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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 00:00

 

« Le soir, au motel de Wollongong, je me rappelai ma visite précédente au siège de Pernod-Ricard Australie, dans la banlieue de Sidney, et la superbe dégustation qui s’était ensuivie, organisée par un chef vigneron dont je vous recommande la fréquentation : Philip Laffer.

Vertiges de la globalisation, cartes brouillées, repères chamboulés, rassurantes simplifications aujourd‘hui interdites… Le principal exportateur de vins australiens, donc l’un des plus féroces concurrents des viticulteurs français, est une société… française !

Elle exporte plus de 65 millions de litres chaque année, dont 70% vont en Europe. La zone principale de sa production se trouve dans la vallée de Barossa, non loin de Victoria. Ses vins les plus connus s’appellent Jacob’s Creek, du nom de l’endroit où, en 1847, fut plantée la première vigne.

Si la sécheresse et le réchauffement se poursuivent – ce qui est presque certain –, s’ils s’aggravent – ce qui est probable –, la société Pernod-Ricard pourra-t-elle continuer de produire autant ? Ou bien sera-t-elle contrainte de déménager ses vignes vers des terroirs plus frais ? Ne devra-t-elle pas monter en gamme, se concentrer sur les vins les meilleurs, donc les plus chers ? Déjà, la quantité de raisins vendangés baisse (d’au moins 15%). Déjà, beaucoup de viticulteurs abandonnent le cépage pinot noir pour le chardonnay, moins sensible à la chaleur.

Dans la viticulture, comme dans tous les autres secteurs de l’agriculture, la rareté et, par suite, la cherté de l’eau vont entraîner des réorientations parfois dramatiques.

Le Groupe de Cairns a été créé en août 1986 à l’initiative de l’Australie. Il rassemble dix-neuf pays exportateurs de produits agricoles (Australie, Canada, Afrique du Sud, Brésil, Argentine, Malaisie, Nouvelle-Zélande…) et, dans les négociations commerciales internationales, lutte contre les entraves à la concurrence inventées par les Etats-Unis et l’Union Européenne pour défendre leurs propres agricultures (barrières douanières, normes sanitaires, subventions diverses …). Dans ce groupe, l’Australie, de par sa puissance, jouait un rôle majeur. Ce rôle décline au fur et à mesure que, faute d’eau, sa production baisse. Dans dix ans, dans vingt-ans, quel sera le poids des exportations australiennes sur les marchés agricoles mondiaux ? »

 

Extrait de « L’avenir de l’eau » Petit précis de mondialisation II d'Erik Orsenna chez Fayard

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