Je bats ma coulpe : c’est ma faute, c’est ma très grande faute. En 2001 je n’ai rien compris au film : notre recul, puis nos revers outre-Channel, ne sont du qu’à l’existence de margoulins sur le marché du vin.
C’est ce qu’écrit, suite à la lettre des 25 plus gros importateurs et distributeurs anglais au Ministre, un éminent expert de la JV : « Les déboires de la France du vin tiennent principalement aux limites non-marchandes franchies par des opérateurs peu scrupuleux. Ce n’est pas Bordeaux, Bourgogne, Côtes-du-rhône et les centaines autres appellations qui posent problème ; c’est le contenu de la bouteille quand il n’est pas digne de l’appellation revendiquée. »
De la daube dans nos belles bouteilles, ça je l’avais aussi écrit, mais là où je me suis totalement planté c’est que cette daube, si je lis bien l’éminent expert de la JV, n’est produite par personne dans nos belles et grandes appellations : non-lieu pour toutes ! Les coupables sont ailleurs. Où ? Selon l’acte d’accusation, qui reste dans une généralité très générale, ils sont des frères de lait de tous les margoulins de la finance «aux pratiques douteuses et immorales.» Y’aurait donc des marchands français peu scrupuleux qui auraient franchis des «limites non-marchandes» qui nous ont mis dans le pétrin ? Sans vouloir vexer l’éminent expert de la JV c’est clair comme du jus de boudin.
Pourtant notre éminent expert de la JV, qui est aussi un fin connaisseur des marchands de la perfide Albion, leur passe un savon dans le genre les clients ont toujours tort : « on pourrait sourire de cette initiative venant des champions de la promo trois bouteilles pour le prix de deux; aujourd’hui, ils se mordent les doigts d’avoir instauré, et de ne plus maîtriser, le comportement de consommateurs conditionnés à n’acheter qu’au rabais. Il serait également méchant, de ne voir dans cette démarche, qu’une certaine forme de contrition de la part de ceux, qui hier encore, engrangeaient avec boulimie les contributions promotionnelles des régions françaises, aujourd’hui en partie taries »
En plus c’est un fin limier du marigot français : « A moins que cette opération, surtout médiatique, ne soit téléguidée par quelques partenaires ayant intérêt au changement de stratégie; par exemple quelques grands groupes, qui font du chiffre accrochés à une politique prix-produit qui ne leur permet plus d’accompagner leurs ventes, ou à Sopexa, qui rêverait de gros budgets bien ficelés, comme il en existait naguère. »
Mais, « foin de tout cela, ne nous égarons pas ! Revenons à l’essentiel, au fond du message » déclare, grand seigneur, notre expert après avoir tartiné deux paragraphes de vacheries pour ensuite balayer d’un revers de plume le bla-bla des rosbifs au Ministre : « Il est vrai qu’avec nos particularismes et nos particularités, nos arsenaux de structures, nos pléthores de produits et nos rivalités gauloises, nous constituons un attelage pour le moins atypique. Mais, ne nous méprenons pas ! » Deux lignes et demi point c’est tout : normal, les français ont toujours raison comme aiment à le souligner nos amis anglais.
Ce qui suit, j’en suis persuadé, va les ravir plus encore :
1° Nous sommes les meilleurs : « Contrairement à ce que pensent, ou laissent à penser beaucoup d’observateurs, la France continue d’occuper une place à part dans l’inconscient collectif des consommateurs de la plupart des pays, Royaume-Uni compris. C’est le fruit, d’une histoire, de vins d’exceptions, de tradition, de terroirs, de culture, de tourisme, en fait d’une richesse globale qui crée une alchimie complexe qui fonctionne parfaitement. En marketing produit, les vins français sont seuls à combler les derniers niveaux de satisfaction de la pyramide de Maslow. »
Et y cause riche notre expert de la JV : la pyramide de Maslow ça en jette un max !
2° Le monde entier nous envie : « C’est cet avantage, que les autres pays nous envient, et c’est ce que nous ne devons surtout pas casser par mimétisme ou esprit moutonnier. Il est faux de dire, que la pluralité de l’offre, la complexité de l’environnement soient un handicap pour les vins français. »
Alors pourquoi qu’on – j’adore le quoi qu’on – régresse depuis plusieurs années « au point qu’elle- la France bien sûr - n’occupe plus aujourd’hui, que le cinquième rang des pays fournisseurs derrière l’Australie, les USA, l’Italie et maintenant l’Afrique du Sud. » ?
C’est parce que nous souffrons d’un double handicap : un petit et un grand.
1° Nous français nous parlons mal l’anglais et les anglais parlent qu’anglais : « Le handicap, c’est un peu, notre incapacité à l’expliquer, »
2° Nous français sommes dotés de faiseurs de daube : « et beaucoup, les actions commerciales douteuses de certains opérateurs qui viennent brouiller les cartes et tromper le consommateur. »
Donc nous revenons au point de départ : la daube. De la daube surgie du néant qui se retrouve dans la bouteille. Bref, comme je suis un peu marri de mon plantage de 2001 je me suis dis, comme ce gars est une pointure, écoutons ce qu’il propose comme mixture pour guérir le malade.
Ordonnance :
1° tout est dans les bassines : « Il faut que les bassins démontrent leur utilité et assurent une logique de production terroirs avec une segmentation commerciale adaptée, calée sur une offre qualitative, positionnée en matière de prix. C’est sur la base de cet édifice, que la France pourra repartir à la conquête des marchés, avec des produits qui auront dans leur totalité retrouvé leur origine, leur spécificité, leur authenticité, leur typicité et leur originalité. »
2° tout est dans ce qui n’est pas écrit : « Face à ces propos certains proclameront, qu’il ne s’agit là que de mots, coupés des réalités commerciales. Certes, nous sommes là au niveau des généralités, mais nous reviendrons sur le sujet pour approfondir l’approche marketing avec ses différents niveaux de communication, nous reviendrons également sur la nécessité d’une communication générique pour expliquer la nouvelle communication des signes de qualité européens ; nous reviendrons sur la structuration des offres « bassin », à organiser au plan national, nous reviendrons enfin sur un marketing global capable de générer une communication hiérarchisée autour d’un espace central, tout en créant des espaces privilégiés pour tous les secteurs de l’offre. »
Je me suis dit, bon, si après un tel remède de cheval, très yaka, notre patient qui se traine depuis 10 ans n’est pas guéri, va falloir t’y coller gars. Réflexion faites, je me suis dit : et si tu proposais un bon vieux remède de bonne femme, ça ne mangerait pas de pain. Pour nous guérir de l’ultra libéralisme qui a sévi depuis des décennies dans le monde du vin français, surtout dans le Grand Sud, y’a rien de mieux pour rassurer qu’un truc qu’on connaît, un machin qu’a fait ses preuves, pas un emplâtre sur une jambe de bois, une belle mesure qui permettrait, comme l’appelle de ses vœux notre érecteur de la pyramide de Maslow, « de limiter les errements et d’initier une politique européenne à l’échelle du monde dans laquelle perdurera une viticulture à deux vitesses », donc c’est pour ça que j’ai ressorti des ténèbres extérieures où d’affreux eurocrates l’avaient plongé : la garantie de bonne fin pour tous les vins !
Pourquoi exhumer une telle antiquité me dire-vous ?
La chasse à la daube bien sûr !
En effet, au temps de sa splendeur la séquence était la suivante :
1° sitôt la récolte un petit coup de distillation préventive : exit la super daube !
2° souscription de contrats de stockage à court et long terme : au chaud pour quelques mois la daube !
3° en fin de campagne pour les vins stockés à long terme : distillation donc exit la daube aidée…
J’exagère un chouïa car il n’y avait pas que de la daube et même, sans être mauvaise langue, certains de ces vins valaient bien certains jouant dans la division supérieure.
Absurde !
Pas si sûr, puisque notre grand expert de la JV affirme « que c’est le contenu de la bouteille quand il n’est pas digne de l’appellation revendiquée » qui est la cause de tous nos maux l’alternative est simple :
soit on ne produit plus de la daube,
soit on détruit la daube produite…
En l’absence de choix et de décisions claires c’est le marché qui détruit la daube en la consommant et la daube détruit le marché qui choisi de consommer autre chose que les vins que le Monde nous envie…
Quand à l’envolée finale de notre grand expert de la JV « Nous avons changé de siècle ; l’avenir doit se bâtir sur des formules authentiques qui privilégient une culture raisonnée, un environnement durable dans toutes ses composantes, plutôt qu’une fuite en avant destructrice pour les hommes et leur planète. » elle me semble belle comme une couronne de fleurs artificielles « à nos hectares et à nos ceps disparus » déposée sur une grande part de notre grand vignoble…
Signé : un rapporteur déchu, dégradé, humilié...
QUESTION N°12 : L
- L comme Lacryma Christi, sur les flancs de quel volcan célèbre ce vin moelleux quoiqu’assez sec les vignes sont-elles cultivées ?
- L comme Latour, la maison Louis Latour, le Grand Ardèche (chronique d’octobre 2008): avec quel président des Vignerons Ardéchois ce premier vin de cépage a-t-il été conçu et développé ?
- L comme locavores (chronique mai 2008), « les membres de cette tribu ont fait vœu de ne manger que des produits locaux. Adieu café, riz, chocolat et huile d’olive : tout ce ni pas été produit, préparé et emballé dans un rayon de 160 Km est interdit dans les assiettes… » pourquoi 160 km ?