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7 avril 2006 5 07 /04 /avril /2006 09:58
2ième épisode : un fils de marchand de vin qui ne se prend pas pour de la petite bière

De nos jours, notre fils de marchand de vin, avec son cursus minable, une licence ès sciences obtenue en 1895 avec la mention passable, on l'eut expédié vite fait dans une ZEP crémios du neuf cube - 9-3 si vous préférez - pour se faire traiter de relou par des sauvageons. Mais l'homme avait du caractère,  pas un facile le Louis, convaincu d'être un incompris il chalute dans l'immodestie grave comme diraient nos jeûnes. Dans un CV, alors qu'il n'était plus un tout jeune homme, il avait 51 ans, Bachelier présentait ses travaux, forts volumineux d'ailleurs, deux livres et plusieurs articles, comme n'étant rien moins que "le renouveau d'une science qui, née en France, était devenue la propriété exclusive des allemands et des anglais..." Pour faire bon poids, il en rajoutait une louche sur son livre de 526 pages sur les probabilités qui, selon ses dires, "surpassait le grand traité de Laplace" après tout on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même.

Mythomane ou véritable victime de l'establishment universitaire parisien ? Tout s'était joué pour lui en mars 1900 lorsqu'il soutint sa thèse face à un jury prestigieux, Henri Poincaré, l'un des plus illustres mathématiciens de tous les temps en faisait parti. Le cousin de Raymond, s'il 'était pas mort prématurément à la cinquantaine, se serait sans doute vu  décerner le prix Nobel de physique. Pour les mathématiques le Nobel n'existe pas mais, depuis 1936, tous les quatre ans est décernée la médaille Fields ( nom d'un mathématicien américain) ; bon nombre de nos compatriotes l'ont obtenue. Notre tête de lard de Bachelier a donc affaire à forte partie.

Comme chacun sait ou fait semblant de ne pas savoir, en France, nous raffolons des concours, nous aimons écrèmer, classer, révérer l'excellence même si par la suite nous râlons contre l'omnipotence des têtes d'oeufs. Elitisme et poujadisme sont deux traits marquants de notre génie national mais revenons au sérieux qui sied à l'obtention d'un titre de docteur, surtout en ce début du XXième siècle où les postes étaient rares. Bachelier, bardé de sa scolarité médiocre et de son petit diplome, représentait l'outsider type, la grosse cote, celui sur lequel nul ne se serait risqué à miser un kopeck, sauf à vouloir espérer rafler la banque. Lui croît à la force de ses idées...

à suivre vendredi prochain chers lecteurs. Bonwik...

Si vous avez du temps à distraire sur votre temps de WE écoutez dimanche matin le magazine de France Inter "Interceptions" après le journal de 9 heures son thème " Nos crus sont-ils cuits " On m'a interviewé j'espère n'avoir pas dit trop de bêtises comme à l'accoutumée...

 

 

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commentaires

R
Non Mr Berthomeau, le bon vin, c'est à dire produit dans le respect de la terre et d'une certaine tradition n'est pas toujours une question de prix. Ce que vous dites sur le fait que nous devons nous positionner par rapport à un marché est exact, et je partage votre opinion quant à l'existence d'une place pour les vins de cépage et de marque pour concurrencer les vins du nouveau monde. L'appellation AOC devra dans doute se réadapter. Mais réadaptation ne veut pas dire normalisation. Hors, il y à danger de voir disparaître non pas l'AOC mais la qualité, le goût de ces vins que le monde entier nous enviait. Entendez ce que dit Yves Delol quand une bande de dégustateurs lui refuse l'appellation grand cru sous prétexte qu'il manque 30% de bois neuf à son St Emilion: IL NE FAUDRAIT PAS QUE NOS COMITES DE DEGUSTATION PRENNENT LE PARTI D'UN GOUT MONDIALISTE QUI SONNERAIT LE GLAS DE NOTRE SAVOIR FAIRE!<br /> De plus en plus, nous sommes, nous vignerons, les ottages de ces comités au goût flambant neuf qui ne sont plus capables d'apprécier correctement les vins expression de notre terroir, parce qu'ils manquent tout simplement d'expérience en la matière!  Que direz-vous quand ces apprentis dégustateurs classeront en grand cru un jus de bois parfumé à la vanille? <br /> Lorsque nous en serons à produire des vins style nouveau monde, ce nouveau monde aura progressé et en sera peut-être à faire ce que nous faisons aujourd'hui. Nous aurons encore un train de retard! Alors oui à une adaptation, non à l'uniformisation.<br /> Autre problème:au lieu de considérer les vignerons comme des dealers de drogue, l'état ferait bien de prendre exemple sur l'Espagne, qui a classé le vin dans la catégorie des aliments bons pour la santé! Comment imaginer conquérir des marchés quand notre propre pays donne de nous l'image d' empoisonneurs publics?<br /> Je crains que le positionnement des mammouths de l'agroalimentaire voient l'écrasement des petits propriétaires au profit d'un monopole sans partage sur le marché du vin. On a vu la même chose avec justement les produits alimentaires: 5 à 6 centrales d'achat font la pluie et le beau temps dans notre pays sur ce secteur.<br /> Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur le sujet. J'ajoute que je ne fais pas partie d'une dynastie vigneronne et que je suis venue à ce métier assez tard. Je n'ai donc pas d'a priori de type hyper- tradition. Au contraire. Je me suis orienté vers une culture respectueuse du terroir et de l'environnement. Ce qui n'était pas le souci des générations languedociennes du début 20ème siècle, .<br /> Cordialement<br /> R.A.<br />  <br />  
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J
Vous n'avez pas lu ce que j'ai écrit en 2001 dans mon rapport "Comment mieux positionner les vins français à l'exportation? " ni le document "Cap 2010 le défi des vins français " que j'ai co-signé avec 6 autres personnes.Je ne suis pas partisan de la normalisation tout au contraire, je suis pour la diversité, que chacun dans sa catégorie, avec ses règles, puisse s'exprimer. L'opposition très française, les gros et les petits n'a aucun sens, il y a avec le développement de la consommation du vin dans le monde une place pour les vignerons tels que vous les décrivez. Quant à l'histoire dont vos consommateurs se fichent : les attaques contre le vin, c'est une manière très adroite qu'ont les responsables politiques et professionnels de faire croire aux vignerons qu'ils les défendent. Réduire ma démarche à un combat pour les marques n'a rien à voir avec mon passé ni ce que je défends sur ce blog. Quand est-ce que dans ce pays on arrêtera de cataloguer, de classer les gens dans des petites boîtes, de ne pas écouter, entendre, se comprendre. Moi je suis un ami du vin, des vignerons, de tous ceux qui font et vivent du vin, et je n'ai pas peur des mots encore faudrait-il me lire sans à priori, ni oeuillères. Merci de faire cet effort et de continuer le dialogue sur ce blog. Merci à vous.<br />  

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