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27 avril 2006 4 27 /04 /avril /2006 09:34

Nos assemblées, nos réunions, la majorité des intervenants de notre secteur du vin sont des individus de sexe masculin, très senior - les moins vieux semblent déjà programmé pour des trajectoires parallèles à celles de leurs aînés - des gens qui passent beaucoup de temps hors de chez eux, une population qui petit à petit se détache des réalités de la vie quotidienne. Et, alors que je lisais un roman policier de la nouvelle tendance des polars, je suis tombé sur un paragraphe qui m'a fait sourire et donné l'envie d'écrire cette chronique.

" Je suis sorti du café à l'heure exacte où le Monoprix en bas de chez moi ouvre ses portes. Faire les courses c'est une corvée. Alors, je me les cogne à l'ergonomie, je construis mes itinéraires pour vaquer simple, je peste après ceux qui n'ont pas la même moyenne, faut que ça roule, qu'il n'y ait pas d'accrocs, pas de fâcheux qui bloquent, pas de rêveurs qui lambinent, oublient de peser leurs légumes, ou s'aperçoivent qu'ils ont gommé mentalement leur code de carte bleue... La vitesse, l'efficacité." Jean-Bernard Pouy Le rouge et le vert Gallimard série noire

Cépa lémec kifon lécourse en règle générale et c'est dommage car pousser le chariot dans l'hyper ou tirer le caddie au marché ou faire le tour des petits commerces avec son panier ça permet de vraiment sentir comment évolue la consommation. Sans me désolidariser de mon sexe de rattachement, nul n'est pas parfait, j'ai toujours fait les courses. Je n'en tire aucune gloire mais comme j'estime que la bonne compréhension de l'économie générale passe par la maîtrise des fondamentaux de l'économie ménagère. C'était et c'est encore pour moi une forme de travaux pratiques.

En faisant les courses on peut sentir les évolutions, anticiper les tendances : par exemple les premières tomates branchées, les fameuses tomates grappe vendues plus cher, étaient des tomates provenant de Sicile, goûteuses et exquises, elles marquaient le début d'une politique marketing. Même chose pour le rayon des huiles alimentaires : à l'arachide de grand-mère s'est substitué Fruit d'Or qui a couvert nos champs du Sud-Ouest de Tournesol et puis vint l'huile d'olive avec Puget qui a conquis les consommateurs du nord de la Loire. On peut multiplier les exemples. Le rayon vins est le plus conservateur, le plus illisible, il semble figé pour les siècles des siècles.

Et puis on voit les prix. Et puis on voit les gens. Et puis on jauge la qualité et son rapport avec le prix. Et puis on suit l'évolution de son budget alimentaire. Et puis, si on aime faire la cuisine comme moi, désolé je suis un renégat à la cause masculine, on sait que les bons achats sont la base de tout. Je m'arrête car je sais que j'agace et monsieur Courau va dire que je pars dans tous les sens, et oui la vie ce n'est pas blanc ou noir, c'est plein de contradictions entre le comportement du consommateur et celui du producteur toujours prompt à réclamer le patriotisme à l'acheteur mais qui lui-même ne se préoccupe guère de l'origine de ce que son épouse ramène à la maison.

Bonnes courses les mecs !

   

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commentaires

J
merci monsieur le client de Monoprix , nous nous soignons pour la lisibilite du rayon.<br /> clarifier l 'offre !!<br /> bonne journee<br /> jpa
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S
mais non, mais non vous ne nous agacez pas mon cher Jacques, vous nous faites réfléchir, et comme c'est pas tout les jours qu'on peu discuter librement avec quelqu'un qui a de l'esprit, j'en profite sans en abuser j'espère. <br /> Ceci dit faisant partie des gens qui ne regardent pas trop d'ou arrive ce qui se retrouve sur ma table ... j'aurais une petite pensée pour vous ce week-end, car hélas ma chère et tendre me condamne a la grand messe des courses une fois la semaines (SIC).<br />  
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P
rénégat moi-même, j'adhère à votre petit mot de ce matin...<br /> les tomates grappes, les navets bien ronds, les habituelles golden...il y a bien peu de variétés dans nos rayonnages!<br /> mêlant course et activité culturelle (je regarde les caddy de mes voisins), je constate parfois que la cuisine de nos mères et grands mères se perd largement. les effets de mode, les coups marketing ect...limitent quand même les choix. cette réflexion après avoir regardé le rayon des vins de mon supermarché du coin. peu varié...en bordeau comme en bourgogne (un comble à gevrey chabertin!) et une place étendue aux vins étrangers (chili, espagne, italie).<br /> de plus, je ne suis pas rénégat à moitié, je repasse, fais le ménage, fais la cuisine (sacrilège! je fais mes pâtes moi même!) ...et constate que bien peu de produit (en plus, je lis les étiquettes...quel salaud...) sont issu de notre bonne chère france. comment concilier les discours de nos patriotes et les sourcing des grands sociétés?(où les centrales d'achats sont basées de plus en plus souvent en suisse).<br /> bref, sans être un militant "coffien" je regrette quand même nos petites épiceries...<br />  <br /> même la vache qui rit est produite en hongrie...
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