Vous connaissez mon peu de goût pour l’utilisation de la médicalisation des bienfaits de notre nectar sur notre santé en réponse aux assauts des hygiénistes. Moi c’est le plaisir, rien que le plaisir, un plaisir avec des lendemains heureux et je ne laisse le soin, à qui que ce soit, Diafoirus ou diseurs de vérités sur le vin, de mettre la main sur mon hygiène de vie. Les conseilleurs ne sont jamais les payeurs. Cependant, sur cet espace de liberté, comme l’information prime toujours sur mes goûts et mes couleurs, je me dois de faire état des avancées scientifiques sur une pathologie inquiétante : l’obésité où nos grands maîtres de la santé publique pataugent, comme ils le font pour l’alcoolisme, car ils méconnaissent ou sont incapables d’appréhender les causalités sociales profondes de ces pathologies.
Je vous propose donc ce matin : tout d’abord l’approche très originale de l’obésité de Max Lafontan, directeur de recherches INSERM, Hôpital Rangueil, Université Paul Sabatier de Toulouse (unité de recherche sur les obésités U586), spécialiste mondial de cette pathologie, chercheur atypique et présenté comme un homme « Direct, souriant et chaleureux, ce "bon vivant" n’hésite pas à calculer en public son propre Indice de masse corporelle en guise d’explication concrète ! » ; puis les travaux d'une équipe de chercheurs, dont Pierre Louis Teisseidre de l'UFR d'œnologie de l'Université Bordeaux 2, viennent de démontrer les effets préventifs des tanins du vin contre l'obésité d'origine nutritionnelle ; et enfin les publications de chercheurs de l’Université Louis Pasteur en collaboration avec l’Université de Harvard, l’Université de Kuopio et l’entreprise pharmaceutique Sirtris pharmaceuticals, qui apportent de nouvelles données sur l’impact métabolique du resveratrol dans l’organisme.
1- L’obésité est une pathologie (c’est de la physiopathologie) révélant la difficulté de l’homme à intégrer la transition économique rapide à laquelle il est confronté.
Un faisceau de facteurs va venir perturber son existence... et il est inadaptable rapidement.... Peut-être aura-t-on une chance au fil des générations de parfaire notre adaptation dans ce nouvel univers obésogène ? On peut répertorier un ensemble de points qui caractérisent cette transition :
- Augmentation de la sécurité des apports alimentaires (régularité et quantité).
- Mise sur le marché d’aliments sucrés et gras à bas prix et à forte densité énergétique.
- Influence néfaste des médias qui inondent les enfants et les consommateurs de messages publicitaires pro-consommation sponsorisés par les grands de l’agro-alimentaire.
- Rareté et piètre qualité des messages "santé" au sein de la société. Faiblesse des pratiques préventives.
- Extension de l’alimentation hors domicile avec explosion des lieux de repas sommaires (croissanteries, sandwicheries et lieux de restauration rapide de piètre qualité mais à bas prix).
- Diminution importante (et utile) des travaux à haute pénibilité.
- Extension de la motorisation et des systèmes de transport passif.
- Diminution des opportunités d’activité physique dans la vie de tous les jours.
Max LAFONTAN, D.Sc.
- 2 Polyphénols du vin et obésité www.u-bordeaux2.fr/
Une découverte importante
Une équipe de chercheurs de l'Université Bordeaux 2 (Laboratoire de Chimie appliquée, Faculté d'Œnologie, UMR INRA 1219 ISVV) et de Montpellier1 et 2 (EA 4188, Nutrition Humaine, Biodisponibilité & Athérogénèse) annoncent une découverte importante sur les effets préventifs des tanins contenus dans les pépins de raisin contre l'obésité.
« C'est la première fois que l'on arrive à démontrer que les tanins du vin ont un effet sur la production d'hormones impliquées dans l'obésité" explique Pierre-Louis Teissedre, le chercheur bordelais.
« Les résultats de nos recherches montrent que la consommation chronique de tanins de pépins de raisins a un effet potentiellement bénéfique sur le développement de l'obésité et les voies métaboliques liées, comme la sécrétion d'adipocytokines de leptine et le stress oxydant impliqués dans les complications cardiovasculaires »
Ces travaux sont publiés dans Molecular Nutrition Ford Research sous le titre « La supplémentation d'un extrait de pépins de raisins Chardonnay riche en procyanidines prévient l'obésité nutritionnellement induite chez le hamster en réduisant le stress oxydant ».
Des chercheurs de l’Université Louis Pasteur en collaboration avec l’Université de Harvard, l’Université de Kuopio et l’entreprise pharmaceutique Sirtris pharmaceuticals, apportent de nouvelles données sur l’impact métabolique du resveratrol dans l’organisme.
« Le resveratrol est un dérivé phénolique localisé dans certaines plantes, les cacahuètes et la peau du raisin noir. Il se trouve en grande quantité dans le vin rouge. Les résultats obtenus par ces recherches montrent comment le resveratrol améliore la dépense énergétique des souris et les protège contre l’obésité et le diabète.
L’étude a été dirigée par Johan Auwerx, professeur à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire3. Au niveau macroscopique, les chercheurs ont remarqué qu’un complément de resveratrol dans l’alimentation des souris a une action notable au niveau des muscles. En présence de resveratrol, les fibres musculaires affichent une forte consommation d’oxygène donc une grande dépense énergétique, que se soit dans une situation d’exercice, au cours de laquelle les souris font preuve d’une endurance surprenante, mais également lors de périodes d’inactivité.
Au niveau moléculaire, les chercheurs ont étudié la voie de signalisation intervenant dans ce processus qui les a conduit jusqu’à la mitochondrie4. Cet organite localisé en grand nombre à l’intérieur des cellules musculaires a pour rôle de générer de l’énergie. Ils ont observé que le resveratrol active une protéine de la famille des sirtuines5 (SIRT1) qui à son tour entraîne une activité accrue d’une protéine impliquée dans les fonctions mitochondriales. Le resveratrol en agissant sur les mitochondries favorise la dépense énergétique et donc la réduction de prise de poids.