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3 avril 2006 1 03 /04 /avril /2006 10:06

La scène se passe au lendemain de la réunion chez le Ministre des représentants des bassins viticoles, une journaliste de France 2 m'appelle pour que j'aille au journal de la mi-journée répondre à des questions " sur l'autorisation qui vient d'être donnée d'utiliser les copeaux de bois pour permettre d'aromatiser le vin (sic) " Ma réponse est simple : c'est non, la question induit la réponse souhaitée : être pour ou contre.

Le soir, le reportage sur le sujet est reprogrammé. Les images sont édifiantes. Première séquence : dans une cave du Gard on voit un charmant monsieur plonger un sac, genre sac poubelle, empli de copeaux dans une cuve de rouge. C'est beau comme une infusion du soir. Formidable ! Pour le téléspectateur de la France profonde un cri d'horreur : touche pas à mon vin ! Deuxième séquence, sur fond de vigne à la ramasse, un membre du collectif des viticulteurs de Bordeaux proclame qu'avec les copeaux on va sans doute aider au sauvetage des ventes. Monsieur tout le monde est abattu, lessivé : et en plus ils vont en mettre dans le Bordeaux. Vive la com ! Où est l'information dans tout cela ?

Première remarque : dans les rédactions a-t-on étudié le dossier ? La réponse est non. Trop difficile coco, on n'a pas que cela à fiche ! Ce qui compte c'est que le sujet fâche, que les experts auto-proclamés que sont les gourous du vin tonnent, vitupèrent, fassent don de leur éminente personne pour faire barrage à la barbarie des marchands. A la tête de cette Légion le centurion Perrico, toute suffisance dehors, claquera le bec à tout individu osant poser le problème sans passion. Encore faut-il avoir accès aux médias et si on y a accès pouvoir se faire entendre. Entre copains on se fait la courte-échelle, et puis c'est plus confortable de se laisser porter par le discours dominant.

La deuxième remarque s'adresse aux professionnels du vin : quand émettront-ils des messages compréhensibles en direction de leurs consommateurs? De dire que la question du vin dans le bois ou du bois dans le vin ne se pose pas pour tous les vins mais pour certains et que c'est pour eux une question de compétitivité internationale. Ce n'est pas un problème de santé publique mais une question de survie pour une part important de notre vignoble. Il ne s'agit pas d'être pour ou contre mais de dire ce que l'on fait et de faire ce que l'on dit. Nos belles AOC ne sont pas menacées par les copeaux mais par la banalité ou la médiocrité. Chacun doit boxer dans sa catégorie avec les règles de sa catégorie et c'est le consommateur qui tranche. Cessons d'en appeler à des remèdes miracles : aucune potion magique ne nous aidera à passer le cap difficile que vit notre secteur depuis quelques années.

A " Sans Interdit " nous allons mettre sur la table ce dossier, l'expliquer, tenter de sortir de l'ambiguité qui va si bien aux tenants des effets de manche comme aux partisans du vivons heureux vivons cachés. Serons-nous entendus ? Au moins nous aurons mis sur la table autrechose que des paroles qui volent et s'envolent... 

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commentaires

G
Ca n'a pas manqué : le centurion Perico est entré en croisade dans Marianne du 8 avril ! Vous êtes devin ? Même pas, c'était telleent prévisible que vous n'avez aucun mérite !J'ai fait hier une belle dégustation de merlots et sémillons "copoïsés". C'est très intéressant de voir à quel point cette technique, déclinée avec différents copeaux et différents temps et modalités d'application, permet d'obtenir une large palette de résultats. On a fait a peu près ce qu'on veut et notamment, ce que personne ne dit, on peut faire avec des copeaux des vins qui ne sont pas "boisés" !Si une loi autorise les copeaux, il faudra que le décret d'application précise expressement que ceux qui n'ont pas gouté n'ont pas le droit d'en parler !!!
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B
Je ne suis pas d'accord avec Tchoo !!! les copeaux ne sont pas un joujou dans la panoplie des docteurs folamour de l'oenologie... En tant qu'utilisateur "expérimental" je sais que cette pratique oenologique sophistiquée ne consiste pas à aromatiser un vin comme un vulgaire gateau mais à véritablement élever et révéler le potentiel formidable des raisins français. Je sais aussi que celà me permet d'adapter l'offre française aux marchés et aux gouts de tous . Tout comme le font les grandes maisons de couture la maitrise de la haute couture permet de réaliser un prét à porter de qualité...pour le vin c'est itou... En adaptant l'offre on vend plus... car je le dit encore une fois cessons de penser que la réglementation ou la communication sont les seules armes offensives pour la reconquéte des marchés. Soyons pro dans notre offre et respectons nos chers clients qui nous aiment et qui aiment la France. Ils ne comprennent pas pourquoi nous ne voulons pas nous donner les moyens de faire meilleur... Régalons nos consommateurs qui sont trés ouverts à tout du moment qu'ils trouvent l'assurance d'une qualité et la régularité au juste prix. Vinifions des vins festifs pour tous. Les usages loyaux ? oui. constants ? dans l'assurance qualité oui mille fois; mais pas constant dans l'immobilisme. Les grands vins du Monde sont à la pointe des progrés technologiques ce sont les autres vins qui doivent se remettre en question!!!! Les copeaux de barrique sont les aiguilles des couturiers !!!!
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T
Autant ne pas pouvoir utiliser les copeaux au nom des usages loyaux et constant (le "ministre de l'agriculture" de Louis XIV le recommandais déjà) pouvait paraitre aberrant, autant cette ouverture ne résoudra en rien notre crise viticole. Si on veut se battre sur le m^me créneau que nos concurents, il va falloir employer de grands moyens à la com et à la commercialisation.Alors les copeaux, feront le régal des techniciens de cave, mais ne feront pas vendre une goutte supplémentaire du précieux liquide...
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V
Au nom de la pureté du Bordeaux et pour la défense de l'emploi dans le secteur des barriques, je suis contre les CDB (copeaux de bois) et je demande la démission immédiate du Gouvernement.<br /> ps: au fait Jacques, j'ai qq soucis de contaminations dans mes barriques, peux-tu m'envoyer une note discrète sur les copeaux ?<br />  
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S
Enfin un peu de déreglementation .... Qu'on soulève cette chappe de plomb qui a fossiisée les vins de France !<br /> Ce n'est ni la médiocrité ni la banalité qui tue les AOC c'est la bureaucratie tatillone, érigée pour notre plus grand malheur à tous en gardien du temple.
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J
La fossilisation est dans les têtes. Oxygénez, oxygénez... ouvrez les fenêtres ! sortez de Bordeaux ! ne réécrivez pas l'histoire prenez votre part de responsabilité, sortez de votre prêt à penser, " sortez les sortants " comme disait le papetier de Saint Céré et après... Trop facile mon cher Watson. Le cambouis de la réforme je connais c'est moins glorieux, plus difficile que de d'aller en répétant que yaka tout jeter aux orties et que tout ira mieux dans le meilleur des mondes. Lire mon papier du jour...

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