Moi – le moi est haïssable, je sais mais je n’ai rien de mieux en magasin pour me désigner – qui ne fut pendant de longues années passées sous les ors des palais de la République, qu’une éminence grise chuchotant des conseils à l’oreille de son Ministre, qu’un « nègre » suant sang et eau sur d’importants discours aux producteurs de fraises des bois ou de cochons en batterie, qu’un affreux nomenklaturiste rose qui ne doit son avancement qu’à son encartement, comme le dit de moi l’aimable Pierre Leclerc, qu’un sombre technocrate incolore, inodore et sans saveur, j’ai toujours apprécié les gens hauts en couleurs, un poil provocateur et un chouïa borderline. C’est mon côté soixante-huitard non révisé, ce qui bien sûr est péché.
L’art officiel me gonfle. J’aime les provocateurs ! Mais j’aime les provocateurs qui donnent un sens à leur provoc’. Alors vous comprendrez aisément que les « Terroiristes du Midi » m’aient de suite plu moi qui aie tant fréquenté des gugusses en costume à Paris et en cagoule sur le terrain. J’avoue qu’ils n’étaient pas très terroir les adeptes du double langage mais plutôt des abonnés aux délices de la distillation. Sur de telles bases je ne pouvais que soumettre cette joyeuse bande des 23 à la question. Merci à eux !
1ière Question : Serge Gainsbourg chantait les aquabonistes. En dehors de sa saveur, est-ce aussi pour « lutter » contre l’éternel « à quoi bon » de certains dans le Sud de France que vous avez créé cette explosive appellation ?
Réponse des Terroiristes : Effectivement, il serait très facile, tellement plus facile de succomber au défaitisme ambiant. Puisque nous arrivons à la fin de l’histoire, il n’y aurait plus rien à faire. Certains nous proposent même d’arrêter de boire du vin, source de tant de maux. Eh bien non, n’en déplaise à certains, nous n’adhérons pas à ces idées. Sans être pour autant idéalistes, nous avons opté pour une attitude radicalement différente. La période compliquée que nous traversons est l’opportunité de se remettre en question, de se renouveler. Alors, vous dîtes que notre nom est explosif. Peut-être l’est-il un peu mais les Terroiristes ont aussi et surtout les pieds sur terre, les pieds dans la terre.
2ième Question : Comme vous le savez, j’adore les « marques ombrelles » avec un grand B, allez-vous en offrir, une ombrelle bien sûr, aux londoniens et londoniennes pour qu’ils s’abritent du soleil ? Plus sérieusement : mouvement de circonstance ou entreprise pérenne que ces Terroiristes du Midi ?
Réponse des Terroiristes : Les Terroiristes du Midi regroupent 23 producteurs du sud de la France. L’idée à l’origine de ce regroupement n’est certainement pas de s’abriter sous une ombrelle et attendre que la tempête passe. Notre démarche est foncièrement dynamique. Dans les temps difficiles que nous traversons, nous cherchons une voie, peut-être parfois hors des sentiers battus. Et dans cette recherche, nous faisons nôtre la devise des mousquetaires : « un pour tous, tous pour un ».
Cette démarche se veut pérenne. Même si notre participation à la London International Wine Fair a particulièrement marqué les esprits, nos premiers faits d’armes ont eu lieu en Belgique et en Hollande à la fin du mois d’avril, et nous avons d’ores et déjà prévu de nouvelles actions, à commencer par la venue de journalistes anglais dans notre région au mois de septembre prochain. Non, les Terroiristes du Midi ne sont pas un simple feu de paille !
3ième Question : Tout naturellement, par construction oserais-je dire, les Terroiristes du Midi ne sont-ils pas des membres naturels de l’Amicale du Bien Vivre à la française, version Sud de France of course ? Êtes-vous prêts à un ralliement massif pour cette juste cause ?
Réponse des Terroiristes : Votre proposition illustre votre bonne lecture du concept des Terroiristes du Midi. En fait, plusieurs d’entre nous sont déjà membres de l’ABV. Pourquoi pas un ralliement massif ... pour montrer que l'on peut consommer sainement, boire modérément et partager convivialité et joie de vivre!