Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 00:00

"La vente d'alcool sera interdite dans les stations services à tout moment, et non plus seulement entre 22 heures et 6 heures du matin. "

La question posée par cette mesure envisagée par le gouvernement est simple : est-ce que le lieu d’achat influe sur la consommation excessive ?

Le commun des mortels se rend dans une station-service pour faire de l’essence ou du gazole, vérifier la pression de ses pneus, acheter de l'huile ou du liquide pour son lave-glace. Il est rare que madame dit à monsieur ou l'inverse : " chéri va chez Esso acheter du Bonnezeaux..."  Alors, dans quelles circonstances, lors du paiement du carburant, l’automobiliste peut-il être « tenté » d’acquérir une ou plusieurs bouteilles d’alcool ? Pour sa consommation personnelle à domicile car il rentre chez lui, ou pour ne pas arriver les mains vides chez des amis, ou si c’est sur une aire d’autoroute pour profiter d’une offre régionale… Bien sûr, ça n'exclu pas les biberonneurs en solitaire mais le fait d’être au volant ne confère aucune dangerosité à l’acte d’achat car, si c’était le cas, il faudrait interdire aux Grandes Surfaces soit de vendre du carburant, soit de vendre de l’alcool car les consommateurs y viennent avec leur petite auto. La consommation in situ, dans la voiture, en solitaire ou en bande, n’est pas liée au lieu d’achat : l’alcool consommé peut-être acheté n’importe où. Sauf à entrer dans un système de prohibition, ou d’instaurer un permis de consommation, raréfier les lieux d’offre d’alcool n’aura aucun effet sur la consommation excessive : un addict, étant donné la nature irrépressible de son besoin trouve toujours le produit pour l’assouvir. L’exemple des pays à monopole démontre que ce système n’a que peu d’effet sur le développement de la consommation, bien au contraire. À trop jouer sur des associations de pensée simplistes : achat d’alcool par un automobiliste/chauffard à taux d’alcoolémie élevé on détourne l’opinion publique des véritables causes de la consommation excessive.

Dans le même ordre idée j’ai du mal à comprendre que l’interdiction des « opens bars », que j’approuve, se fasse sous une forme qui interdirait « toute proposition gratuite du produit » ce qui équivaut à interdire toute forme de dégustation. Que les « open-bars » soient un « classique des soirées étudiantes qui favorisent le binge-drinking », c’est une évidence. Cependant les données de l'enquête Escapad qui a révélé qu' « au cours des 30 derniers jours, près de la moitié des jeunes de 17 ans disent avoir bu au moins cinq verres d'alcool en une seule occasion », ce qui est la définition du binge drinking", ne signifient pas que ce soit le monopole des soirées étudiantes. Cette d’alcoolisation violente touche tous les jeunes en des lieux les plus divers : caves d’immeubles, la rue, les fêtes privées…etc. à la campagne, dans les bourgades comme les villes. En revanche, le fait de proposer de déguster gratuitement, dans une manifestation commerciale ou au domaine, un produit alcoolisé, en l’occurrence dans la majorité des cas : du vin, outre qu’en général on recrache le produit, ne peut en aucun cas s’assimiler à une incitation à l'alcoolisation excessive ; à l'extrême de ce raisonnement : servir du vin à des amis lors d'un repas à la maison ou offrir une bouteille lorsqu'on est invité pourrait s'assimiler à une pernicieuse incitation à s'alcooliser.

Bref, quand en finira-t-on de laisser à penser à l’opinion publique qu’une lutte efficace contre l’alcoolisme peut se réduire à des mesures de ce type ? L’obsession de la communication : une mesure annoncée occupe l’espace médiatique pendant une période donnée puis est chassée par une autre ou par un évènement et tout le monde l’oublie jusqu’à l’irruption d’un nouveau leurre. Pour exemple, le logo femmes enceintes sur les étiquettes : à quoi sert-il, qu’elle est son efficacité ? Comme le montre si bien le récit du Dr Olivier Ameisen, http://www.berthomeau.com/article-24275011.html

 http://www.berthomeau.com/article-24403391.html ce n’est pas l’accès au produit, ce n’est pas le flacon qui provoque la consommation excessive. C’est l’angoisse, le stress, le mal être, la solitude, les accidents de la vie, l’exclusion qui poussent certains de nous à chercher, à se réfugier, à tomber dans le piège d’un ailleurs qui serait meilleur. Nous ne sommes plus au temps d’un alcoolisme des classes « dangereuses », mais face à une société éclatée, peu solidaire, confrontée aux contradictions de la consommation excessive de tout et, comme le temps que nous vivons, la première crise de la mondialisation, est anxiolytique, substituer à la responsabilité individuelle une responsabilité collective basée sur l’interdit produit plus d’effets pervers que de résultats probants.

Partager cet article
Repost0

commentaires

M
Cher Monsieur Berthomeau,<br /> Quand vous affirmez "La vente d'alcool sera interdite dans les stations services à tout moment, et non plus seulement entre 22 heures et 6 heures du matin. "je trouve que vous allez un peu vite en besogne et je sais que dans le cas d'espèce vous ne prenez pas vos désirs pour des réalités.Car en l'état actuel votre affirmation n'est en fait qu'une proposition qui sera (ou pas) dans le projet de loi qui doit être discutée en Janvier prochain.Je vous rappelle que ce n'est pas la première fois qu'un telle mesure est demandée et qu'elle a été pour l'instant toujours refusée par le parlement.Pourquoi en serait-il autrement cette fois-ci? Je vous informe qu'à l'assemblée générale de l'Association nationale des elus de la vigne et du vin (ANEV) qui s'est tenue hier matin ( 26.11) à l'assemblée nationale le co-président P.Martin et le secrétaire général S.Poignant ont informé qu'ils avaient rencontré la ministre et que sur ce point elle leur avait demandé de faire des propositions pour envisager le maintien de cette vente.Donc à suivre... et ne mettons pas la charrue avant les boeufs surtout que pour le coup les boeufs ça risquerait bien d'être une fois de plus les consommateurs de vin.Quant au livre de Olivier Ameissen je suis d'accord avec lui et j'en conseille la lecture à tous les français.<br /> M.Olivier<br /> Directeur de l'ANEV
Répondre
J
<br /> <br /> Cher Monsieur Ollivier, moi je retrancris une déclaration de Roselyne Bachelot c'est tout et je ne vais pas vite en besogne je me contente d'argumenter sur l'inanité de l'approche qui est avancée<br /> par les services du Ministre et leurs alliés habituels. Je trouve étrange que vous parliez de mon affirmation car, que vous le vouliez ou non, dans l'opinion publique c'est cette information qui<br /> est retenue. Quand à dire que ce n'est pas la première fois, certes, mais c'est la technique habituelle qui fait qu'un jour ça passe : exemple le superbe logo femmes enceintes. Je ne doute pas de<br /> la pugnacité des parlementaires du vin je constate simplement qu'en face la puissance de tir est plutôt en leur faveur. Nous verrons bien ce qu'il en adviendra.<br /> <br /> <br /> <br />
E
L'éducation sans relâche sera garante d'une réplique constructive.
Répondre

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents