Ils sont venus, ils sont tous là : Cécile, Cédric et Jack, des moins de 30, pour concélébrer avec nous ce que j’ai osé baptiser le jugement de Paris XIVe - car on se refuse rien à Vin&Cie - : warm up, tour de chauffe en gaulois, du Grand Tasting 2008, en souvenir du titre du recueil de petites histoires érotico-coquines de notre ex-voisine pas très souriante du 6ième étage, Bénédicte Martin, cliquez sur ce lien www.amazon.fr/Warm-up-Bénédicte-Martin/dp/2080685252 et vous la découvrirez, non dans la tenue où elle descendait promener son vieux chien, un Labrador, mais telle qu’elle s’est exposée sur les rayons de la FNAC.
Le moment est grand puisque Bettane&Desseauve, en éminents dégustateurs qu’ils sont, humant l’air du temps, s’en sont allés solliciter des bloggeurs amateurs de nectar pour qu’ils dégustassent puis classassent – l’imparfait du subjonctif est pour moi l’équivalent du tango, ça me chavire - par ordre de préférence les 5 bouteilles d’une caisse découverte confiée par leurs soins entre les mains d’un collègue du bel Olivier qui ne fait que la ramener depuis que les banquiers se sont pris pour des croupiers. Vous devez penser que, pour capter dans leurs rets mon « espace de liberté », B&D by Floch http://www.berthomeau.com/article-22808007.html, ont du déployer des trésors de persuasion. Ben non, j’ai dit oui à la première sollicitation car, tout de suite je me suis dit « on va se la jouer Parker, pas Tony les jeunes, le Robert qu’est presqu’un dictionnaire… », les noter sur 100, faire comme des grands se faire un remake du jugement de Paris, XIVème bien sûr. Allez, trêve de plaisanterie mes amis, on s’y colle comme les amateurs de Carquefou en Coupe de France. Croyez-moi nous allons mouiller le maillot.
Bien évidemment pas de cache-sexe sur nos bouteilles, dégustation à visage découvert, nul besoin de jouer à colin-maillard puisque notre groupe de dégustation est, si vous permettez l’expression, « indemne de tout germe », des ignares totaux des notoriétés acquises, des immatures des modes et tendances, mais de réels amateurs et buveurs de vin, ce qui vous en conviendrez est l’essentiel. J’entends déjà certains ricaner « et Berthomeau ce n’est pas un perdreau de l’année… » Exact mes très chers frères, mais en cette circonstance plus muet qu’une carmélite. J’assure le service. Indique les règles de notation. Veille au bon déroulement de la dégustation. Y participe sans ramener ma science qui, comme chacun le sais, en ce domaine tiendrait tout entière sur un timbre-poste à l’effigie de Joseph Capus. Avant de nous jeter à l’eau, un détail d’intendance : notre échantillon se compose de 2 blancs et de 3 rouges, et comme pour les 2 représentantes de l’avenir du vin, l’une ne boit que du blanc et l’autre est plus portée sur le rouge, Cécile et Elisa feront cause commune : Cécile se colle au blanc, Elisa déguste les rouges. En clair, n’y voyez aucun machisme, elles compteront pour un.
Donc nous sommes 4 équivalents-notateurs dotés d’un document expliquant la méthode de notation de Parker et d’une fiche de notation récapitulant les critères et le total des points afférents. La dégustation commencera par les 2 blancs. L’ordre des flacons, tous des 2006, a été déterminé par votre serviteur :
1- Le Saint-Bris « les temps perdus » vieilles vignes Clotilde Davenne http://www.fevb.net/index.php?option=com_content&task=view&id=82&Itemid=28
2- L’Alsace domaine Pfister cuvée 8 www.domaine-pfister.com/
3- Le Chinon Pierre&Bertrand Couly http://jimsloire.blogspot.com/2008/09/pierre-bertrand-couly.html
4- Le Bordeaux supérieur Roc de Jean Lys Terra Burdigala Stéphane Derenoncourt&François Thiépont www.terraburdigala.com /
5- Le Costières de Nîmes Château des Nages vendanges tardives Vignoble Michel Gassier. www.chateaudenages.com
Chaque dégustateur dispose d’un feuillet sur la méthode de notation Parker et le point de vue iconoclaste de Gilles du Pontavice « Pour Robert Parker » et d’une fiche de notation. C’est du sérieux bon enfant. Mes dégustateurs en herbe s’y collent comme des pros. Pas de commentaires, la dégustation est studieuse : des photos en témoignent (voir rubrique PAGES N°30 en haut à droite du Blog) Je ramasse les copies. Les résultats sont intéressants. Le Saint-Bris fait l’unanimité : 82. L’Alsace déçoit : 74. Pour les rouges, le Bordeaux est le seul à récolter des notes homogènes ce qui lui vaut un très beau 88 ; le Chinon et le Costières de Nîmes sont aussi bien notés : 85 tous les deux mais c’est le boostage d’une excellente notation d’1 seul dégustateur (pas le ou la même) enthousiaste (exprimé après les résultats). Les notes sont là et, à la réflexion, établir un classement n'aurait aucun sens, il se tiennent dans un mouchoir de poche et sont d'excellents vins.
Commentaires personnels : Le Roc de Jean Lys vaut les 90 pour ses qualités d’ensemble et ses possibilités d’évolution (Cédric l'a mis en exergue) Le Saint-Bris, qui ouvrait le bal, en a un peu pâti, on peut donc le situer sur une cote de 85. Mes jeunes dégustateurs ont apprécié l’exercice. Les filles ont tenu la route sans problème. L’expérience est positive et riche d’enseignements pour les dégustateurs professionnels. B&D savent y faire. L’année prochaine je leur suggère de pousser le bouchon encore plus loin, en s’y prenant un peu plus tôt - J pour donner aux internautes une place dans leur Grand Tasting.
Nous pouvons donc passer au dîner. Le menu : soupe de potiron, gratin de nouilles à l’émincé de pot au feu, fromages de Marcel Petite AB : un comté 16 mois, de l’emmenthal et tome de montagne, tarte aux pommes maison. Chaque convive dégustant au cours du repas son vin préféré. Les 3 mecs : Cédric, Jack et moi avons terminé les agapes avec un Hennessy N°1 Réserve Jacques Berthomeau (un assemblage de très vieilles Eaux-de-vie). Jack a aussi honoré le Calvados Camut. Cécile et Cédric repartent avec Vodka leur chatte qui était venue respirer le bon air du XIVe et ce qui reste de la bouteille de Saint-Bris. Jack, lui, serre sur son pull rose sa bouteille de Costières de Nîmes adorée. Tous oublient leurs parapluies preuve que notre petite réunion a porté ses fruits.
Je sais que ça agace certains mais, que voulez-vous, il se passe toujours quelque chose sur ce petit espace de liberté. Avec patience et ténacité, en créant des liens, en touchant des publics très divers, en défrichant des sujets de toute nature, sans esprit de chapelle, avec la seule volonté de faire progresser la perception conviviale du vin, en ouvrant ses colonnes à tous ceux qui partagent cette philosophie, en donnant la parole à ceux que l’on entend jamais, Vin&Cie défriche un média d’avenir.