Moi qui ne suis qu’un mécréant, enfant de chœur défroqué et enfant du rock essoufflé, je suis un fan du chant byzantin et de l’une de ses stars Sœur Marie Keyrouz www.kairouz.com/ (si vous souhaitez avoir un petit aperçu de son talent cliquez sur le lien) et, il y a quelques années, j’ai eu le plaisir d’aller l’écouter en l’église Saint Roch dans le premier arrondissement de Paris. « Il faut l’entendre pour comprendre ce que spiritualité veut dire comme une lente montée vers les sublime… Son dernier disque (La Passion 2CD) n’est rien d’autre qu’une stupéfiante improvisation où la Callas croiserait Oum Kalsoum. » écrit le critique musical du Point.
Comme musique et vin, en une forme sublimée de la spiritualité, s’accordent et se transcendent, je vais chroniquer sur le vin des moniales du Monastère de Solan dans le Gard qui, chaque jour s’assemblent à l’église pour « louer le Seigneur, dans des offices de rite byzantin, chantés en français et célébrés selon la tradition du mont Athos, dont elles dépendent. » Lors du salon Marjolaine, au parc Floral de Vincennes, j’ai gouté et acquis auprès de deux de leurs représentantes, une très jeune et une assez âgée, en soutane et foulard traditionnel, deux flacons représentatifs de leur production : un haut de gamme la Cuvée St Porphyre 2006 vin de pays des Cévennes, 85% de Syrah et 15% de Grenache noir à 18 euros, c'est du costaud, bien membré mais qui gagnerait à un peu plus de subtilité, et la Cuvée St Martin 2007 vin de pays des Cévennes un patchwork de cépages 30% de Grenache, 25% de Syrah, 25% de Cinsault et 20% de Carignan,fort agréable, léger et fruité, à 6,5 euros. Pour plus de renseignement www.monasteredesolan.com/
Solan, qui fut à l’origine une propriété agricole de l’abbaye Saint-Saturnin-du-Port cultivé par des moines du XIe au XVIIIe siècle, a retrouvé sa vocation monastique depuis 1992 avec les sœurs qui ont décidé de ne pas « abandonner la terre » mais de repenser la mise en valeur du domaine : 40 ha de forêt et 20 ha agricole. Afin d’assurer leur subsistance, elles cultivent des vignes, des fruitiers et un grand potager tout en veillant sur la forêt méditerranéenne avec sa zone humide comportant des espèces de flore et faune protégées. Les sœurs ont donc choisi une option écologique globale en « partant d’un inventaire des ressources disponibles…de cultiver l’ensemble du domaine en tenant compte de la nécessité d’entretenir et de prendre soin de la vitalité du sol. Traitée selon des méthodes agronomiques respectueuses de son intégrité, la terre peut ainsi donner le meilleur d’elle-même avec des produits bénéfiques à la santé de ceux qui s’en nourrissent. Par ailleurs transmettre une terre féconde et vivante est un devoir moral incontournable à l’égard des générations futures » écrivent-elles.
Alors, il ne faut pas s’étonner que Le Monde du jour de l’An titre : « L’artisanat monastique ne connaît pas la crise ». On se presse, tout près de chez moi dans la boutique de l’Artisanat Monastique, tenue par des bénévoles www.artisanat-monastique.fr, là où j’achète mes confitures ou au Comptoir des abbayes www.comptoir-des-abbayes.fr qui vient d’ouvrir dans le 9ième où « les huiles d’olive des bénédictins du Monte Olivo, en Toscane, y côtoient les vins au genévrier et au gingembre confectionnés par les Sœurs de Solan dans les Cévennes. » La cuvée Saint Porphyre 2006 est présente chez Lafayette Gourmet. Nos chères Sœurs de Solan, toutes écologistes qu’elles fussent, ne sont pas non plus dépourvu d’humour et d’un sens aigu du marketing, puisque leur rosé elles l’ont baptisé « Mon bien aimé avait une vigne. » Et oui, le vin monastique c’est très chic et écologique ma chère !