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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 00:11

Même si dans le Landerneau du vin nul ne songerait à me décerner l’Oscar du « chroniqueur le plus sérieux de l’année » le titre de ma chronique ne me doit rien, il n’est que le copié-collé d’une information glanée dans le n° de février 2009 de la RVI sous la rubrique « Les Bacchus 2008 » Mais alors qui est donc le père de cette cuvée  « l’Ami de Carla et de Nicolas » du Père Puig ? Suspens ! Qui est donc ce mystérieux Père Puig ? Un peu de patience mes chers amis. j'aime flaner, prendre des chemins de traverse, évoquer qu'en des temps reculés je fus le « médiateur » de la crise des Rivesaltes, et qu'à ce titre je fus convié au dîner de la nuit des Bacchus 1998 à Perpignan. Quel beau lien entre mes souvenirs et l'énigmatique cuvée « L’ami de Carla et de Nicolas » primée dix ans après.

 

* Détail : l'AVI est le papé en catalan, le grand père... à la RVI comme moi on cause pas le catalan alors on est excusable...

Donc si mes souvenirs sont bons c’était un samedi soir, ou un vendredi, peu importe. Le Tout Perpignan était au rendez-vous des Bacchus. Ces dames arboraient leurs toilettes de soirée et certains messieurs étaient empapillonés. Avant de passer à table je serrais des paluches et, comme à l’accoutumée, je me laissais aller à faire un peu de mauvais esprit, à propos de tout et de rien, avec les chefs de tribus et quelques amis du cru. Comme je faisais parti du paysage, les catalans, qui commençaient à me connaître, prenaient le parti d’en sourire. Pour ne rien vous cacher, ce n’était pas moi la vedette de la soirée mais Sophie Favier, une ex-coco girls de Stéphane Collaro, dont les appas (pour les canaillous ils sont visibles sur la Toile mais je ne mets pas de lien afin de ne pas me faire taxer de site X) ne laissèrent pas l’estrade indifférent. En effet, comme toujours en ce genre d’évènements, après les longs discours des divers présidents, ce fut l’interminable litanie de la distribution des Bacchus. Par bonheur, miss Favier, qui a un cheveu sur la langue, à son corps défendant – si je puis m’exprimer ainsi –  écorchait joyeusement ou buttait sur les patronymes catalans des lauréats ou ceux des domaines gagnants. Ces messieurs sur la scène l’entouraient, s’affairaient, bourdonnaient, s'échauffaient. Bref, l'évocation des dérapages incontrôlés de la Sophie Favier ce soir-là m’offre une belle transition avec là où je veux en venir : en effet je ne peux m'empêcher de d'imagner que « j’eusse beaucoup aimé entendre la Favier énoncer  l’identité du Père Puig, alias José Puig, mais cette année-là aucun Bacchus ne lui fut décerné… »

 

Mais qui est donc ce José Puig (prononcer puich) me direz-vous ? C’est une de mes vieilles connaissances. Les circonstances de notre rencontre, en 1984 – 25 ans déjà – valent d’être contées. Mon cher Ministre, qui n’était pas encore l’ambassadeur des manchots, ce cher Michel Rocard, homme d’ouverture, souhaita que je le représente au Congrès des Caves Particulières que tous les gouvernements de droite comme de gauche ignoraient pour ne pas déplaire à la puissante Confédération des Caves Coopératives (les audois Antoine Verdale et Achille Gauch s’adoraient). Donc, un bel après-midi, je me rends à Blois, au château, à l’invitation de François Chambovet président de la CNCP. Accueil courtois, chaleureux même. Comme dans tout Congrès qui se respecte : discours à la chaîne. Arrive le tour de José Puig. Je rappelle que nous étions en pleine négociation d’élargissement à l'Espagne et au Portugal de ce qui n'était alors que la Communauté Européenne à 10. Dans le Grand Sud, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était chaud. Donc, dans la plus belle tradition des harangues sudistes j’eus droit, de la part du catalan José Puig, vigneron et producteur d’abricots, à une volée de bois vert. La plate-forme du marché St Charles de Perpignan il connaissait le José. En plus il ne se privait pas de mettre les rieurs de son côté le José. Applaudissements nourris. Quand vint mon tour, le représentant du Ministre cause toujours le dernier, je plaidai la cause de l’élargissement avec pugnacité sans me faire chahuter et j’eus droit, moi aussi, à une belle bordée d’applaudissements. Et, comme dans ce genre d’occasions, tout fini par un banquet, c’est autour d’une bonne table, avec de belles bouteilles dessus, que José et moi avons scellé une « vieille complicité ». Pour parodier Anne Roumanoff « on ne vous dira pas tout… »

 

Vous comprenez donc mieux que lorsque j’ai découvert que la cuvée « L’ami de Carla et de Nicolas » provenait du facétieux José, ni une ni deux je l’ai appelé. Ça faisait un sacré bail qu’on ne s’était pas causé. José Puig était dans son camion, il allait au salon des VIF à Strasbourg. Je lui pose la question à mille francs : « pourquoi l’ami de Carla et de Nicolas ? » Tout simplement me répond José ce sont les prénoms de deux de mes petits enfants… » Sacré José, toujours le même, rien ne l’arrête. Bon, c’est OK, il m’envoie une bouteille du Grenache noir tuilé primé mais aussi une bouteille de Rancio 1972. Mais, ce qu’il faut que vous sachiez c’est que notre José, c’est un original, c’est un iconoclaste et, avec son Père Puig, en vin sec, comme on dit au pays du vin doux, il s’est permis beaucoup de « fantaisies » très en avance sur les conceptions de l’époque et il s’est ainsi taillé une belle réputation. " José Puig fut un des pionniers de la production de vins de cépages en implantant dans les terres alluviales de la Salanque du merlot et du cabernet-sauvignon. C’est après avoir parcouru les grands vignobles de France qu’il s’est intéressé au patrimoine ampélographique des appellations les plus prestigieuses dont il a toujours rapporté quelques greffons. Ainsi, après les cépages bordelais, le chardonnay et le viognier ne tardèrent pas à rejoindre ses vignes." Moi qui suis un garçon fidèle en amitié, même si certains me l’ont reproché lorsque j’étais « médiateur » du Rivesaltes, j’ai toujours eu un faible pour l’ami « de Carla et de Nicolas ». Merci José d’être resté toujours égal à toi-même.


Reste à vous dire pour conclure cette chronique buissonnière tout le bien que je pense du Rivesaltes en général et du Grenache Noir Tuilé de José en particulier. Comment avons-nous réussi l’exploit de faire boire à une majorité de français des Portos bien banaux alors que dans le même temps nous laissions les Rivesaltes décliner jusqu’à un quasi-oubli ? À Perpignan, et dans tout le département, pendant deux ans, j’ai répondu à cette question. Je ne vais pas y  revenir mais à trop vouloir vivre d’une petite rente en s’accrochant à un privilège fiscal obsolète et ravageur on en oublie l’essentiel : les consommateurs. Tout est à refaire. Tout est à reconstruire. Les places sont chères sur les linéaires. Le temps des gros volumes est derrière nous. On me dit que le Rivesaltes, sur de nouvelles bases, va redorer son blason. C’est tout le bien que je lui souhaite mais la partie sera rude et, selon la formule maintenant consacrée, je pense qu’il vaut mieux agir quand le baromètre est au beau fixe plutôt que réagir quand il file vers tempête. Ça fait moins de dégâts dans les rangs des vignerons et ça ne laisse pas une région dans l’état où se trouve ce beau département des Pyrénées-Orientales cher à mon cœur de « médiateur ».

Avant de goûter la cuvée du facétieux José Puig j’ai filé jusqu’à la Pâtisserie Laurent Duchesne, à deux pas de chez moi, 2 rue Wurtz dans le 13ième contac@taurent-duchene.com , meilleur ouvrier de France et meilleur éclair au chocolat de Paris – adresse recommandée aux membres parisiens de l’ABV, et à ceux qui viendraient respirer le bon air de Paris –  pour bien sûr acheter des éclairs au chocolat. Je vous assure que le Grenache Noir Tuilé 2000 du Père Puig, même si c’est encore un jeune homme, en compagnie des éclairs du Père Duchêne, c’est le « double péché de gourmandise » avec circonstances aggravantes puisque nous sommes en carême. On se lèche les doigts, on se pourlèche les babines et on se dit qu’à la première occasion on récidivera…


 

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