Le titre de ma chronique associant notre divin nectar à la philosophie pourrait représenter un répulsif puissant pour ceux d’entre vous qui ne souhaitent pas, dès le matin, se prendre la tête. Je les rassure de suite Arnaud Villani auteur d’un Court Traité du rien chez Hermann Editeurs www.editions-hermann.fr est un philosophe modeste, plein d’humour qui « cherche de l’herbe pour s’asseoir et deviser entre amis ».
L’auteur, ce qui doit être l’abomination de la désolation pour nos amis prohibitionnistes, dédie son Court Traité du rien au Castel Oualou. Et oui mes chers amis, c’est t’y pas beau ça qu’un professeur de philosophie en Khâgne au Lycée Masséna de Nice, un artisan de têtes bien faites, un homme au contact direct de notre belle jeunesse, avoue ainsi sans doute des amitiés vigneronnes. Lisez le texte qui suit, il est écrit dans une langue compréhensible de nous tous pauvres buveurs et le vin, du moins son étiquette, inspire l’auteur en lui permettant d’introduire d’une bien belle manière son parcours à travers les cultures, les philosophies et les anecdotes du rien. Le vin en apéritif c’est très tendance : « et un Castel Oualou pour la tablée ! »
« Sur la route qui mène d’Avignon à Bagnols-sur-Cèze, on peut voir l’étiquette agrandie d’un grand vin, ornant un énorme fût à l’ancienne : Castel Oualou. Il faut passer plus d’une fois pour voir aussi, sur le castel traditionnel indiquant les bons cépages, une croix de Saint-André. Cela nous revient alors : en arabe, oualou signifie « rien du tout » (avec ce geste de la main qui passe deux fois sous un menton bien rasé).
Castel Oualou est donc une feinte et ne peut s’entendre qu’avec le sourire. On pourrait la traduire par Château Mon Œil, Château Cours Toujours, Château Bernique, Château Tu te fouilleras ou, dans une langue plus châtiée : De Château, point. L’anecdote ne s’arrête pas là. Car les propriétaires, attaqués en justice par des viticulteurs concurrents, n’eurent pas de mal à démontrer qu’il n’y avait ni publicité mensongère ni utilisation abusive voire frauduleuse de la dénomination « Château », puisqu’il était bien spécifié sur l’étiquette, par le nom et par le dessin, que c’était d’abord un castel et qu’ensuite il n’en était justement pas question. Et si l’on objectait que nous les usagers de la route qui va d’Avignon à Bagnols-sur-Cèze n’étaient pas forcément connaisseurs de la langue arabe, on pouvait se replier sur l’argument du dessin, montrant la chose et, du même geste, la niant ou plus exactement la déniant. D’où l’idée que, tout de même, « le rien, c’est quelque chose ! ». Et qu’à condition d’être appuyé sur quelque chose, il peut trouver sa place et faire son nid comme n’importe quel autre coucou du monde.
L’air de rien, cette anecdote est de grand enseignement. Le propre du philosophe qui a roulé sa bosse et « à qui on ne la fait pas », est de ne plus révérer les grands noms et de philosopher à partir de rien. Et par exemple, une bouteille de vin, envisagée même, on le voit pour son habillage et non pour son contenu ! Car pense-t-on sérieusement une seconde que, sur son lit de mort, la Justice, la Liberté et la Raison, en Majuscules et en grand apparat, viendront le visiter en noble prosopopée et l’inciter à prononcer, purs vers d’or, quelques inoubliables « dernières paroles » ? La philosophie est déjà grande, elle n’a nul besoin des grands signifiants. Elle commence dans l’herbe.
Le seul moment d’intense philosophie dans Platon, c’est lorsqu’il laisse Socrate (le vrai, non celui de Platon, comme on pourrait dire « Christ, le vrai, non celui de Paul ») chercher avec Phèdre « de l’herbe pour s’asseoir ». Cette grande parole éclipse bien des âneries exaltantes, dites sur un ton grand seigneur. Le vrai, c’est que l’homme est ici pour trouver « de l’herbe pour s’asseoir » et deviser entre amis. Ainsi, une étiquette de vin fera bien l’affaire.
Traité en paradigme, cet exemple des plus mince nous apprend ceci : le pouvoir du rien est sa capacité d’interroger le quelque chose. Ainsi, du fait qu’un vin (bon ou mauvais, qu’importe ici !) s’orne de l’image et du nom d’un château, c’est comme si nous avions mis de la noblesse infinitésimale sur notre table et dans nos verres. Le regret toujours vif d’avoir été contraint d’en finir avec le pur symbolique (noblesse, lignée, sang, la geste héroïque, l’héraldique, les châteaux et domaines) initie et renforce ce désir fou d’un « comme si de noblesse », reporté dans les meubles, la vaisselle, le décorum. Ainsi les enfants jouant à la dînette alignent leur être sur ce jeu. La généralisation du snob (s. nob, sine nobilitae, suivait dans les registres les noms de ceux qui ne pouvaient faire état de « quartiers ») est l’une des raisons d’une compulsion des dépenses somptuaires qui creusent le fossé entre riches et pauvres et jettent non plus l’argent mais bien la Terre par les fenêtres de l’Univers. »
SCEA Domaine de Castel Oualou Jean François Assemat
BP 15
30150 Roquemaure Tél : 04.66.82.65.52
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