Dans le groupe de pilotage de la réflexion stratégique qui a débouché sur le document Cap 2010, les 2 Jean-Louis, le libéral et le socialo, furent les grands défenseurs des bassins de production qui, selon eux, devaient être les lieux privilégiés de la gestion de la production par les producteurs et les opérateurs. L'un installé à Bordeaux, l'autre dans le très chic Luberon, s'accordaient sur la nécessité de bâtir sur du solide si l'on souhaitait, comme le groupe l'a écrit, créer un réel Espace de Liberté. Bref, je ne ferai aucun commentaire sur le devenir de ce bel outil économique mais je vous propose de faire des Travaux Pratiques avec Laurent de Bosredon, président du Conseil Régional des Vins d'Aquitaine, dont j'ai apprécié, lors des travaux préparatoires de Cap 2010, la pertinence et le réalisme de ses analyses. Le voilà confronté au caractère "sûr et dominateur" de ceux qui, voilà peu de temps criaient misère, et qui oublieux des origines de la crise, enfourchent les mêmes montures. Ainsi va la vie, après la publication de mon rapport de 2001, le président du dit zinzin, sur l'antenne de RTL, me tançait vivement en déclarant que dans sa belle région tous les clignotants étaient au vert. La suite lui a, bien sûr, donné raison. Les paroles volent, les écrits restent, comme les directeurs d'ailleurs. Je remercie donc Laurent de Bosredon d'avoir bien voulu répondre à mes 3 Questions.
1ière Question :
Bonjour Laurent de Bosredon, votre grand voisin le CIVB « sûr de lui et dominateur » comme aurait pu le dire le Général, après vous avoir toléré, vient de claquer la porte du Conseil Régional des Vins d’Aquitaine l’obligeant à mettre son activité en sommeil à la fin de cette année. Pourquoi ? Et comment cela s’est-il passé ? l
Réponse de L de Bosredon :
Il faut en effet se rappeler que c’est le CIVB qui avait souhaité la mise en place, dès 1993, d’une structure professionnelle de dimension régionale servant d’interface avec la Région Aquitaine. Cette volonté s’est à nouveau exprimée lorsque le CRVA a été restructuré fin 2000 à l’instigation du Président du Conseil Régional d’Aquitaine autour du projet fédérateur de l’I.S.V.V. (Institut des Sciences de la Vigne et du Vin)
C’est par un courrier du début du mois de décembre 2007 que le Président du CIVB m’a informé de sa démission des instances du CRVA, démission qui prenait effet immédiatement et qui n’a pas suffisamment donné lieu à une concertation préalable.
Face à cet état de fait, j’ai été amené à réunir le Bureau du CRVA en février 2008, qui a statué sur sa mise en sommeil à la fin de cette année.
Parmi les raisons invoquées, figurait notamment le fait que la mise en place des conseils de bassin ne justifiait plus la pérennité d’une telle structure.
2ième Question :
Toujours dans le même registre La dimension du bassin de production est un réel sujet de divergence, Bordeaux ne se cache pas de vouloir un bassin limité à la seule Gironde qui, comme chacun sait est la France du vin à soi seule. Vous défendez une dimension plus large, tel qu'il existe actuellement à travers le bassin Bordeaux/Aquitaine (Dordogne, Gironde, Lot et Garonne) pour quelles raisons ?
Réponse de L de Bosredon :
Ce qui peut paraître paradoxal dans cette prise de position, c’est que le CIVB avait déjà accepté son intégration dans un ensemble regroupant la Dordogne, la Gironde et le Lot et Garonne, qu’il s’agisse de la mise en place des premiers comités de bassin lors du premier semestre 2006 ou celle des actuels conseils de bassin suite à l’arrêté du 15 juin 2006. Les raisons pour lesquelles l’actuel bassin de production se justifie sont nombreuses. Le simple examen d’une carte des vignobles en Aquitaine montre à l’évidence une zone de cohérence et de continuité viticole sur les trois départements. De nombreux autres facteurs, de nature géographique, géologique, climatique, hydrologique, agronomique, qu’il serait trop long de développer en détail, concourent à la réalité de cet ensemble. J’y ajouterais des traditions et une histoire communes qui ont façonné depuis des siècles les hommes et les femmes de ces terroirs autour de la vigne et du vin.
Il convient de rappeler que les vignobles de Bordeaux représentent plus de 85 % de cet ensemble, ce qui signifie à l’évidence que le département de la Gironde y assurera, une fonction de leadership que personne ne conteste.
3ième Question :
Délaissons maintenant les grandes manœuvres girondines et régionales pour que vous nous parliez des appellations de Bergerac Laurent de Bosredon : comment vont-t-elles ? Se sont-elles adaptées à la nouvelle donne du marché mondial ? Perspectives face à un environnement national et international assez inquiétants ?
Réponse de L de Bosredon :
Le vignoble de Bergerac dispose de nombreux atouts, une gamme de 13 appellations couvrant toutes les couleurs et avec une réelle segmentation des vins produits. Il représente une production globale entre 500 000 et 600 000 hectolitres, pouvant servir de base à des actions de promotion et de communication spécifiques.
Les résultats sur le plan quantitatif des vins de Bergerac ne doivent pas éluder une insuffisante valorisation en termes de prix et une part qui reste encore insuffisante des chiffres à l’exportation.
La mutualisation au niveau du bassin d’un certain nombre de moyens (observatoire économique, connaissance des terroirs, recherche et expérimentation, tourisme vitivinicole,…. ), dans le respect de l’identité de chacune de ses composantes, peut constituer un réel facteur de développement pour les vins de Bergerac
Sous la rubrique PAGES en haut à droite vous pouvez lire la chronique de Catherine Bernard la vigneronne : "Bouquet* et les vigneronnes :la femme est l'avenir du vin"
* Carole bien sûr
Attention chers lecteurs, demain évènement exceptionnel à ne pas manquer sur Vin&Cie : la Foire aux vins de Berthomeau. Des collaborateurs de grande classe, des vins de blogosphère. Ameuter vos amis, vos relations, vos beaux-parents, votre patron, votre député et qui vous voudrez, même Chabalier, pour feuilleter ce choix unique... Suspens... suspens... Vous salivez déjà...