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10 mai 2009 7 10 /05 /mai /2009 00:08

 Nous laissâmes le Gustave s’enfiler sa mousse en lui laissant croire qu’il allait s’en tirer à un si bon compte. D’Espéruche l’observait avec la sordide gourmandise d’un charognard qui attend que sa proie soit suffisamment faisandée pour aller la déchiqueter à sa guise. Raymond ronflait béatement en rêvant sans doute aux charmes exquis de sa nouvelle dulcinée car il poussait, par instant, des légers gloussements de plaisir. Un coup de sonnette intempestif le ramenait brutalement à la réalité. Gustave rotait puis éructait dans son dialecte chuintant « qu’est-ce qu’elle vient encore me faire chier celle là !  Moi j’en ai marre qu’elle me pisse dessus en écoutant de la musique de nègres… » D’Espéruche méprisant lui claquait le bec « elle ne te pisse pas dessus tas de saindoux. C’est une femme fontaine. Tu devrais lui lécher la chatte au lieu de brailler comme un goret… » Le Gustave se rengorgeait « mais qu’est-ce que tu nous chantes pauvre fiotte, quand je dis qu’elle me pisse dessus c’est qu’elle me pisse dessus la salope… » Raymond haussait les épaules « je vais ouvrir. Te donnes pas la peine de lui expliquer c’est du lard rance qu’il a dans le ciboulot. Tu ferais mieux de le cuisiner car on a mieux à faire… » Gustave blêmissait « me cuisiner c’est quoi  s’t’engeance ! » D’Espéruche lui envoyait en guise de réponse deux mandales appuyées.


Gustave pissait le sang sur la moquette immaculée. Aux côtés de Raymond, une belle bourgeoise trentenaire, en tailleur Chanel court et quincaillerie ad hoc, contemplait la scène avec gourmandise en serrant son petit sac à main sur sa poitrine. D’Espéruche bourrait de coups de pieds les flancs de Gustave qui chouinait « mais pourquoi vous me faites ça moi j’chui prêt à tout pour vous… »  Je ricanais « c’est bien ça qui nous défrise roulure tu es prêt à tout pour tout le monde. T’es le VRP multicartes de la balance Gustave. Nous on veut l’exclusivité de tes services alors on te fait bénéficier d’une petite avance sur recette pour que tu saisisses bien ce que nous attendons de toi. Si t’es réglo pas de problème tu pourras continuer de bénéficier des grandes eaux de madame. Sinon, du côté eau ce sera plutôt la politique de l’entonnoir. Pigé ! Qu’en pensez-vous chère madame ? » Elle ôtait ses gants et me tendait une main aux ongles parfaitement manucurés « vous avez l’âme d’un chef, Adeline de Lucigny-Ducinge… » Je lui baisais la main ce qui soulevait un cri désespéré du Gustave « à ben merde les v’là qui s’font des lècheries… » Du bout de ses escarpins vernis Adeline écartait les pans de la braguette ouverte de Gustave en commentant à mon adresse « voyez-vous cher monsieur, j’aime ce qui est sale, ce qui pue. Et le bout de viande, dont ce gros porc est fier, empeste comme le Maroilles dont il se goinfre. Quand je l’enfourche, même s’il bande un peu mou, j’ai vraiment la sensation de m’enfiler un ver blanc… et ça me mets dans des états pas pareil… »


Dans la 403, alors que nous filions vers chez Yvette sa sœur Raymond philosophait. « Tu vois mon grand je crois que votre petite sauterie de mai a pété toutes les digues. Marcellin croît que ce sont les fêlés de la GP qui vont mettre le bordel. Il se fout le doigt dans l’œil jusqu’à l’os. Le bordel il va venir des femmes. Elles vont tout péter et ça va être une chienlit pour de vraie. Pas pour un petit mois, non, non du définitif.  Fini les femmes au foyer ! Elles vont faire chier les mecs, les tenir par la queue bien plus encore qu’avant. Libérer les femmes c’est ouvrir une boîte de pandore dont personne ne mesure les conséquences. Va y’avoir du dégât, ça va déménager et ça c’est une vraie révolution. Tu vois je t’envie d’être jeune car j’aimerais vivre ça…» Je l’écoutais s’épancher en pensant que nos affaires roulaient bien. Nous avions laissé Gustave et Adeline aux bons soins de D’Espéruche car cette dernière, outre son goût prononcé pour la viande faisandée, semblait apprécier au plus haut point les manieurs de schlague. Gustave tiendrait la bougie pendant que la culotte de peau la pendrait en mains. Les temps étaient interlopes et le président Pompe allait, avec l’affaire Markovic, en faire la très cruelle expérience. Comme le disait justement le Raymond nous avions fait sauter la bonde du tonneau et la séquence « on baise à tout va » s’ouvrait. Elle se butterait, une décennie plus tard, sur le VIH.

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