Qui se souvient d’AOM ? Pas grand monde et pourtant pendant plus de 2 années je m’envolais toutes les semaines d’Orly-Sud sur Air Outre Mer pour atterrir sur l’aéroport de Perpignan en permanence balayé par la tramontane dans un vieux Mac Donnell Douglas avec ses deux réacteurs Pratt&Whitney placés à l’arrière sur le fuselage. Lorsque nous virions pour effectuer l’atterrissage face au vent la carlingue vibrait et dans l’ultime descente nous avions le sentiment d’être un fétu de paille balloté par les turbulences. La compagnie, filiale de Swissair, menait grand train et le service à bord était de qualité : les plateaux repas et les vins servis excellents. Et puis, Swissair fit faillite, AOM fusionna avec Air Liberté et la nouvelle compagnie Air Lib, hormis de repeindre ses vieux avions, nous traita comme de vulgaires passagers d’une compagnie charter avant de disparaître elle aussi dans une faillite frauduleuse. Plus d’avion, plus de mission, je mettais le cap sur Cognac.
Souvenirs, souvenirs, la Maison de l’Agriculture avenue de Grande-Bretagne, je pourrais égrener les noms de mes interlocuteurs, ceux aussi des villages où je me rendais, mais ce matin, à la veille de Noël, je vais m’arrêter à Calce, plus précisément au Château de Calce cher au cœur de Jean-Claude Balmigère président de la cave coopérative www.chateaudecalce.com/ et de vous proposer son Muscat de Noël : « Ce premier Muscat de l'année est issu d'une vinification différente de celle de l'Appellation Muscat de Rivesaltes à partir des cépages Muscat petit grain et Muscat d'Alexandrie. Cette particularité en fait un vin jeune, frais, fruité au goût de bonbon anglais. Ce n'est pas un vin de garde, ce Muscat est idéal pour accompagner les foies gras, en apéritif, les viandes blanches, les poissons ou, encore une fois, les desserts au chocolat et autres gourmandises telles les fruits sec, les fruits exotiques, les sorbets, les pâtes d'amande au moment des fêtes de Noël et de Nouvel An. » Jean-Claude Balmigère, s’il me permet cette expression, avait 2 amours : le Comité Interprofessionnel des Vins Doux Naturels et bien sûr le Château de Calce. J’ai sacrifié sur l’autel de l’Union Européenne le CIVDN mais j’ai passé une merveilleuse journée avec Jean-Claude Balmigère à explorer les merveilles et les secrets du terroir de Calce.
Dix ans déjà, le « médiateur » de la crise des VDN que j’étais constate, avec une grande tristesse, l’état d’une grande partie de la viticulture de ce beau département. Le texte de l’interview qui suit, extrait de l’édition du 21 novembre de l’Indépendant, qui n’a aucun lien avec mon coup de cœur pour le château de Calce, me semble emblématique, dans la langue « boisée » du DDAF, de ce que dans « Cap 2010 » nous avons tenté d’anticiper. Des regrets, qui n’en auraient pas à ma place… Mais comme dirait l’autre mon expertise sur ce dossier est si mince qu’elle ne vaut même pas la peine d’être sollicitée… (La coopération représente dans les PO 75% des apports, 78% des vins doux et 73% des vins secs.)
Un audit a été commandé par l'Etat sur la situation économique des caves coopératives. Vincent Faucher, nouveau directeur départemental de l'agriculture, en tire les enseignements.
Quels sont les points négatifs relevés par cette étude ?
Tout d'abord un déficit d'image, avec une atomisation de l'offre et une adaptation insuffisante aux nouveaux marchés.
Ce qui débouche forcement sur une absence de vision prospective. L'audit déplore également une certaine absence de mobilisation visant à élaborer un projet économique avec des carences au niveau des actions collectives
La gestion des caves coopératives est-elle remise en cause ?
Sans aller jusque-là, disons qu'il a été relevé des problèmes de gouvernance avec une implication variable des présidents et des conseils d'administrations.
Ce qui peut effectivement conditionner la pérennité de certaines coopératives. Sur un aspect plus comptable, cette étude fait apparaître un manque d'homogénéité entre structures au niveau des comptes de résultat avec des approches financières complexes à décrypter.
Création d'un observatoire économique Que préconisent les auditeurs ?
La création d'un observatoire économique avec, pour commencer, l'élaboration d'une dynamique commerciale connectée à une étude approfondie de la situation économique et sociale des coopérateurs. Ensuite une restructuration des caves basée non plus sur le principe de rapprochements géographiques mais sur des critères de rentabilité. Enfin une meilleure efficience des gouvernances avec l'émergence d'une dynamique économique à l'échelle départementale.
Sans oublier le principe d'une optimisation financière avec notamment la valorisation des stocks.
Concrètement, comment allez-vous procéder sur le terrain ?
Tout d'abord, il faut considérer qu'il s'agit là d'un module qui pourrait parfaitement être intégré dans le cadre du Projet Agricole Départemental. Ensuite, je tiens à préciser que cet observatoire va impliquer la DDA, la Trésorerie Générale, mais aussi la Fédération des Caves Coopératives, la Chambre d'Agriculture, le Centre d'Economie Rurale et le Comité Interprofessionnel des Vins du Roussillon.
Nous allons collecter les informations auprès de chaque cave et les restituer, après analyse, en toute transparence aux coopérateurs.
La profession a d'ailleurs validé à l'unanimité la lettre de mission.
Ne craignez-vous pas quelques réticences ou crispations de la part de certains présidents ou directeurs de caves ?
Bien sûr la restructuration déjà en marche du monde coopératif peut conduire vers un remodelage des responsabilités.
Mais au regard des difficultés que traverse la profession, peut-on faire l'économie d'une telle analyse.
Il s'agit là d'une opportunité nécessaire, peut-être sans précédents. Il n'est pas question ici de sanctions ou de chasse aux sorcières. Mais d'une alternative, souhaitée par tous, à une accumulation de difficultés.
Propos recueillis par Jean-Paul Pelras
Je lis aussi, toujours dans l'Indépendant, " La coopérative d'Espira de l'Agly a mis la clé sous la porte" c'est l'urgence pas le temps des audits et de la réflexion...