Mon premier est Versatile : qui change facilement d’opinion ;
Mon second est un Haut-parleur : appareil destiné à transformer en ondes sonores les courants électriques détectés et amplifiés par le récepteur ;
Mon troisième déjeune et dîne beaucoup en ville ;
Mon quatrième fait beaucoup de ménages : faire des travaux sans intérêt professionnel pour améliorer ses revenus ;
Mon tout est un chroniqueur économique « célèbre »
Chaque matin mon radio-réveil, branché sur France Inter, déverse informations et chroniques et pendant des années j’ai du subir cet ânonneur de vérités premières puisées à l’aune de la vulgate des admirateurs de l’école de Chicago. Comme tout bon disciple, en dépit de ses difficultés à bien digérer les leçons des maîtres, notre homme adoptait un ton péremptoire teinté d’une ironie qui se voulait supérieure, déversait à grosses louchées sa bouillie fadasse et obséquieuse. Bref, je me suis toujours dit qu’on aurait pu substituer une machine intelligente à cette « fausse gloire » si plastique, forme postmoderne de la pâte à modeler de notre enfance. Mais qu’est-ce donc qu’une machine intelligente ? Comme toujours tous les chercheurs de ce domaine ne s'accordent pas sur ce que l'on entend par cela. Sans entrer dans le détail on peut envisager essentiellement deux types de réponses :
1- une machine sera considérée comme intelligente si elle reproduit le comportement d'un être humain dans un domaine spécifique ou non ;
2- une machine sera considérée comme intelligente si elle modélise le fonctionnement d'un être humain.
Tout est dit avec cette opposition. Le comportement, en traduction de terme anglais behaviour, c’est l’ensemble des réactions objectivement observables d’un être humain, comme par exemple le comportement social ou sexuel. Le fonctionnement lui traduit la manière d’agir d’un être humain selon une causalité consciente ou inconsciente
« Dans le premier cas, on essaiera avant tout d'obtenir un programme efficace. Peu importe alors que la machine fasse des calculs inaccessibles à l'homme, comme explorer quelques centaines de millions (ou milliards) de positions à la seconde. «
« Dans le second, on essaiera d'abord de comprendre comment l'homme joue aux échecs. Pour cela, on interviewera des maîtres, on essaiera de dégager les règles plus ou moins consciemment suivies par les joueurs : tenter d'occuper le centre, de dominer une couleur de cases, etc. Le programme réalisé validera (ou non) les hypothèses qui auront été faites. » François Denis.
Où veux-je en venir avec mes considérations biscornues de ce matin ? Tout bêtement, si je puis m’exprimer ainsi, c’est que quelques soient les efforts des scientifiques pour créer une machine intelligente, ils ne pourront jamais cerner la part de bêtise naturelle d’un être humain ou d’un groupe d’êtres humains.
Dans les éléments constitutifs de la crise financière actuelle, l’effet camelot, bonimenteur de foire a joué à plein. Comme l’écrit fort justement Jean Clavel, l’alchimiste transmute un élément vil en un élément noble : le plomb en or. En effet, l’appât du gain rapide, facile, est aussi vieux que le monde. Comme le nôtre est sophistiqué, dématérialisé, les génies de la finance raffinent, recommandent des produits qui transmutent le nombre des zéros, se goinfrent eux-mêmes, propulsent leurs dirigeants dans le monde merveilleux des stocks options, attirent tous les gogos de le terre, grands et petits. Pour le bon peuple, qui lui n’est pas à ce niveau de jeu, faute de moyens pour y jouer, on fait donner les ambianceurs – ceux qui dans les émissions de télé déclenchent les applaudissements et les rires – les haut-parleurs des médias qui du matin au soir chantent les mérites d’une économie qui se régule toute seule car elle est confiée à la main sûre et invisible des « marchés ». Tout le monde, ou presque, gobe les couplets et les refrains. Sauf que, les goinfres d’en haut, emportés par leur élan se sont mis à se shooter avec leurs produits « pourris ». Aucune machine intelligente n’en serait arrivée à ce stade d’autodestruction.
Pour autant, dans la maison d’en face, ceux qui ont toujours bourré le mou des masses populaires sur le thème : donnez-nous le pouvoir nous le rendrons quand le monde parfait que nous sommes en train de mettre en place sera consolidé, me gonflent tout autant. La part de bêtise naturelle des chantres de la révolution prolétarienne revisitée par « gueule d’ange » le médiatique Olivier enfant naturel du vieux Léon et des sectaires de la LCR, est proportionnelle à leur goût immodéré pour les délices de la bureaucratie. Je n’ai aucune envie de confier le gouvernement de la cité ni à la main invisible des marchés, ni à la main de fer des apparatchiks anticapitalistes. Quand j’entends Gordon Brown appeler de ses vœux un nouveau Bretton-Woods, je vois se profiler deux grandes ombres : John Maynard Keynes et Pierre Mendès France qui y représentait la France. Bien sûr leurs propos seraient moins alléchants, moins bandants, que ceux de nous aimons entendre. Nul appel à la facilité mais le recours à notre intelligence, à la meilleure part de nous-mêmes, celle qui privilégie l’intérêt général, le sage gouvernement de la cité. Mais je ne suis qu’un ringard qui a toujours perdu au vaste jeu de la politique pour avoir suivi ceux qui s’essayaient à « parler vrai ».
Allez, chers lecteurs, au point où nous en sommes, quand le vin est tiré il faut le boire.