10 avril 2006
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L'affiche est placardée sur un mur de pierres grisâtres, c'est un Manifeste :
" SI CES VIGNERONS VONT SOUVENT A L'ENCONTRE DES REGLEMENTATIONS ET DIVERS DECRETS, ILS LE FONT AVEC POUR TOUTE ARME LA QUALITE ET LA DIVERSITE DE LEURS VINS SIMPLEMENT PARCE QU'ILS ESTIMENT QU'A UN INSTANT DONNE, TERROIRS,CLIMAT,CEPAGES, TOUT EST REUNI POUR VINIFIER UN VIN GENIAL; LA PRATIQUE DE LEUR VIGNOBLE AU QUOTIDIEN REMPLACANT AISEMENT A LEURS YEUX LES TROPS LONGUES DISCUSSIONS BUREAUCRATIQUES D'UNE ADMINISTRATION QU'ILS ESTIMENT PEU EVOLUTIVE "
A la différence des affiches de 68 ou de leurs héritières, baveuses et tirées sur du mauvais papier, celle-ci est nickel-chrome. J'ai respecté la graphie. Beau travail de humeurs de tendance : les réprouvés, les bannis et les maudits ça attire le chaland en manque d'émotions. Du bon marketing libertaire soft concocté par les cavistes des " Repaires de Bacchus ". Après l'émission de dimanche matin sur France Inter " les crus sont-ils cuits ?" du magazine Interception il est clair que cette approche plaît à un certain public. Pour m'a part, n'ayant aucun goût pour l'uniformisation, j'ai beaucoup de respect pour ceux qui se battent pour donner des espaces de liberté à nos vins quels qu'ils soient. Ce qui me pose question c'est la glorification de la pure démarche individuelle, le déni du vivre ensemble et en définitive l'auto-proclamation qu'on est à soi seul le monde. La bureaucratie a bon dos, par sa lourdeur et son aveuglement elle justifie le chacun pour soi. Depuis l'origine j'ai soutenu la démarche de "Vignerons dans nos appellations " car elle s'inscrivait dans une volonté collective et ouverte aux autres. J'ouvre le débat chers lecteurs.
Pour revenir un instant sur les représentants des révoltés des AOC mis en vitrine par " Le Repaire de Bacchus " du 1er arrondissement j'en ai choisi 2 pour illustrer l'ambiguité de mettre tout le monde dans le même panier :
L'INSOUCIANT du domaine Sarda-Mallet à 17 euros est un grenache pur et ne peut donc revendiquer l'AOC Côtes du Roussillon. C'est un choix et son prix montre à l'évidence, vu le prix moyen de cette appellation plutôt abonnée au hard-discount, qu'il ne souffre en rien de ce choix. Pour moi ce vin est l'exemple type du besoin d'en finir avec nos batailles juridiques de chapelles. Ici la garantie pour le consommateur est le domaine : SARDA-MALLET en l'occurence est une marque.
L'autre vin aurait du être un CHINON mais il a subi les foudres de l'agrément pour atypicité, donc c'est un vin de table à 21,50 euros la bouteille. Avec lui nous nous situons au coeur du problème et je crois qu'il faut s'y arrêter pour que la collectivité vigneronne accepte tout simplement l'exception qui comme chacun sait confirme la règle. Voilà un beau chantier pour la technostructure de l'INAO, une belle remise en question, un retour à ses origines, un aggiornamento qui ne saurait être que bénéfique à l'image des vins car l'ennui naquit de l'uniformité.
Published by JACQUES BERTHOMEAU
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