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11 avril 2006 2 11 /04 /avril /2006 10:30

Comme d'hab certains m'habillent pour l'hiver - normal me direz-vous celui-ci joue les prolongations - mon nouveau pardessus est du genre cossu puisque je suis le hérault des multinationales du vin et spiritueux en pronant l'émergence de marques fortes tirées par des " locomotives " ce qui comme tout le monde le sait va laminer notre viticulture artisanale qui est, comme chacun sait aussi, le meilleur garant de la qualité, de l'authenticité, de la tradition. Fermez le ban, bloc contre bloc, chacun entend ou lit ce qu'il veut entendre ou lire, c'est plus confortable. Rassurez-vous je n'ai pas vocation à jouer les St Sébastien criblé de flèches.

On m'a déjà fait souvent le coup. Pour illustrer je vais vous conter, dans le cadre de la narration de ma petite vie professionnelle, un bel épisode de " il faut toujours avoir chez soi un bouc émissaire ". En plus, cet épisode est raccord avec mon retour aux manettes rue de Varenne (cf chronique le Caillou) où, entre autres dossiers chauds, je détenais celui de la représentativité syndicale en agriculture. En quelques mots, depuis la naissance de la FNSEA, au lendemain de la Libération, sur les restes de la Corporation paysanne de Vichy, au nom de l'unité du monde paysan, le gouvernement n'avait qu'un seul interlocuteur la FNSEA flanqué de sa branche jeune le CNJA. Sur le flanc gauche pendant longtemps le Modef, peu représentatif nationalement, jouait les utilités. Et puis, 1981 aidant, la Confédération Paysanne voyait le jour. Elle exigeait plus qu'un strapontin.

En 1988, je vous passe les détails, il fallait trancher entre les ultras des 2 camps : les touches pas à l'unité paysanne sinon je barre les routes et les puisqu'on est de gauche et que vous êtes de gauche imposez nous partout. Avec l'accord tacite du Ministre je choisis de passer par la voie du droit et de soumettre notre démarche à l'avis de l'Assemblée Générale du Conseil d'Etat. La représentativité syndicale dans la loi française est fondée sur des critères qui s'appliquent aux organisations de salariés. Pour l'agriculture : rien ! Alors nous avons proposé de constater la représentativité sur la base des résultats aux élections aux Chambres d'Agriculture.

Une belle fin de journée je suis donc allé défendre le texte devant l'AG du CE présidé par Marceau Long, la fine fleur du droit public français, tous les présidents de Chambre, un débat de haut niveau de plus de 2 heures où j'ai ferraillé avec pugnacité. Résultat : approbation du CE et publication du décret n°90-187 du 28 février 1990. Je l'ai baptisé le "décret félon " car dans les deux camps j'étais le traître, celui par qui la solution était arrivée.

Qui maintenant remet en cause ce texte ? Pas grand monde, ce qui prouve qu' entre les du passé faisons table rase et les poseurs de problèmes pour qu'ils restent en plan, même si la marge est étroite il y a une place pour faire bouger les lignes. Alors peu m'importe qu'on me pare d'un pardessus en cachemire, je ne retourne jamais ma veste surtout du bon côté, j'assume sans complexe mes contradictions et je ne demande jamais qu'on me dise merci mais ceux qui me cherchent me trouvent toujours pour discuter...

 

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commentaires

J
cher jacques,<br /> tu es un peu gonflé de dire que la FNSEA  s'est batie sur les restes  de la corporation paysanne de vichy<br /> je crois me souvenir que c'est la JOC qui a donné l'élan au lendemain de la libération et parmis eux  des résistants sauf naïveté de ma part<br /> les catholiques vendéens  auraient donc été vichistes  ( félicien Pateau ??)
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J
Oui Jacques Félicien Pateau ton voisin de St Mathurin était syndic de la corporation de Vichy, la JAC ce sont les années 60 Debatisse, Lambert qui donneront au Jeunes Agriculteurs leur autonomie et avec le nouveau pouvoir gaulliste vireront la vieile garde vychiste de la FNSEA... Les catholiques vendéens étaient pétainistes en majorité comme leur clergé et leur évêque.
T
Cher Monsieur Berthomeau,<br /> Je me suis inscrit récemment à votre blog parce vos positions me semblent les seules viables pour la viticulture française. <br /> Depuis près de 7 ans je vends du vin de toutes origines aux Bahamas à une clientèle dont l'immense majorité se moque éperdument des appellations et autres complications de tout poil. Mes clients veulent des produits qui correspondent à leur goût avec un bon rapport qualité/prix. La seule chose que la plupart retiennent est le nom sous lequel un produit est vendu.<br /> Vu de l'extérieur les débats autour des appellations et de leurs règles semble complètement à côté de la plaque. Quelques exportateurs français sont connus mais le vin français que je vends le plus serait interdit à la vente en France à cause d'une règlementation surranée qui permet encore de faire du gros rouge dont personne ne veut mais qui interdit l'adaptation au marché.<br /> Les gens de chez Kodak ont aussi failli disparaître parce qu'ils refusaient de voir que le numérique arrivait et ils ont finalement bougé après avoir vu les 3/4 de leur chiffre disparaître. Il semble que la viticulture française soit partie dans la même direction.
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