La chasse à la tendance est de plus en plus tendance. J’ai levé, dès mai 2008, les locavores
http://www.berthomeau.com/article-19897396.html
qui font florès depuis dans les new magazines, plus récemment Jean-Claude Ribaut dans le Monde traquait le « drunch »
http://www.berthomeau.com/article-27032564.html,
et voilà t’y pas que Catherine Bernard, dans Vitisphère, déniche de derrière les fagots un Valaisan – encore un, la Suisse deviendrait-elle tendance depuis que ses banques se dévergondent - avec un patronyme british : Turler William qui, sur www.largeur.com, nous dégote les héritiers des vins de garage : les adeptes du « cottage wine ». Comme l’écrit Catherine c’est « du dernier chic ». Pour preuve la déclaration, avec tout le sérieux suisse, d’Eddy Bridy imprimeur de son état – y peu même faire ses étiquettes – qui élabore son propre vin sur deux parcelles de 600 et 300 m2 en campagne vaudoise. Soit 600 bouteilles de blanc et bientôt 250 de rouge.
« Mon vin est plus typé que celui d'un grand producteur. Je mise davantage sur la qualité que sur la quantité, ce qui me permet d'obtenir un taux de sucre plus élevé, donc un vin plus dense. De plus, je peux attendre le meilleur moment pour récolter, ce qui privilégie la maturité du raisin.»
Lisez la chronique elle vaut sont pesant d’Appenzell.
De plus, comme notre chroniqueur de l’Est du Jura nous signale qu’ « une société californienne, Provina, commercialise pour 4'500 dollars un grand boîtier métallique de forme ovale, baptisé Winepod, www.winepod.net/ qui guide l'usager dans les différentes étapes du winemaking du pressage, à la fermentation, en passant par le contrôle du pH ou de la qualité du vin. L'utilisateur doit d'abord commander le raisin, qu'il verse directement dans le récipient, puis une connexion Wifi le relie à un logiciel qui l'assiste pour la suite du processus. Cerise sur le gâteau, pour 100 dollars supplémentaires seulement, la société fournit une machine manuelle d'embouteillage... » moi, qui ai très mauvais esprit, je fais une proposition à tous les adorateurs de la vinification dans l’aire de production, surtout dans celles du type timbre-poste, où chaque cm2 vaut de l’or, comme par exemple à Pomerol, d’intimer l’ordre à tous les pékins, qui n’ont que quelques arpents et pas de chais in situ et qui vinifient à quelques kilomètres en deçà de la ligne de démarcation, de faire, avec Winepod, des vins de mobil home.
Mon ironie, que certains jugeront facile et outrancière, ne signifie pas pour autant que je fusse partisan des raisins baladeurs, loin s’en faut. Cependant, j’ai toujours eu beaucoup de mal à avaler que cette règle puisse être érigée en signe absolu de garantie de qualité et d’authenticité. Combien d’exemples, à Maury, à Pomerol, un peu partout ailleurs dans notre belle France de la vigne, où derrière elle l’ombre portée de grands féodaux se profile pour cadenasser plus encore leur rente de situation. De qui se moquent-ils ? Surtout pas d’eux-mêmes mais de nous. Ne pourrions-nous pas, un tout petit instant, cesser de graver dans le marbre des règles, bonnes en soi, mais que selon que l’on soit puissants ou misérables ne s’appliquent que dans un seul sens. Comme d’ordinaire, je m’occupe de ce qui ne me regarde pas, sauf que, dans cette affaire, je ne suis qu’un cochon de consommateur et que j’en ai un peu par-dessus la tête qu’on me bourre le mou avec des garanties qui n’en sont pas. L’inscription dans les décrets d’appellation de règles sérieuses du respect de l’environnement, du respect de ce fameux terroir, me rassurerait plus que toutes ces broutilles pour quelques hectomètres parcourus par les raisins pour aller se faire presser "à l'étranger".