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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 00:09

 

Non, non je n’ai pas dès le matin abusé de la dive bouteille, mon orthographe parfois défaillant, comme se plaît à le remarquer un de mes lecteurs belges, n’a pas dérapé. Le i grec donne à l’ivresse encore plus de volupté. La phrase, entre guillemets, qui me sert de titre est tirée des Essais de Montaigne livre II, chap. II. Avant d’aller plus avant sur un sujet qui peut, de prime abord, paraître « sanitairement incorrect » je vous livre la citation complète de Michel Eyquem de Montaigne, issu d'une famille de négociants bordelais, anoblie deux générations auparavant, dont la statue en marbre blanc, trône sur l’esplanade des Quinconces à Bordeaux.

« Platon défend aux enfants de boire vin avant dix-huit ans et avant quarante de s’enyvrer ; mais à ceux qui ont passé quarante, il ordonne de s’y plaire et mesler largement en leurs convives l’influence de Dionysos, ce bon dieu qui redonne aux hommes la gayeté, et la jeunesse aux vieillards, qui adoucit et amollit les passions de l’âme comme le fer s’amollit par le feu. Et en ces loix trouve telles assemblées à boire (pourvu qu’il y aie un chef de bande à les contenir et à les régler) utiles, l’yvresse estant une bonne espreuve et certaine de la nature de chacun. »

Carmen Bernand, anthropologue, professeur à l’Université Paris X exprime bien la fonction sociale de l’ivresse « Toutes les sociétés qui ont élaboré des boissons enivrantes ont cherché à transcender la réalité quotidienne par l’ivresse. Mais celle-ci a été soumise à des normes sociales qui ont prescrit les comportements des buveurs, leur participation ou leur exclusion ainsi que les moments où les beuveries pouvaient être réalisées. Les enivrements collectifs ont scandé le calendrier saisonnier et le cycle de la vie ; l’ivresse étant considérée comme un privilège, seules certaines catégories sociales ou statutaires pouvaient atteindre cet état. Bien évidemment, il n’est de règle sans transgression, mais il ressort des multiples exemples choisis dans la diversité des cultures que l’ingestion de breuvages ébrieux, parce qu’elle provoque l’égarement de la conscience, est une expérience trop dangereuse pour qu’elle soit laissée à l’arbitraire des comportements. »

Sans vouloir utiliser de raccourci, l’éternelle question posée semble bien être : « Dis-moi donc qui tu bois et je te dirais qui tu es. Mais si tu bois seul, tu n’es plus qu’un pochard, un ivrogne rejeté en marge de la société… » S’enivrer ensemble est le meilleur moyen d’inclure ou d’exclure.

L’idée de cette chronique m’est venue à la lecture de l’excellent article de Claudine Galbrun « Quand l’ivresse est devenue politiquement incorrecte » inspiré par le livre d’un historien et sociologue suisse, Gabriel Bender, « Ivresse, entre plaisir et discipline ». Celui-ci, qui apprécie le vin, se garde « d’attribuer à l’ivresse les louanges qu’elle ne mérite pas » elle serait tout au plus « une révolte désordonnée, éphémère et pathétique contre le statut d’homme. » Mais bien plus que la fonction de l’ivresse ce que Bender aborde avec pertinence ce sont les codes sociaux qui l’encadrent et délimitent les risques. À juste titre, il fait remarquer qu’il est difficile de raisonner une passion – ce que je conteste en dehors de l’amour – mais qu’il y a un fossé entre la cuite et le phénomène d’accoutumance. Ce sont les moments de consommation qui dictent les règles, est en danger celui « qui boit en dehors des usages sociaux ».

À propos du binge drinking il souligne à juste titre : « Personne ne songe à se demander pourquoi ces jeunes boivent. Pourtant la réponse est évidente : parce que la sortie de l’enfance est douloureuse, qu’ils sont seuls. Et ce n’est pas en choisissant la voie de la répression que les choses changeront. Plus celle-ci augmente et plus la consommation d’alcool devient secrète et anarchique et donc dangereuse. »

Sur le discours de modération Bender prend aussi tout le monde à contre-pied : « Quelque chose toutefois a considérablement changé. Le milieu œnologiques ont adopté le même discours que ceux que j’appelle les préventologues, un discours entièrement basé sur la discipline. Les sommeliers capables de reconnaître en une seule dégustation u terroir, un cépage, un millésime sont présentés comme des bêtes sportives. Ils s’entraînent, ne mangent ni trop salé, ni trop poivré. Une vraie discipline pour courir le marathon. Et leur savoir, porteur d’une très grande violence symbolique, fascine et intimide. Quand aux œnologues, ils organisent des cours et sont de ce fait eux aussi entrés dans la discipline, en prenant bien soin d’évacuer toute notion d’ivresse. Un discours d’esthète a supplanté le discours bachique, réduisant même le vin au statut de condiment d’un repas. On est entré dans une société de la norme et du contrôle. Les concours de poésie ont été remplacés par des concours d’orthographe. »

Là où je rejoins totalement Bender c’est que tout le discours des esthètes du vin passe largement au-dessus de la tête du consommateur moyen. Si nous souhaitons que le vin retrouve une place dans l’imaginaire de nos sociétés urbaines il nous faudra le rendre à nouveau populaire et, comme chacun sait, c’est une tâche malaisée que de s’adresser au plus grand nombre car « on si bien entre soi » pour se conforter, se chamailler de chapelle à chapelle, entretenir son petit fond de commerce. Comme me le faisait remarquer un de mes collègues pour me provoquer, moi étiqueté « homme de gauche », le problème de la démocratisation c’est la promiscuité, les papiers gras sur les plages, la foule dans les musées, les bouchons sur les routes, les avions et les TGV pleins au ras bord… Nos petits copains d’en face, eux, l’ont bien compris, c’est sur les grandes peurs de l’opinion publique qu’ils s’appuient pour développer le discours des facteurs de risques et agiter le principe de précaution. Alors, reste le seul antidote c’est le bien vivre où, sans risque d’addiction, entre amis, en famille, se donner de la gaité, rire un bon coup en buvant de bons coups, se lâcher, égaie un quotidien bien gris. Moi qui adore danser le rock jamais je l’ai aussi bien dansé qu’avec un petit coup dans le nez…

Merci à Claudine Galbrun membre de l’Amicale des Bons Vivants à laquelle vous pouvez adhérer même pendant l’été : voir la Wine News N°48 en haut à droite du blog c’est gratuit et gage de convivialité. Ouvrez vos portes et fenêtres les amis, laissez entrer le soleil, vos amis, buvez de bons coups et venez nous joindre à nous.

QUESTION N°2 : B

 

-         comme Baco, quelle AOC française conserve dans son encépagement cet hybride ?

-         comme Bizeul Hervé, hormis d’être tous les deux des blogueurs émérites, dans quel annuaire national à la couverture rouge nous retrouvons-nous classés à la lettre B.

-         comme Bordeaux fête le vin en quelle année s'est déroulée la première édition de cette manifestation ? 

 

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commentaires

C
Bonjour les ABV!!Il existe encore des amateurs de vins sans chichi. Je chante dans un groupe d'hommes, au répertoire trés particulier, du traditionnel de langues du sud, et nous nous produisons en Languedoc, pays catalan, Provence. Nous avons même parmi nous un universitaire linguiste, qui nous explique les fondements de ce que nous chantons. La cotisation consiste à apporter chaque semaine aux répétition une bouteille de vins issue de toutes origines. Nous dégustons et chantons, nous animons les caveaux, les fêtes des crus, les promenades estivales à la découverte des paysages viticoles. Le vin est notre moteur, et il est celui de ceux qui nous accueillent. Les pisse vinaigre, les développeurs des peurs du 21° siècle  n'ont pas leur place  chez nous !! Le groupe c'est Lo Cocut (www.lococut.org)
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