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26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 10:00

 

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Comme je me suis glissé dans la peau de Norbert Le Forestier, c’est mon côté John Malkovich, en écrivant le 24 février qu’il avait « été piégé comme un vulgaire gibier par une gourgandine en jupons. » j’ai décidé ce matin de montrer au bon peuple que, même une modeste concierge de village, a des lettres et des références qui lui permettent de coucher sur le divan un hobereau, qui n’est même pas sur le plateau, pour percer ses pensées les plus intimes. 


« La libertine ivrogne, elle, en use à peu près ainsi : elle s’arrange pour boire d’abord plusieurs verres de vin afin qu’on la sente sur elle. Puis elle sort dans la rue, prend la démarche de celle qui est prise de boisson et cherche son premier pâturage parmi les hommes  qu’elle rencontre. Quand elle en voit un qui lui semble apte à lui procurer ce qu’elle désire, elle le suit jusqu’à ce qu’il arrive dans un chemin peu fréquenté. À ce moment, elle l’aborde en face, lui donne un grand coup de poing sur la poitrine, le saisit par le collier. Puis elle chancelle comme les gens ivres jusqu’au dégorgement. Et elle lui crie :


- Toi, un tel…


Elle lui lance n’importe quel nom, comme si elle le confondait avec un autre sous l’emprise de la boisson.


- Traître ! Perfide ! continue-telle. Tu as aimé une telle, comme si elle était meilleure que moi. Tu as cru que je ne le saurais pas, tu as multiplié devant moi les faux serments… Par Dieu, je ne vais laisser aucun vêtement sur toi sans le déchirer sur-le- champ.


- Elle s’agrippe alors à ses habits et les tire, jusqu’à ce qu’il dise enfin :


- Femme, ne fais pas cela ! Tu te trompes sur mon identité.


- Dès qu’elle entend ces mots, elle prend une attitude embarrassée, brisée, comme si elle allait s’évanouir, puis elle chancelle et dit :


- Ô mon frère, couvre d’un voile décent ce que Dieu a caché. Je suis ivre.


Elle s’éloigne alors en marchant péniblement, tombant sur le sol et se relevant à plusieurs reprises. L’homme la voit dans cet état et ne tarde pas à la convoiter. Il se dit : »Voilà une occasion à ne pas manquer. C’est une proie toute prête… on peut la manœuvrer comme on veut ». Il s’empresse donc de l’accompagner chez lui. Elle commence par refuser :


- Non, je ne trahirai pas mon ami ! Si je ne t’avais pas confondu avec lui, je ne t’aurais pas abordé.


L’autre s’entête dans son projet, poussé par la convoitise et le désir. Finalement, il offre à la femme beaucoup plus que le prix normal. »

 

Ahmad Al-Tifachi (XIIIe s.)

 

Les délices des cœurs éditions Phébus

 

Traduction de René Khawam


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