L’histoire qui suit est un magnifique bras d’honneur à la bande à Houssin les prohibitionnistes déclarés. Elle est de la plume de Marc Dugain. Un écrivain dont j’apprécie le talent pour conter des histoires. Je vous recommande deux de ses livres : La Malédiction d’Edgar (il s’agit de Hoover le patron du FBI) et Une exécution ordinaire (la lamentable histoire du sous-marin nucléaire russe qui s’abîme dans les profondeurs inaccessibles de la mer de Barents). L’extrait suivant est tiré de son dernier livre « En bas les nuages 7 histoires », et de l’une d’elle « Légende naïve de l’ouest ordinaire ». Deux étudiants en buiseness à l’Université de San Franscico, Kyle et Saul, au retour de chez les parents de ce dernier, sont bloqués en rase campagne car leur voiture, une Sting Ray décapotable, a été heurtée par un daim. Un vieil homme, Larson, qui passe leur propose de les héberger pour la nuit. Le dialogue s’instaure quand celui-ci leur dit « Entrez, vous devez avoir faim. J’imagine que vous n’avez pas dîné ? »
- […] Je vais vous faire des cuisses de canard confites. J’ai appris à faire ça en France, après la guerre. J’achète mes canards à un éleveur et je fais mes conserves moi-même. C’est rapide à réchauffer et c’est délicieux avec des petites pommes de terre et un coup de rouge. Du rouge français de préférence. Pas le sirop qu’ils font dans la Napa Valley en se donnant des airs d’outsiders. Ça vous va ?
- C’est vraiment gentil à vous, monsieur Larson mais…
- Allez c’est parti, venez avec moi à la cuisine. J’adore faire la cuisine, mais je déteste rester seul aux casseroles quand je prépare un dîner pour plusieurs. Vous allez voir, vous ne le regretterez pas, je suis un expert. Vous avez des scrupules de nutritionnistes, le canard ne laisse pas de dépôt dans les artères. Il y a longtemps que je me suis mis à ce régime méditerranéen : légumes, fruits, ail, canard et vin rouge. Tous mes clignotants sont au vert depuis ! Et si j’ai pris un peu de poids, ça n’a rien à voir avec mon alimentation. Ce sont mes écarts, les mélanges whisky-bière qui m’ont collé cette chambre à air sur le bide. Quand on vit seul, on n’a pas le choix. Si on devient un cordon-bleu, soit on dépérit. Pendant que j’arrange tout ça, je vais vous servir un verre de vin, tiens.
- Pas pour moi, dit Saul.
- - Toi, j’ai tout de suite vu que tu n’étais pas le genre à boire. Ni à baiser d’ailleurs, je suis prêt à le parier ! T’es plutôt du genre matérialiste dématérialisé, je me trompe ?
Devant le ton que prenait la conversation Saul hésita entre la surprise et la vexation.
- Ton copain à l’air plus enclin à goûter l’existence !
- Je veux bien un verre, fit Klyde.
Saul semblait se replier sur lui-même. Larson sortit une bouteille de vin français sous l’évier et l’ouvrit tout en poursuivant.
- C’est du Gaillac, un vin du sud-ouest de la France. Vous m’en direz des nouvelles. Après on ouvrira un pécharmant… »
Marc Dugain voilà un bon écrivain naturellement ami de l'Amicale des Bons Vivants, à introniser rapidement : qu'en pensez-vous les amis de l'Amicale ? La campagne d'inscription bat son plein, parlez-en autour de vous pour que des petits clics fassent une grande et belle Amicale.