations de ce jour je m’attendais à une volée de bois vert, peut-être viendra-t-elle d’un quelconque redresseur de tort à la française du genre de ceux qui écrivent au Ministre pour avoir une médaille, mais peu me chaut car l’épice de cet espace de liberté c’est de pouvoir causer de tout et de rien, et surtout de nos petites faiblesses, sans trop se prendre le chou.
Si je prends la plume en plein après-midi, alors qu’à Paris le ciel se souvient soudain que nous sommes au mois d’août et que je viens de prendre une petite suée sur mon vélo en revenant d’une réunion au Ministère sur la crise du lait – je vous expliquerai dans une prochaine chronique – c’est que je souhaite répondre à chaud à Jean-Baptiste et à Michel Smith.
Pour Jean-Baptiste, l’Arpège de Passard n’est pas en face du 78 rue de Varenne mais sur le même trottoir au 84, à l’angle de la rue de Bourgogne. J’ai écrit une chronique «Je veux qu’on parle de la carotte comme du Chardonnay…» Alain Passard de l’Arpège http://www.berthomeau.com/article-26027688.html sur notre histoire commune car, même si nous étions voisins, et que je pouvais me rendre pédestrement chez lui, je n’y tenais pas table ouverte.
Pour Michel Smith, la réponse est : oui bien sûr, le dossier fruits et légumes est passé entre mes mains :
- de 1983 à 86 en tant que Conseiller Technique fruits&légumes, vin où nous avons négocié l’élargissement du « Marché Commun » à l’Espagne et au Portugal ;
- de 1990 à 92 en tant que Directeur du cabinet.
J’ai donc géré des crises car, pour les fruits surtout, les légumes avec les serres sont moins sensibles aux aléas climatiques, la maîtrise de la météo n’est pas encore du ressort ni des politiques ni des professionnels, les consommateurs sont d’’étranges petites bêtes et la Grande Distribution sans états d’âme.
La rapidité de l’intervention sur le marché est primordiale : avec 100 à l’instant T il est possible d’éviter une crise ou d’en atténuer ses effets, alors qu’avec 100 000 à l’instant T+1 on jette de l’argent par les fenêtres sans la queue d’un résultat sur le marché. Pendant de nombreuses années nous avons su gérer les crises, en étant parfois border line avec la réglementation européenne – avec nos instruments spécifiques sans gaspillage de fonds publics (tout était cofinancé avec de l’argent des professionnels eux-mêmes) mais le credo de la concurrence pure et dure de la Commission Européenne a mis notre système en porte-à-faux d’où la partie de bras de fer actuelle sur « les aides indues ». Cette même Commission n’a pas le même allant sur les distorsions de concurrences liées aux systèmes de protection sociale. Même si les filets de sécurité provoquaient des effets pervers, des effets d’aubaine, la dérégulation totale des marchés de produits frais va coûter plus cher à la collectivité en termes financiers et sociaux. Nous pourrons en reparler autour d’un verre un de ces jours.
Dernière chose, cher Michel Smith, dans le Roussillon cher à ton cœur, où les producteurs de fruits et légumes sont aujourd’hui en première ligne, il faut que tu saches que les viticulteurs ayant bénéficié du Plan Rivesaltes vont se retrouver dans la même situation que leurs collègues. Je n’y suis pour rien le Plan Rivesaltes étant antérieur a ma venue en tant que médiateur dans ton beau département.
Bien à vous 4 et merci pour votre fidélité.
Amitiés.