Le nouveau est arrivé proclame-t-on, sur les murs, cette année. C’est signé Ben la star des trousses, des cahiers, des classeurs, de nos chères têtes blondes, le grapheur du Jaja de Jau. Mais ce nouveau c’est t’y un bizuth, un jeunot qui pointe le bout de son nez en ce 20 novembre ? Pas vraiment, c’est un gars qu’à 57 balais, donc un encore jeune ou un pas encore vieux vu que la retraite chalute maintenant avec les 70 printemps. Oui mais le gars, après avoir connu l’ivresse des stars, ce l’est même pété grave avec banane incorporé, à depuis quelques années, un coup mou, comme Bigard à Hébertot, le trou d’air. Y’ a même des gars de Lyon, un comble, qu’ont écrit un gros mot, qui pour un litron le rapprochait plus de l’étron que des exhalaisons de bonbon : fraise tagada et tout le tralala. En mots plus choisis, même si la bibine du père Bonnet n’est pas très loin, Guirec Gombert, dans le Figaro Vins écrit, lui, « Le beaujolais nouveau a souffert très certainement aussi de sa mauvaise image et sa piètre qualité. Vendu à peine quelques euros dans les grandes surfaces, son image de piquette lui colle à la peau. » Donc, lifting et, comme seuls les communicants savent le dire : « Pour rajeunir son image de marque et limiter la baisse de ses ventes, le beaujolais nouveau s'offre une campagne de publicité géante, signée par l'artiste français Ben » Moi je veux bien qu’il suffit de se faire tirer la peau pour paraître jeune mais il ne faut pas totalement pousser le pépé dans le caniveau. Du Beaujolais Nouveau y’en a du bon, y’en a toujours eu, et ceux qui jettent la « pierre » à Georges Duboeuf sont bien oublieux de tout ce qu’il a fait, et qu’il continue de faire, pour la belle région du Beaujolais. Revenir au plaisir simple, sans excès de fard, de parfums exotiques, du vin quoi, du qui fait la fête, pas chichiteux pour un rond, celui qu’on boit avec du saucisson…
Alors, comme vous connaissez mon goût immodéré pour la contradiction alors, ce 20 novembre, après mon labeur épistolaire, je me suis rendu dans le quartier des Grands Magasins, pour goûter le Nouveau de l’Ancien. Rassurez-vous je n’ai pas forcé sur le liquide – je ne suis pas passible d’un carton rouge par les gardiens de ma santé publique – tout bêtement je suis allé à Lafayette Gourmet déguster le Beaujolais Nouveau de Jean-Paul Brun « Terres Dorées » : L’Ancien. L’anecdote que je vais vous conter est authentique et elle rend modeste. Alors que nous goûtions le Nouveau de l’Ancien un monsieur, retraité bien mis, amateur éclairé, accompagné de sa dame, déguste et, à la question de JP Brun « qu’en pensez-vous ? » répond tout de go « je préférais l’ancien… » Nous lui demandons d’expliciter. La réponse est sans ambiguïté : notre homme aimait le goût de banane, de groseille, de cassis… Les goûts et les couleurs ne se discutent pas dit l’adage populaire. Jean-Paul et moi, par acquis de conscience, nous lui indiquons que, l’Ancien, qu’il vient de déguster c’est un certain retour aux origines. Notre homme n’est pas convaincu. Le consommateur est roi alors… En passant, je donne le bonjour à Robert Tinlot qu’il me dit bien connaître. Pour en revenir à L’Ancien, pas celui dont on veut oublier aujourd’hui jusqu’à l’existence, non, celui de Jean-Paul Brun, si vous souhaitez réconcilier vos amis et vos connaissances avec le Beaujolais Nouveau, prescrivez leur une cure du nectar de JP Brun. Il est gaillard son Ancien, pas besoin de lifting, bon pied bon œil, frais comme un gardon, et son nez et son goût de fruit il n’est pas allé les chercher dans une pochette-surprise. Je suis reparti avec la collection complète : le roi du jour le BN (j’adore les clins d’œil : Lu, Brun, BN…) l’Ancien millésime 2007 (dites cuvée des AA par moi, c’est une énigmee de mon cru pour voir si vous êtes attentifs, patience vous aurez la réponse dans une prochaine chronique) et le Côte de Brouilly 2007 Terres Dorées, car je rappelle à tous ceux qui l’auraient oublié le Beaujolais et ses crus on peut en boire tout au long de l’année.