Flâner chez Galignani, « the first English bookshop established on the continent », au 224 rue de Rivoli, un samedi, c’est participer à l’extension du domaine du plaisir : atmosphère impalpable, hautes travées de livres, boiseries patinées, un parquet lustré qui chuinte sous les pas, le parfum subtil des mots imprimés, le touché des jaquettes glacées, le silence feutré, quasi-religieux, la quête de l’opus rare, l’excitation de la découverte, l’addiction radicale, la légèreté de l’âme, la petite mort de l’esprit…
Je pense à vous. Je flaire. Dans la pénombre il est là, enserré, prêt à s’offrir à mes mains. Je le libère. Je le caresse. Je l’ouvre. C’est toute une histoire. Celle de Valentino Monticello, né à Vicenza, où ses parents tiennent un hôtel. Il a le manger et le boire dans le sang: « he was brought up with food and wine in his blood. » À l’âge adulte, en 1950, lorsqu’il déménage à Londres c’est tout naturellement qu’il devient sommelier au Club 21. Comme de bien entendu, ça va de soit, même pour un italien, il tombe amoureux de nos grands vins de Bourgogne et de Bordeaux avec une vraie passion pour le Château d’Yquem. Dans le milieu des années 1980, il est promu Sommelier du prestigieux "Harry's Bar" de Londres qui, comme chacun sait ou ne le sait pas, propose sans doute la meilleure cuisine italienne de cette capitale. Mais notre homme a d’autres cordes à son arc, la peinture et le dessin, c’est un artiste. Il lui faut libérer son énergie créatrice. Étrangement, sa première commande publique est une fresque murale destinée à une maison de retraite. Au lieu de peindre, il choisit de faire un collage en utilisant les étiquettes de vin… Il les découpe, les organise avec un souci incroyable du détail. Il créé une scène fascinante qui illumine la vie des résidents.
Dans le milieu des années 1980, Valentino Monticello, passionné d’opéra – ses racines italiennes : il connaît les acteurs, leurs performances ; il connaît la partition et la libretti en détail ; il connaît les mythes et les légendes qui entourent l'opéra – il a l’ambition de produire un livre « Opera & Wine ». Les textes seront écrits par son ami Luciano Citeroni, rencontré au Vinaly de Verone: « Throughout the journey we passed the time by talking about wine and music and I was greatly impressed by his considerable knowledge on both subjects. We subsequently became very good friends.” . Une fois qu’il a trouvé une scène spécifique, il l’illustre à l'aide d'étiquettes de vin du pays où l'opéra a été écrit. Par exemple, « La Bohème » de Giacomo Puccini utilise uniquement des étiquettes de vin français… D’autres opéras sont spécifiques à des régions viticoles, par exemple « Il viaggio a Reims » de Gioacchino Rossini propose uniquement les étiquettes de vins de Bourgogne. La confection de ce livre prendra de nombreuses années. Son lancement se fera à la National Gallery de Londres en 2002.
Une belle histoire ne trouvez-vous pas chers lecteurs !
L’album est scindé en 2 parties : Opera&Wine (Opera for America, Opera for Europe… etc.) et Wine in Opera (Wines of America, Wines of Europe…etc.) c’est une mine d’or.
Valentino Monticello a créé 74 planches originales.
Pour que vous vous fassiez une petite idée de la structure de l’ouvrage (qui est en anglais) je vous offre : La Bohème de Puccini : page de gauche la planche de Valentino Monticello, page de droite le texte de Luciano Citeroni : l’historique de l’opéra et un extrait du livret…
La Bohème
Music Giacomo Puccini
Libretto Giuseppe Giacosa&Luigi Illica
First Performance 1st February 1896, at theTeatro Regio, Turin
C’est l’ACTE 2 qui se passe sur la terrasse du café Momus
Schaunard et Colline : « Allegri, e un toast ! » - « Joyeux amis portons un toast ! »
Marcel (au garçon) : « Qua del Liquor ! » - « Ici, de l’alcool ! »
Mimi, Rodolfo et Marcello : « E via i pensier, alti i bicchier ! Beviam ! » - « Et trêve de réflexion ! Levons nos verres ! Buvons !»
Tous : « Beviam ! » - « Buvons ! »
Marcel : « Ch’io beva del tossico ! » - « Et que moi je boive du poison ! »