Monsieur le Président de la Ligue contre le Cancer,
Je n’ai pas l’honneur de vous connaître mais ayant fait parti, pendant un temps, du Comité de la Charte dont votre association faisait partie au même titre que l’ARC, les Restaurants du cœur et les 40 plus grandes associations caritatives faisant appel au don public, je sais que vous êtes une institution sérieuse qui travaille depuis longtemps à combattre le Cancer.
J’étais présent le dimanche 16 novembre lors de la Vente des Hospices de Beaune, et plus précisément au grand moment de la Vente à la bougie – comme au bon vieux temps - du tonneau que, depuis 1945, les Hospices de Beaune mettent aux enchères pour soutenir une ou plusieurs œuvres caritatives. On la dénommait « pièce de charité » c’est désormais la « pièce des présidents » : cette année Jean-Pierre Marielle et Michel Blanc, flanqués de Sophie Vouzelaud 1ière dauphine de Miss France, une frêle et volontaire jeune fille affectée d’une surdité de naissance. Cette année cette pièce était un Pommard 1er Cru « Dames de la charité ». Marielle soutenant la Ligue contre le Cancer et Blanc lui l’association Enfants d’Asie qui vient en aide à plus de 8000 enfants, orphelins ou en situation de détresse au Cambodge, au Laos, au Vietnam et aux Philippines.
Pour ne pas trop rallonger mon courrier je cite un extrait de ma chronique : « Les enchères virevoltaient, 20 000 devant, 35000 ici, 40 000 au fond, le commissaire-priseur se prenait pour Karajan, je retenais mon souffle comme si par je ne sais quel sortilège je prenais le parti de mon énigmatique voisin écossais. Ils n’étaient plus que deux, dont mon favori. Un blanc, le temps suspendait son vol, l’enchère à 50 000 et, il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que ce serait le prix de marteau de la pièce que je préfère appeler « pièce de charité ». Adjugé à : James Thomson, mon inconnu récupérait une identité. À la tribune, entouré des deux présidents, notre homme, se fendait d’un bref petit speech en anglais. Manifestement mon favori n’était pas du genre à faire étalage de sa générosité. Il avait déjà acquis, en 2004, la pièce de charité, un Mazis Chambertin Grand Cru " Cuvée Madeleine Collignon" »
Voilà donc 50 000 euros, dont une belle partie irait conforter vos efforts, Monsieur le Président. Mon bonheur serait, comme le vôtre, parfait si ces derniers jours je n’avais découvert dans la presse les propos étranges du Directeur Général de la Santé, du Président de l’INCA et d’une sous-fifre de l’INRA. Que lis-je dans la presse : « pas un seul verre… » Je traduis « même pas un de Pommard 1ier cru « dames de charité ». Vous vous êtes donc associé, monsieur le président, à une entreprise de perversion du bon peuple de France. Vous avez pactisé avec « des bootleggers bourguignons » Auriez-vous ramassé de l’argent « sale » issu du commerce pernicieux de ces marchands du Temple ? À aucun moment je ne mets en doute votre bonne foi et soyez sûr que suis à vos côtés pour affronter l’opprobre de ceux qui manient avec une légèreté blâmable d’études qui, quand on prend, comme moi, la peine de les lire, ne disent pas ce qu’ils disent.
Bref, Monsieur le Président, je ne vais pas m’étendre mais, au passage, ne pensez-vous pas que le Directeur de la Santé devrait prendre une mesure administrative de fermeture des Hospices de Beaune puisque ces établissements vivent du produit de leurs vignes, donc de la destruction de la santé du bon peuple de France et d’ailleurs – mais d’eux Houssin s’en fiche ils sont hors sa circonscription administrative ? Le Cancer est un mal trop sérieux pour que la lutte menée contre toutes ses formes tombe dans une communication faisant la part belle au sensationnel, à la mise en avant d’interdits d’un autre âge. C’est faire injure au sens des responsabilités de nos compatriotes. C’est nous transformer en un troupeau triste et soumis. D’ailleurs, lors du déjeuner qui succédait aux AG de l’ARC, où je participais en tant que censeur de l’association, il y avait du vin servi au buffet. Nous étions dans le domaine de la raison et non dans celui du slogan.
Je m’en tiendrais là, monsieur le Président, et comme vous avez pu le constater il n’y avait dans mon propos aucune agressivité mais une certaine tristesse de voir que dans notre beau pays nous en soyons encore à ce niveau de débat. Que la stigmatisation de ceux, pères et mères de famille eux-aussi, que l’on encense par ailleurs pour leur rôle éminent sur nos beaux territoires viticoles, pour leur contribution à une richesse nationale mise à mal par la mondialisation, soit ainsi maniée en des conférences de presse peuplées de journalistes conquis, ne semble une lâcheté indigne de serviteurs de l’Etat.
Sans trop savoir si ce courrier parviendra jusque sous vos yeux je vous prie tout de même d’agréer l’expression de mes salutations les meilleures.
Jacques Berthomeau
Note de bas de page :
LaNutrition.fr a recueilli l’avis de Michel de Lorgeril, cardiologue et nutrionniste, chercheur au CNRS à Grenoble : « il n’existe pas à ce jour de démonstrations scientifiques absolument intangibles dans un sens positif ou négatif car il manque un argumentaire décisif en recherche médicale humaine, l’essai clinique, qui seul peut montrer des relations de causalité indéniables ». Manque d’étude ou divergences de points de vue ? Les parties en opposition devraient peut-être régler leurs différends autour d’un verre...