« L’histoire du Château Bellegrave pourrait-être le journal d’une amitié entre un père et un fils… »
« Jean-Marie Bouldy a été formé dans un lycée agricole, ses maîtres lui ont enseigné la viticulture et l’œnologie […] À la sortie de l’école, il rejoint la vigne familiale, Château Bellegrave, où il travaille avec son père. […] Quand il a repris la propriété en 1980, Jean-Marie gérait déjà 130 hectares de vignes pour 6 propriétaires différents. »
Quelques réflexions de Jean-Marie Bouldy qui traduisent son évolution :
« J’ai appris la plante, la vie de la plante, mais personne ne m’a appris à raisonner… »
« Nous étions suivis par des techniciens qui s’occupaient des sols, des maladies, etc. Le savoir évoluait à toute vitesse, nous leur faisions confiance, un peu comme à des médecins de famille. Il y avait un problème, ils apportaient une solution. »
« Tu vas participer avec ton vin à la nourriture humaine, or tu t’empoisonnes toi-même si tu ne te protèges pas, et tu empoisonnes tout le monde… »
« J’avais la tête dans le guidon, pas le temps de réfléchir, et puis il n’y avait pas d’informations sur des méthodes alternatives. À partir de l’an 2000, j’ai allégé ma charge de travail, ce qui me donne plus de temps pour raisonner. »
Donc à partir de là : « Il a remis en question tout ce qu’il a pu. Son père, bien que retraité, l’a accompagné dans cette aventure pratiquement jusqu’à son dernier souffle. L’histoire du Château Bellegrave pourrait-être le journal d’une amitié entre un père et un fils, d’une confiance inébranlable l’un dans l’autre. Le résultat, c’est une façon d’envisager la culture qui rejoint par bien des points celle d’Anselme Selosse : le retour à la terre. »
Les belles histoires, emplies de pâte humaine, je les aime. Celle-ci est contée dans un petit livre vert : « L’Intelligence du Jardinier » par Anne-France Dautheville chez Arthaud. Dans son essai, d’une plume fluide, dépourvue d’outrances, elle prône le respect des plantes. « En massacrant la plante, nous rongeons la vie. Et pourtant, nous savons comment agir autrement, sans y perdre notre bien-être. Il suffirait de considérer notre monde d’une autre façon ; de comprendre d’où il est né, qu’il est toujours en train de naître, jour après jour, non point de notre intelligence, mais du travail discret, obstiné de la plante. »
Le retour à la terre dont il est question est celui de Claude et Lydia Bourguignon « Le sol, la terre et les champs » aux éditions Le Sang de la Terre qui « détaille les très subtiles complémentarités entre les minéraux, l’air, l’eau, les bactéries et les animaux. Des mécanismes incroyablement astucieux relient les plantes à tout ce petit monde ; le paysan au fil des ans, au fil des millénaires, a su s’immiscer dans ce concert sans jamais l’interrompre… » écrit-elle. Tout l’esprit de l’auteur est résumé dans une note en bas de page « par principe, je ne démolis jamais un livre, et je ne parlent que de ceux qui m’enthousiasme… »
Je lui laisse la plume dans la continuité de son récit :
